mercredi 15 août 2012

Cathos contre homos ?



Jamais prière catholique du 15 août n'aura autant fait parler d'elle, tout ça parce que quelques mots visent implicitement le mariage homosexuel et l'adoption d'enfant. En tant que laïque, je n'ai pas à juger l'Eglise, qui fait ce qu'elle veut, défend les idées qui sont sans surprise les siennes : elle a le droit d'être contre le mariage homosexuel et de le manifester publiquement, comme j'ai le droit d'être pour et de l'écrire. Ce qui me semble beaucoup plus intéressant en revanche, c'est de voir comment elle s'y prend et qu'est-ce qu'on peut en penser, non d'un point de vue laïque mais d'un point de vue religieux.

D'abord, l'Eglise de France, dans cette affaire, communique aussi mal que la section de Saint-Quentin du parti socialiste en général : on ne comprend pas très bien quelle est sa position, son texte de prière manque de précision, les explications de ses représentants sont contournées, on a le sentiment qu'elle ne veut froisser personne, qu'elle n'assume pas complètement son refus du mariage homo. Il n'y a pas de bonne com' dans l'incertitude et l'indécision.

Quand, sur les chaînes de radio, des auditeurs interrogent les évêques en leur demandant pourquoi ils refusent l'union de gens qui pourtant s'aiment, ses clercs donnent le sentiment d'être gênés aux entournures, de ne pas vraiment répondre, de se voir battus sur leur propre terrain qui est celui de l'amour, ce qui est tout de même un comble ! En vérité, ils n'osent pas distinguer, en bonne théologie, l'amour humain (les sentiments, les passions) et l'amour divin (la charité, la miséricorde). Quand les cathos prêchent l'amour, ils parlent d'agapè, pas d'eros (excusez l'emploi de ces termes grecs, mais faisant un peu de théologie, je suis bien obligé de passer par un vocabulaire technique, tout comme un ingénieur travaillant dans la mécanique de précision).

Le grand tort de l'Eglise catholique est de se positionner dans des débats de société qu'elle devrait laisser à la société, ces débats étant posés dans des termes qui de toute façon ne sont pas les siens. Après tout, les chrétiens des premiers siècles vivaient intensément leur foi, parfois jusqu'au martyr, sans discuter ou contester les lois civiles de l'empire romain, pourtant pas très catholiques, c'est le moins qu'on puisse dire ! La pratique des lois divines suffisait amplement à leur spiritualité.

Aujourd'hui où il n'y a plus guère en France de martyrs, les messes et les fidèles sont de moins en moins nombreux, la pénurie de prêtres oblige à s'approvisionner en Afrique ; dans ces conditions, l'Eglise devrait se recentrer sur les questions de foi, qui sont beaucoup plus passionnantes que le point juridique d'extension du contrat de mariage aux personnes de même sexe : qu'il s'agisse du dogme de l'Immaculée Conception ou de celui de l'Assomption (puisque nous sommes un 15 août), du monde surnaturel ou des miracles, il y a de quoi faire. C'est ça qui intéresse la population quand elle se tourne vers la religion, pas de savoir si les curés sont pour ou contre le mariage homo, dont se fichent pas mal de gens, surtout quand ils ne sont pas homos.

Pour terminer sur cette prière qui fait le buzz du jour, il faut noter qu'elle s'adresse aussi, tout particulièrement, aux élus de la République afin qu'ils soient inspirés dans leur action publique. Ce qui me ramène à Saint-Quentin, où je souhaite que cette prière aide la gauche à mieux communiquer et à gagner un jour une élection locale, qu'elle aide la droite à faire malgré tout de bons choix municipaux et lui donne la force de laisser un jour sa place à la gauche. Est-ce plus difficile à exaucer qu'une position sur le mariage homo ?

4 commentaires:

Anonyme a dit…

L'avis des homos catholiques serait interessant car après tout se sont les seuls concernés par le discours de l'Eglise.

Lormont a dit…

Il est curieux que des gens ayant fait voeu de célibat se préoccupent de l'organisation de la famille!

laïque a dit…

les instances religieuses de toutes les religions monotheistes sont des frustrés de la braguette;d'ailleurs que ce soit catho ou musulman il n'y a que ça qui les interesse:bouh le sexe, pas bien le sexe,démon le sexe;ça leur permet evidemment d'avoir prise sur les fidèles puisque ce sont eux qui détiennent LA vérité ( qu'ils soient évèques ou ayathollas);qu'ils s'occupent plutot de leurs fesses à eux et surtout de se pencher sur les VRAIS problèmes de notre société,la pauvreté et la misère grandissante ;ah oui c'est plus facile de stigmatiser les homos que de baisser le train de vie du vatican et des cardinaux;que je sache les prélats qui s'expriment n'ont ni fait ni voeu de chasteté ni de pauvreté;et enfin quand on entend la Boutin de la républqiue demander un réferendum sur le sujet ( mariage gay) on croit revenir un bon siecle en arrière quand l'Eglise pouvait encore tout régenter..eh Christine,1905 ça vous dit quelque chose? et l'article 1 de la Constitution vous l'avez lu?

Claud a dit…

Jusque 1245 le mariage n'était pas, dans le monde chrétien, un sacrement mais un mystère (celui de l'amour divin dont l'amour humain est une métaphore). Le Christ a été bienveillant à toutes les formes d'amour, et même Marie-Madeleine a trouvé grâce à ses yeux. Cette crispation des Evêques est pour le moi le signal qu'il n'y a plus beaucoup de foi parmi eux à l'Agapé comme tu dis. C'est vraiment pathétique, partout dans nos villages les églises sont fermées tout le jour, même quand elles ne renferment aucun trésor (autre que le mystère qui y est représenté) et qu'un responsable diocésain habite en face comme dans le mien. J'ai la nostalgie d'un temps où les églises étaient le refuges des pauvres, des persécutés, des nomades et des pélerins de grand chemin. Ta comparaison avec le socialisme en Vermandois est très pertinente. Là aussi nous sommes au temps des catacombes et de l'espérance un peu folle.