mardi 14 août 2012

Ouf c'est fini



Nous avons souffert pendant quinze jours, nous avons droit maintenant à quatre ans de répit : les jio (Jeux Olympiques), c'est fini, sans que personne ne dénonce le scandale de la monopolisation d'une chaîne publique de télévision. Nous en avons mangé matin, midi et soir. Aucune activité humaine, pas un seul évènement ne connaissent une couverture médiatique aussi hégémonique. C'est comme si on nous donnait à regarder "Le Jour du Seigneur" à presque toutes les heures de la journée !

L'autre scandale, celui d'autoriser des sportives voilées (quel ridicule !), a vite été oublié. Ce que je constate de cette quinzaine infernale, c'est l'utilisation constante d'un vocabulaire quasi religieux, parfois mystique, pour qualifier les exploits des champions et les réactions du public. Ce qui confirme mon idée que le sport est devenu aujourd'hui une religion de substitution, dans les jio sont la grand-messe.

Ce que je constate également, c'est l'absence de contestation de ce spectacle mondial pourtant très contestable. Dans un monde où n'importe quel citoyen gueule pour un rien, c'est le silence des carpes. Où sont les "Indignés", les altermondialistes, l'extrême gauche ? Les jio, c'est l'étalage de l'esprit libéral et national dans toute sa pureté : concourir avec autrui, vouloir être le premier, montrer ses muscles, pratiquer une folle ascèse de son corps, flatter la fibre cocardière, sans parler de la débauche de fric et la fascination du grandiose (qui n'est pas forcément synonyme de grandeur), il y aurait de quoi amener à penser . Avez-vous lu ou entendu un seul intellectuel nous proposer une réflexion critique sur les jio ? Moi pas. L'anticonformisme, l'esprit rebelle, la culture révolutionnaire ne sont vraiment plus de notre temps.

Hier, nous avons eu droit à la parade des champions sur les Champs-Elysées. Ce sont les seuls héros qui le font, qui sont capables de mobiliser les foules, ce sont les derniers modèles de comportement que nous avons à offrir à l'admiration de nos enfants : qui s'en inquiète ? Fini les aventuriers, les savants ou les saints, place aux sportifs ! L'équipe de handball, partiellement alcoolisée, a vandalisé un studio de télévision parce qu'un article de L'Equipe vieux de plusieurs mois ne lui plaisait pas : qui s'offusque de ces attitudes de délinquants ? D'autres que des sportifs agiraient ainsi qu'ils seraient immédiatement condamnés et sanctionnés. Mais on ne touche pas aux nouveaux dieux de l'Olympe.

Allons un peu plus loin dans la réflexion : le coup de boule de Zidane, les mauvaises manières des footballeurs de l'équipe de France, la vulgarité fréquente dans le monde du sport, tout se tient : il y a du voyou dans le sportif. Une activité qui exalte le corps, quand elle se laisse aller et déborder, produit des réactions physiques typiques au monde des voyous. Pour le dire plus trivialement : "Jeux de mains, jeux de vilains", le bon sens populaire le comprend très bien.

Pour ne pas être accusé de parti pris ou d'injustice, je serai tout autant critique à l'égard de ma confrérie professionnelle : les philosophes sont des filous comme les sportifs sont des voyous. Un philosophe travaille avec les mots comme un sportif avec les muscles. Les mots, on peut en faire très vite ce qu'on veut et n'importe quoi, certains philosophes, parfois très grands, ne s'en privant pas. A tout prendre, je me demande même si les filousophes ne sont pas plus répréhensibles que les sportifs, parce que les idées qu'ils produisent ont des conséquences beaucoup plus négatives. A leur décharge, ils sont moins nombreux et moins influents.

2 commentaires:

Anonyme a dit…

Le sport c'est l'outil pour dépenser son trop plein d'énergie, Il permet de canaliser une violence et des tensions que beaucoup possédent en eux.
On passe son temps à se contenir dans notre société, la plus part de nos métiers nous obligent à nous mouler dans des conventions, à adopter des habits et un langage qui n'est pas naturel.
chaque matin nous avons des objectif à ateindre , des comptes a rendre sur les chiffres d'affaires réalisés , notre productivité....
Heureusement qu'il y a le sport pour se lacher car on deviendrait fou et la société encore plus violente.
Nous avons de plus en plus de pression dans notre travail,et d'obligations quotidienne avec nos enfants, nos parents... il faut une soupape.
A part le sport comment pouvons nous liberer notre energie ???
Le sport ne nous enferme pas dans une religion, c'est un outil libérateur passionnant qui permet à chacun de trouver son équilibre.
Pour ne pas aressentir le besoin de transpirer, il faut peut etre juste être heureux dans la vie, et surtout avoir réussi à faire se qu on aime.
En France 2 actifs sur 3 ne sont pas heureux au travail (ipsos 2011)

Lormont a dit…

Parfaitement d'accord avec votre critique de l'overdose olymique. Anonyme a raison dans la mesure où il évoque le sport pratiqué personnellement, sans esprit de compétition si les pratiquants y trouvent leur bonheu