dimanche 5 mai 2013

Les outils et le balai



J'étais cet après-midi à Paris, par hasard de passage du côté de la Bastille, où j'ai croisé pas mal de manifestants Front de gauche avec leur balai : non, franchement, chez moi ça ne passe pas. L'objectif de leur rassemblement, c'était de dénoncer "l'austérité". Quelle austérité ? La politique de la France n'a strictement rien à voir avec ce qui se passe en Espagne, en Grèce ou ailleurs. L'austérité, c'est quoi ? Baisser les salaires, supprimer des emplois publics, diminuer les retraites. Que fait le gouvernement Hollande-Ayrault ? Il ne touche pas aux salaires, il crée de l'emploi public quand il le faut (60 000 postes dans l'Education nationale), il consolide le système des retraites (maintien du départ légal à 60 ans). Où est "l'austérité" là-dedans ? Uniquement dans les fantasmes de Jean-Luc Mélenchon ...

Que propose le Front de gauche ? "La VIe République" (c'était le mot d'ordre du défilé). Tu parles d'un objectif ! Je ne crois vraiment pas que les Français attendent de la gauche un débat institutionnel sur un changement de régime ! Ce qui les préoccupe, c'est l'emploi, le pouvoir d'achat, le logement, la santé, l'éducation de leurs enfants, pas de savoir s'il faut adopter une nouvelle Constitution. La VIe République, c'est la proposition bateau de ceux qui rament à trouver une issue politique à leur vain combat. Le plus rigolo, c'est que Mélenchon aspire à devenir Premier ministre de Hollande ! Alors ça, ce n'est plus la VIe mais carrément la IVe République, qui se prêtait parfois à ce genre de combinaison : un "révolutionnaire" qui cohabite tranquillement avec un social-démocrate qui aurait fait appel à lui ! C'est n'importe quoi ...

Mélenchon n'est d'ailleurs pas le seul à dérailler au Front de gauche. De retour de Paris, j'ai lu, dans le Courrier picard d'aujourd'hui, les propos qu'a tenus Clémentine Autain de passage à Amiens. Ecoutez, c'est renversant : "L'alternance de François Hollande est sans doute l'alternance de trop". Oui, vous avez bien lu (et elle se prétend de gauche !). Mais il y a pire, ceci : "Comme je ne vois pas de différence entre la politique de Sarkozy et celle de Hollande, après tout, pourquoi l'UMP et le PS ne gouverneraient-ils pas ensemble ?" Stupéfiant, non ? Je vais vous dire : Mélenchon et Autain insultent le PS et se moquent du monde, tout simplement. Et je m'en désole. Je ne demande à personne d'adhérer béatement à ce que fait le gouvernement. Mais là, les critiques, stupides, insensées, gratuites, dépassent les bornes.

Une mauvaise journée ? Pas du tout, puisque j'ai terminé devant ma télé, ce soir, en regardant Jean-Marc Ayrault. Solide, sérieux, constant et cohérent, oui, c'est vraiment le chef de gouvernement dont nous avons besoin. Bon, quand on n'est pas social-démocrate, je comprends qu'il ne plaise pas. Mais moi, ça me convient tout à fait. Et puis, la solidarité est totale entre le président de la République et son Premier ministre, et ça, c'est essentiel dans cette Ve République que Mélenchon veut abroger pour la remplacer par on ne sait quoi (les institutions du Venezuela, peut-être, puisqu'il en est grand admirateur ?).

Le choix est simple : soit les adeptes de la "boîte à outils", qui sont en train de donner à la France les moyens de la croissance et de l'emploi dans la justice sociale ; soit les partisans du "balai" qu'on brandit et qu'on agite en déplaçant beaucoup d'air et de poussière, en préconisant le grand ménage à défaut de la grande révolution. Il y a en moi du sang d'ouvrier et pas de domestique : je préfère les outils au balai.

1 commentaire:

Anonyme a dit…

c est le constat de la fracture social, les partis modérés de gauche ou de droite voient de plus en plus leurs électeurs se radicaliser et se laisser séduire par les partis populistes.
Des décennies de politiques de compromis avec l'Europe et les marchés financiers ont menés à ce surendettement général des états, à une précarisation énergétique, à des records de chômage....
les citoyens sont excédés et ne veulent pas payer pour les erreurs des décideurs.
la vie est courte , il n en n ont rien à cirer d une dette qui n est pas la leur.