samedi 1 septembre 2012

Un canal s'est perdu



Avec un ciel si bas qu'un canal s'est perdu
Avec un ciel si bas qu'il fait l'humilité
Avec un ciel si gris qu'un canal s'est pendu
Avec un ciel si gris qu'il faut lui pardonner

Jacques Brel, Le plat pays


Non, il ne s'est pas encore pendu, mais on a l'impression cette semaine qu'il est bel et bien perdu, le projet de canal Seine-Nord, autour duquel les atermoiements en disent long sur l'état politique et économique de la France. Bouygues a retiré ses billes, le ministre des Transports réfléchit prudemment et "les élus se rejettent la faute" (titre du Courrier picard d'hier). Politiquement, personne ne semble vouloir assumer la décision d'arrêter ou de poursuivre, cherchant à se défausser sur l'autre. Qu'est-ce que, pourtant, la responsabilité politique, sinon savoir trancher et justifier clairement ses choix ? Rien n'est clair dans cette histoire. Il y a un précédent, un rendez-vous manqué avec l'Histoire : le troisième aéroport international près de Chaulnes, même indécision, même enfumage, même ratage.

Ce qui est littéralement stupéfiant, c'est que ce projet de canal a été lancé il y a plusieurs décennies, que son utilité ne semble faire aucun doute, que des travaux ont commencé, que des formations ont été mises en place : mais la décision n'est toujours pas prise ! J'entendais déjà la députée socialiste de Saint-Quentin Odette Grzegrzulka en parler il y a quinze ans comme la grande affaire du moment. On n'a pas avancé depuis. La France de Louis XIV creusait des canaux, la France de Napoléon III aussi, et la cinquième puissance mondiale que nous sommes en serait aujourd'hui incapable ?

On a besoin de croissance, d'emplois, de développement durable, le canal Seine-Nord répond à toutes ces exigences, induit 45 000 postes de travail, développe une région, la Picardie, notamment le Saint-Quentinois, qui sont mal en point, remplace les camions par des péniches. Que veut-on de plus, qu'est-ce qui manque ? Bien entendu le fric (4,3 milliards d'euros), les caisses de l'Etat étant en difficulté, malgré le partenariat public-privé. Mais si la France ne trouve ni les moyens, ni la volonté de creuser un canal, de quoi peut-elle encore espérer être capable ? Notre pauvre Picardie va-t-elle désespérément rester un "plat pays", sans ambition ni développement ? Brel avait raison : c'est triste et gris à se pendre ...

2 commentaires:

Anonyme a dit…

La picardie souffre d 'etre un simple territoire administratif délimité deuis 1960 sans aucun respect historique de ce que fut la picardie pendant des siecles.
le soissonnais et le laonnais n'ont jamais appartenu à la picardie, alors que tournai ou le boulonnais en on fait parti pendant des siecles.
cette region ne sera toujours que tiraillé entre deux puissances economiques que sont le nord/ pas de calais et la region parisienne.
Notre salut ne viendra que lorsque la picardie sera démentelé et st quentin rattaché logiquement à la region nord.

Anonyme a dit…

mon pére y travaillait sur le canal (il est archéologue) heureusement il a un contrat qui ne risque pas de le faire virer ( je confonds toujours CDD et CDI , je suis nul en droit du travail ,et j'ai pas envie de me planter)

par contre beaucoup ont été embauchés SEULEMENT pour le canal .

Si le canal est vraiment perdu ,en plus des soucis , leurs contrats ne seront pas renouvelés .

Déja que le taux de chômeur est en hausse :|