lundi 10 septembre 2012

Enfin les impôts augmentent !



Je l'attendais depuis des années, seule la gauche pouvait le faire parce qu'elle a une tradition de redistribution fiscale : la hausse des impôts comme début de remède aux déficits des comptes sociaux et à la dette abyssale. Depuis une vingtaine d'années, à droite mais aussi à gauche, l'augmentation des impôts est le vrai sujet tabou, que personne n'ose aborder, comme si l'impôt était en soi un mécanisme mauvais, à proscrire, alors qu'il est une invention révolutionnaire (je parle bien sûr de l'impôt sur le revenu, au fondement de la République, pas des diverses taxes qui prospéraient déjà sous l'Ancien Régime). François Hollande, en parfait social-démocrate, a su lever ce complexe inoculé à la gauche par la droite. Bravo !

Pourquoi augmenter les impôts ? Parce que c'est la seule façon juste de faire entrer massivement de l'argent dans les caisses de l'Etat. L'autre solution, c'est la politique d'austérité : économiser à mort, couper dans les dépenses sociales, amputer la Fonction publique (c'est grosso modo les politiques de droite en Europe). Augmenter les impôts, c'est préserver le financement de notre protection sociale : santé, éducation, retraite, il ne faut pas toucher à ça quand on est de gauche. Mais augmenter les impôts, non ça ne me dérange pas, je trouve ça très bien, et courageux. C'est tellement facile, tellement démago de faire gueuler les gens parce que leurs mensualités ou leur tiers provisionnel vont augmenter !

Croire qu'il suffit seulement de "faire payer les riches", comme le proclament Mélenchon, les communistes et l'extrême gauche, c'est une illusion totale : les riches, les vrais, gagnent beaucoup mais ne sont pas beaucoup, donc ne rapportent pas énormément, c'est mathématique. Mais politiquement, il faut les frapper à la caisse, et Hollande a raison de leur imposer une taxe exceptionnelle de 75%, sans exemption, en précisant bien que la mesure est "symbolique". La masse des contribuables gagnent beaucoup moins mais sont beaucoup plus nombreux. On doit par conséquent les mettre aussi à contribution, par souci d'efficacité. Mais pas n'importe comment.

D'abord, il faut rappeler que la moitié des foyers ne paient pas d'impôts, parce qu'ils ne gagnent pas assez d'argent pour ça. Ce sont les classes populaires, que la gauche doit défendre en priorité. Ensuite, le gel du barème, qui entraînera certaines hausses d'impôts, ne concernera pas les deux premières tranches, les plus basses ; ce qui signifie que les classes moyennes inférieures, comme on les appelle, ne seront pas touchées. Voilà une authentique politique fiscale de gauche ! Ce qui la rendait impossible ces dernières années, c'est une imposture sociologique, une arnaque idéologique : la fameuse référence aux "classes moyennes", le plus énorme mensonge politique depuis plusieurs décennies, qui empoisonne tous les discours politiques. Car les "classes moyennes", ça n'existe pas, c'est un fourre-tout dans lequel se cachent plein de gros poissons. On flatte la vanité de chacun en laissant croire qu'il appartient à cet ectoplasme, les "classes moyennes", parce que presque plus personne, dans notre société petite-bourgeoise, n'ose dire qu'il appartient au populo. Même les ouvriers ont perdu la fierté d'être ouvriers depuis qu'ils ont en tête de faire de leurs enfants des profs, des médecins ou des avocats !

Prenez Saint-Quentin : un classement l'a situé en 18e position des villes les plus pauvres de France, mais un samedi du mois d'août où j'ai eu envie d'aller bouffer en ville, je n'ai pas trouvé de place au Crocodile, au Buffalo Grill et à Courtepaille, remplis à craquer ! Il y a des tas de gens qui, sans être riches, n'ont pas de gros soucis de fric, qui sont propriétaires de leur baraque, qui vont en vacances sans problème, qui se paient régulièrement des restau, qui ont parfois des résidences secondaires ou des studios en location, qui paient à leurs gamins des études longues et onéreuses : ce sont ces "classes moyennes" qu'il faut mettre à contribution parce qu'elles en ont les moyens. Si ce n'est pas ça être de gauche, je n'y comprends plus rien !

5 commentaires:

Anonyme a dit…

Vous vous considérez comme appartenant aux classes populaires ?

Les classes moyennes ne sont pas une arnaque sociologique ou idéologique, de grands sociologues ont montré leur existence.

Emmanuel Mousset a dit…

C'est qui, vos grands sociologues ?

Anonyme a dit…

Louis Chauvel, Henri Mendras, Pierre Bourdieu et compagnie.

Anonyme a dit…

Au lieu d'augmenter les impots commencons par supprimer les multiples exonérations qui privent l'etat de recettes conséquentes.
D'accord pour financer les services publics mais a condition de modifier le statut de fonctionnaire pour l'aligner sur celui du droit du salarié privé.
Une mission de service public peut etre parfaitement remplie par des salariés non fonctionnaire, les organismes de la sécurité sociale en sont un parfait exemple depuis 60 ans.

citoyen a dit…

j'ai une retraite de fontionnaire de 2500€/pmois;ça ne me gêne pas de payer 200 ou 300€ de plus en impot( c'est un ordre de grandeur) parce que ça ne changera pas fondamentalement ma vie et que ça permettra d'améliorer celle d'autres personnes en particulier les retraités qui ont des retraites de misère;être citoyen c'est ça aussi