mardi 28 août 2012

L'unité c'est maintenant



Les Français en auraient déjà marre d'Hollande et d'Ayrault ? C'est ce que semble indiquer la chute de leur courbe de popularité. Au bout de trois mois seulement, coupés par les vacances d'été ! Franchement, ce n'est pas sérieux. Et puis, Hollande a été élu pour cinq ans, pas pour trois mois !

Ceci dit, ces indicateurs invitent à la vigilance. J'ai l'impression que c'est le fantôme de Sarkozy qui fait des dégâts : la prétendue lenteur et inaction du gouvernement ne sont qu'un effet de contraste, l'ancien président nous ayant habitués à un rythme d'enfer et à une hyper-présence, qui ne lui ont pas été profitables au final.

Faire gaffe aussi aux erreurs de com' : Montebourg a raison quand il dit que le nucléaire est une "filière d'avenir", Hollande ne voulant pas la supprimer mais la diminuer. Sauf qu'avec des écolos au gouvernement, ça fait un peu bizarre en termes de communication. On ne comprend plus très bien.

Valls, lui, s'en sort parfaitement en matière d'image : c'est l'homme de l'été, il fait parler de lui (que demander de plus en politique ?) et est applaudi par mes camarades à l'université d'été de La Rochelle. Balaise Manu ! A la primaire, il ne récolte que quelques pourcentages, il occupe la place honnie et sans avenir de "l'aile droite" et le voilà aujourd'hui apprécié de toute part ou presque ! Quel mystère que la politique ... Sur le fond, je trouve que son positionnement est correct, souple et ferme. Et je ne le confonds pas du tout avec Hortefeux et Guéant.

Mélenchon, en revanche, pose un sacré problème au PS (mais les choses au moins sont clairs) : il aurait pu adopter un soutien critique, il a choisi l'opposition pure et simple, et même pure et dure. Avec son appel à une manif "unitaire" contre le traité européen (même Lienemann a été conviée !), Mélenchon veut nous refaire le coup tordu de 2005, où il avait réussi à diviser les socialistes. C'est maintenant certain : la gauche de la gauche parie sur l'échec de Hollande, on ne peut plus compter sur elle.

Et la gauche du PS ? Méfiance, elle s'apprête à rompre la solidarité gouvernementale, à contester l'engagement de Hollande (un traité européen non pas rejeté mais renégocié, ce qui a été fait) sur lequel pourtant ses parlementaires ont été élus. C'est inacceptable, au moment où les premières difficultés se présentent, où la popularité est en recul. Si la gauche gouvernementale ne présente pas un front uni, si elle ne le fait pas dès maintenant, si la majorité parlementaire n'est pas préservée, bref si l'aile gauche et les Verts déconnent, c'est champagne à droite et l'avenir mal assuré !

Cette affaire de traité européen n'est pas une petite chose, un souci tactique, un débat secondaire : c'est un engagement identitaire, un choix idéologique, d'abord en faveur de la solidarité européenne (le rejet du traité, c'est le renvoi de chaque pays à lui-même), ensuite en soutien à une philosophique budgétaire sur laquelle la social-démocratie ne doit pas lâcher, la réduction des déficits, la recherche de l'équilibre des comptes publics. Sinon, on laisse filer, on creuse, on fait croire que c'est du keynésianisme (autres temps autres moeurs, devrait-on pourtant comprendre)et c'est toute la protection sociale qui est menacée de s'effondrer en prétendant la conserver. Je suis à la tête d'une grosse association à un million d'euros de budget, on cherche évidemment à se développer, mais on ne fait pas du Keynes, on veille à ce que les comptes n'aillent pas dans le rouge. Vous me direz peut-être qu'une asso et un pays, c'est pas pareil ? Mais si, l'économie reste l'économie, même dans un cadre en effet totalement différent.

Le gros problème, nous l'avons reçu hier en pleine gueule : près de trois millions de chômeurs ! Comment une société peut-elle vivre avec ça ? Le pire, c'est qu'il y a treize ans, ce chiffre de trois millions menaçait déjà ! Les émeutes d'Amiens cet été, pas la peine de chercher : quand il y a 40% de chômage dans certains quartiers, quand la moitié des jeunes sont touchés, mettre le feu c'est pas bien mais il y a de quoi ! La solution ? Le développement, la production, la création d'entreprises et donc d'emplois, c'est-à-dire le secteur privé. L'emploi aidé, les postes de fonctionnaires, ok quand il en faut, mais l'essentiel ne se fera pas là, pas comme ça. La gauche a cinq ans, pas trois mois, pour prouver de quoi elle est capable, faire mieux que la droite au pouvoir. Bon courage.

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