lundi 17 septembre 2012

Monsieur le présidentiable



Depuis hier matin, Xavier Bertrand est passé de l'autre côté du miroir, il a rejoint le petit monde de ceux, très peu nombreux, qui ambitionnent d'être un jour président de la République, la crème du personnel politique, l'élite de l'élite. Quand on a cette volonté-là, gouverner la cinquième puissance planétaire, on n'est plus le même homme, on est entré dans une autre dimension. Ce n'est pas vraiment une surprise, c'est la suite logique d'un parcours fulgurant. Avec lui, Xavier Bertrand entraîne en quelque sorte sa ville, qui sera désormais, encore plus qu'elle ne l'était, sous l'oeil des médias : Saint-Quentin, la ville d'un possible futur président de la République ! L'opposition devra aussi avoir ça en tête, ne plus jouer petit bras, être à la hauteur de celui qu'elle est chargée d'affronter.

De son intervention d'hier, je retiens la grande détermination. Il en faut quand on vise cet objectif, le palais de l'Elysée. Le plus spectaculaire, c'est que Xavier Bertrand se désolidarise de Nicolas Sarkozy, dont il avait été le fidèle parmi les fidèles : même si celui-ci revient, celui-là sera candidat. On ne se présente pas à un tel niveau sous condition : c'est ce qui a perdu Rocard face à Mitterrand en 1980. Au contraire, Hollande face à DSK et Aubry avait fait preuve, comme Bertrand aujourd'hui, d'une détermination sans faille. A l'approche des cimes, pas d'hésitation : on est seul, il faut foncer, d'un élan qui vient de loin. Du coup, Bertrand n'a plus le droit de perdre les municipales de 2014, échec qui ferait tache dans sa perspective de carrière. Voilà qui devrait normalement stimuler la gauche locale à le battre, pourvu qu'elle en trouve l'énergie ...

Xavier Bertrand a-t-il eu raison de ne pas briguer la direction de l'UMP ? S'il a renoncé, c'est qu'il ne pouvait sans doute pas faire autrement : avoir les signatures pour la candidature est une chose, se faire élire en est une autre. Entre Fillon et Copé, Bertrand pouvait difficilement faire son trou et espérer gagner. En politique, mieux vaut passer son tour que se condamner à échouer. En même temps, celui qui tiendra le parti sera le mieux placé pour l'investiture de 2017, Sarkozy et Mitterrand en savent quelque chose. Mais le système des primaires change pas mal les règles, comme on l'a vu au PS, Hollande l'emportant sur Aubry. Pour Xavier Bertrand, Monsieur le président nous verrons bien demain, mais Monsieur le présidentiable c'est maintenant.

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