mercredi 1 août 2012

Leadership incertain



J'ai écrit il y a quelques jours que l'actualité politique à Saint-Quentin était en ce moment éteinte. Au niveau national, ce n'est pas mieux. Le gouvernement va partir en vacances et la société va connaître, pendant la première quinzaine d'août, un phénomène unique au monde, qui n'existe qu'en France et qui ne choque personne : le pays va entrer en léthargie, va interrompre toutes ses activités de l'année, va mettre entre parenthèses l'histoire, la politique, le monde, et va vivre sous cloche. Nous sommes les seuls à faire ça et à le trouver normal !

Si on regarde de près, il y a quand même, en politique, quelque chose qui va bouger, frémir, murmurer : c'est la lutte pour le leadership au sein de l'UMP. Il n'y a jamais de vacances dans la course pour le pouvoir. Au PS, pas besoin, on est tranquille : le pouvoir, on l'a ! Pendant dix ans, l'UMP a été puissante et unie derrière Nicolas Sarkozy (à part de Villepin qui a posé un moment un petit problème, mais il y a toujours quelqu'un dans la vie qui pose un moment un petit problème). Aujourd'hui, elle n'a plus de chef. Or, en politique, on ne gagne que si on a un chef incontestable derrière lequel on se range. Mais quel chef ? Où aller le chercher ?

C'est à la fois simple et compliqué : le leadership ne se décrète pas ; c'est la victoire qui en décide, c'est elle, et elle seule, qui fait le chef. Pourquoi aujourd'hui Hollande est-il le chef incontesté de tous les socialistes, alors qu'il y a deux ans il recueillait dans nos rangs 3% d'opinions favorables ? Parce qu'il est devenu le chef. A droite, ils n'ont plus de chefs, il leur faut en trouver un, cinq ou six sont déjà en lice pour la présidence de l'UMP, aucun d'entre eux ne peut prétendre à une candidature "naturelle" qui s'imposerait à tous (le problème serait alors réglé mais ce n'est pas le cas puisque, dans la défaite, personne ne s'impose plus qu'un autre).

Tout ça est vrai aussi à l'échelle locale, à Saint-Quentin : pour les élections municipales de 2014, on sait avec certitude qu'il n'y aura qu'un seul candidat, tête de liste sérieuse à droite, Xavier Bertrand, parce qu'il est le gagnant des dernières élections locales et qu'il détient dans la ville le pouvoir. En revanche, la gauche, qui n'a connu que des défaites et qui sera depuis bientôt vingt ans dans l'opposition, aura plusieurs candidatures socialistes, trois ou quatre probablement, par la force des choses et selon la même logique évoquée précédemment. Qui sortira du chapeau pour conduire la liste ? Les pronostics sont incertains et bien malin qui peut connaître maintenant le résultat. Normal : cela vaut aussi pour qui prendra la tête de l'UMP en novembre prochain.

1 commentaire:

Anonyme a dit…

Regrettez-vous ce moment unique de "léthargie"? Pour moi il apparaît comme un dernier espace de résistance au capitalisme qui s'introduit dans tous les recoins de ce qui compose notre société. Un moment de pause, où ce qui est réellement important dans la vie tient le premier rôle, l'espace de quelques semaines: la famille, les amis, les petits plats maison, le sable qui coule entre les doigts, le soleil qui filtre à travers les feuilles, l'eau fraîche, les fruits gâtés transformés en smoothies, le temps de prendre le temps de ne rien faire, de penser, à rien et à tout, un bouquin entamé depuis des mois... Alors oui, en Syrie le peuple se fait massacrer chaque jour, au Sahel il y a la famine. Et oui, on ne peut rien y faire nous pauvres vacanciers, à part un petit virement à une asso, signer quelques pétitions. Et puisque le changement du monde commence par soi, il me semble que prendre le temps de sentir la vie, de l'aimer, et d'aimer ses proches, c'est commencer la révolution.