mardi 25 septembre 2012

Ambiance de rentrée



C'était hier à Saint-Quentin la rentrée des classes au conseil municipal. Avant que la séance ne commence, comme dans une cour de récréation, brouhaha et retrouvailles : on se salue, on se fait la bise, on fait le tour de la salle (Freddy avec ses grandes jambes va plus vite que tout le monde), on se met par deux pour causer. De quoi ? Mystère, mais sûrement pas des dossiers très sérieux et souvent austères qui vont être examinés dans quelques minutes, à voir les rires et les mines. C'est peut-être de leurs vacances dont il est question, à la façon des conversations d'écoliers.

Les uns et les autres, élus de la majorité, sont à l'aise, détendus, ont l'air de bien se connaître, adoptent des comportements familiers. A la limite, on ne s'attend pas à une réunion politique mais à une rencontre amicale. Dix-sept ans qu'ils sont là, sans qu'aucune élection n'ait pu les déloger, c'est pour eux une vieille histoire ! Ils ont l'air ici chez eux, presque à la maison. Les plus pro d'entre eux vont saluer les journalistes à leur table, pendant que les techniciens règlent les caméras de vidéo. Le maire arrive, l'opposition est là, c'est parti.

Juste après l'appel, la politique entre dans le vif, avec l'intervention de Carole Berlemont (PS) qui dénonce les "dysfonctionnements du calendrier municipal", sa "gestion à la petite semaine". En effet, la moitié des élus de l'opposition n'ont pu être présents, ainsi que quelques-uns de la majorité. Xavier Bertrand préfère mettre en cause la "cohésion" de son opposition, en faisant remarquer que les "pouvoirs" n'ont pas été donnés. Michel Aurigny (POI) rejette ces "insinuations" et justifie les absences par des "réunions politiques et syndicales".

Partant du dossier Borgers, Anne Zanditenas (LO) essaie prudemment de mettre en difficulté Xavier Bertrand sur le chômage à Saint-Quentin. Le maire répond que la circonscription résiste plutôt bien, à l'instar de la Thiérache et contrairement, selon lui, aux autres bassins d'emplois de l'Aisne. Il souligne le problème de la formation (par exemple les concessionnaires automobiles qui ne parviennent pas à recruter).

Le grand débat politique de la séance, c'est la taxe annuelle sur les friches commerciales, qui s'est surtout focalisé sur la rue d'Isle et ses vitrines désertes. Explication de Xavier Bertrand : les propriétaires n'en ont rien à faire, ils n'habitent même pas à Saint-Quentin, ils louent à des prix prohibitifs. Solution : au bout de cinq ans, leur imposer une taxe, sauf justification professionnelle, qui les oblige à louer. Au passage, le maire analyse la désaffection de la rue d'Isle comme conséquence de l'entrée du parking souterrain rue Emile Zola et le flux de circulation venant de la sortie d'autoroute (!?). Selon lui, une entrée rue Croix Belle Porte n'aurait pas dévitalisé autant la rue d'Isle. Michel Aurigny s'est montré sceptique sur cette taxe, en s'interrogeant sur l'efficacité de la mesure, sur les effets de la clause restrictive et sur la capacité à faire baisser les prix des loyers, renvoyant le problème à la situation économique générale.

Le rapport d'activités de Sport Evènements a été critiqué par Olivier Tournay (PCF), qui a listé toutes les pièces manquantes, rappelant que les 500 000 euros versés chaque année à l'association présidée par Pascal Cordier exigeaient une plus grande rigueur. Il a aussi réaffirmé la position de fond de l'opposition, hostile à cette délégation de service public, lui préférant la gestion municipale directe. Tout en justifiant un dossier qui par nécessité ne peut jamais être complètement bouclé, Xavier Bertrand, ce sera la seule fois de la séance, a concédé à son opposition qu'il fallait que ses demandes "légitimes" soient satisfaites.

Olivier Tournay est revenu à la charge à propos du rapport sur l'eau, dont les tarifs sont élevés et les fuites trop importantes. A quoi le maire a répondu que des canalisations restent à refaire et que le prix de l'eau, quoique stabilisé, a toujours été "historiquement élevé" à Saint-Quentin.

Sur les promotions des agents de la Ville, je n'en dirai rien parce que je vous avoue humblement n'y avoir pas compris grand chose (coup de fatigue de fin de journée peut-être). Michel Aurigny a repris une information dans la presse (où ?) comme quoi toutes les promotions ne seraient pas assurées. Marie-Laurence Maître, à la fois motivée et très technique, a répondu que c'était le contraire, que toutes les promotions après réussite aux concours étaient satisfaites.

Sur le financement de l'école privée, le contentieux a été réglé. Michel Aurigny en a profité pour réaffirmer son opposition au financement public de cette école, alors que Carole Berlemont a reproché au maire de ne pas mettre sur un même pied d'égalité les enfants du privé et ceux du public. Anne Zanditenas, à propos du départ de la CGT de la bourse du travail, a demandé à Xavier Bertrand qu'il renonce aux frais d'astreinte infligés au syndicat. Il a renvoyé la question à la compétence de la justice. Je note que c'est la première fois que ce dossier est abordé en conseil municipal.

La séance s'est terminée par une longue série d'informations diverses, en dehors de l'ordre du jour (l'opposition a-t-elle alors la possibilité de reprendre la parole ?), dont j'ai retenu la prochaine prise de position du conseil municipal sur le projet de canal Seine-Nord. Xavier Bertrand est pour, les écolos sont contre et je ne sais pas très bien quelle est la position de mon parti (personnellement, je suis archi pour, voir un précédent billet "Un canal s'est perdu"). Avant de se quitter vraiment, les élus sont allés regarder ensemble un film. Non, pas bras dessus bras dessous en direction du cinéma, mais un film sur les incivilités : la politique, même un jour de rentrée, c'est du sérieux.

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