jeudi 27 septembre 2012

Racisme anti quoi ?



Les déclarations de Jean-François Copé sur le "racisme anti-blanc" ne sont pas une vaine polémique. La question de la xénophobie est sérieuse, grave, elle ne se prend pas à la légère. D'autre part, un homme politique, surtout à ce niveau, présidentiable de surcroît, est redevable de chaque mot qu'il prononce. Un "dérapage", comme on dit aujourd'hui, est toujours permis, mais là ce n'est pas le cas : il s'agit d'une formule dans un ouvrage, relue et volontairement choisie, pas anodine du tout. Mais que je n'approuve absolument pas.

D'abord, il n'y a pas plus à évoquer de racisme anti-blanc qu'anti-noir ou anti je ne sais quoi. Le racisme ne se découpe pas en rondelles. Il y a le racisme tout court, qui se passe d'adjectif (seul l'antisémitisme se distingue, par son histoire tragique). Le racisme est le rejet de quiconque à cause de ses origines et de la couleur de sa peau, point. Un antiraciste ne s'enferme pas dans des catégories, il dénonce le racisme en général, quelles qu'en soient les victimes, dont aucune n'est à privilégier à d'autres.

Et puis, l'expression "racisme anti-blanc" ne vient pas de nulle part, ne tombe pas de la Lune, ne se trouve pas dans les pages du Larousse mais dans le lexique du Front national et de l'extrême droite. Je comprends que Copé se veuille "décomplexé", "sans tabou", mais peut-il ignorer qu'on ne s'autorise pas à dire n'importe quoi, à se saisir de n'importe quelle formule ? Les "complexes" sont nécessaires au développement de l'individu (quelqu'un de totalement "décomplexé" serait un jean-foutre ou un monstre), une humanité "sans tabou" serait rapidement criminelle (toute civilisation est fondée sur des tabous à ne surtout pas transgresser). Utiliser les mots de l'adversaire (et je suis bien persuadé que le FN est pour Copé un adversaire), c'est s'avouer battu par lui. En politique, la première victoire, avant le pouvoir, est dans le langage, quand on réussit à imposer dans le débat public ses thèmes et leur vocabulaire.

En soi, "racisme anti-blanc" n'est ni vrai ni faux, ni bien ni mal : c'est simplement une formule qui renvoie à l'idéologie d'extrême droite, qui l'active dans la tête de celui qui l'entend. Tout le problème est là. De même, j'aime le travail, je respecte la famille et je défends ma patrie, mais jamais je ne me réclamerai du slogan "travail, famille, patrie", parce que je sais à quoi il fait référence, et que cette connotation est hautement condamnable. "Racisme anti-blanc", c'est pareil.

2 commentaires:

Anonyme a dit…

Le discours que vous tenez encourage justement ce racisme anti-blanc que vous tenez à ne surtout pas évoquer.

Vous affirmez que le racisme ne se découpe pas en rondelles, mais cela ne vous empêche pas d'approuver l'existence de l'antisémitisme tout mettant en doute celui d'un racisme anti-blanc.
Pourtant je peux vous assurer que le racisme anti-blanc est vrai. Il ne renvoie pas à l'idéologie d'extrême droite, mais à la réalité du terrain. C'est un habitant de Seine-Saint-Denis qui vous parle, et je ne suis pas dans un beau quartier.
Mes enfants en font les frais régulièrement, et moi je doit serrer les poings dans les poches car :

- Il y a encore des gens pour dire que ca n'existe pas et qui cherchent à étouffer nos voix.
- L'antiracisme tel qu'il est pratiqué aujourd'hui non seulement ne donne aucun résultats pour les noirs et les arabes, mais il encourage en plus le racisme dirigé vers les blancs.
- Si je réagis on me traitera de raciste, je parle par expérience (ca fait 20 ans que ça dure).

Je comprend votre réticence à parler du racisme anti-blanc mais de grâce laissez les victimes de ce racisme en parler. Laissez les habitants des ZEP qui voient les immeubles se construirent sans retenue, les mosquée s'ériger, la population changer, leur propre couleur se raréfier, leur culture disparaïtre, l'insécurité augmenter. Ne me dites pas que tout ceci n'a pas de rapport avec le racisme anti-blanc, au contraire c'est intimement lié. Ca fait mal mais c'est la vérité.

F. Mitterrand avait fait sienne la devise "travail famille patrie" sous le régime de Vichy, ce qui lui a valu sa décoration. Ce n'est certainement pas ma devise, et je n'estime pas avoir un lien avec ce régime qui ne rapelle que trop ce que nous vivons en ce moment avec la collaboration islamophile.


Si vous avez peur d'être vous-même catalogué fasciste, raciste ou je ne sais quoi, il faut restez au chaud et laisser ceux qui sont au front, qu'il soit national ou pas, faire leur travail.

Je ne vote pas front national parce-que je serais nationaliste, mais uniquement parce-que c'est le seul parti qui entend ma voix. Copé n'est qu'une pale copie. Il a bien compris que le racisme antiblanc est un problème mais rassurez-vous, il ne me convaincra pas. Je préfère l'original. L'UMP a encoouragé l'immigration plus que tout autre gouvernement (jusqu'à l'actuel), et donc le racisme, et n'est pas crédible dans un rôle sécuritaire, surtout quand on voit leur bilan sur ce point.

Pour conclure, si vraiment vous ne voulez pas faire partie de la collaboration, alors prenez le temps de bien étudier la question du racisme-antiblanc dont vous dites qu'il n'a pas a être évoqué. Si on en parle aujourd'hui ce n'est pas une lubie, c'est la force du contexte social qui empêche justement qu'on en parle pas. Pour moi, c'est actuellement votre discours qui a une connotation hautement condamnable. Mais je ne vous blâme pas, la question n'est pas simple.

Emmanuel Mousset a dit…

Je publie votre commentaire parce qu'il est argumenté. Mais il va de soi que nous sommes en profond désaccord.