samedi 25 août 2012

Qui après Aubry ?



Je suppose qu'il ne va être question que de ça ce week-end à La Rochelle, entre camarades : qui va, qui veut, qui peut succéder à Martine Aubry ? La tête du parti, ce n'est pas rien. Tous les postes de pouvoir ont été distribués pour plusieurs années ; il ne reste plus que celui-là, et non des moindres, quoique assez ingrat : premier secrétaire du PS. Comme toujours en politique, avant de choisir les hommes, il faut fixer les lignes ; on voit après qui est le mieux placé pour les appliquer. Sinon c'est le bazar, le choc des ambitions et des intérêts personnels.

J'attends deux choses du parti socialiste au pouvoir, dans son fonctionnement interne : d'abord, que la profonde rénovation des règles initiée par Martine Aubry se poursuivre (et il y a encore du boulot ! extension du champ des primaires, non cumul des mandats, démocratisation des statuts, etc). Ensuite, que le soutien au gouvernement soit sans faille : le parti godillot, je suis pour ! Ce sont de très bonnes chaussures de marche injustement critiquées, qui permettent pourtant d'aller très loin. Quand on est au pouvoir, c'est très recommandé (dans l'opposition, c'est différent).

Un parti politique n'est pas un club de réflexion où chacun dit et pense ce qu'il veut ; c'est une machine de guerre. On a certes le droit d'avoir des états d'âme et de les exprimer (c'est ce que je fais) : mais il y a des lieux pour ça, l'internet, les think tank, les conversations privées, les réunions internes de section (quand elles ont lieu !). Les élus et les responsables d'un parti, à quelque niveau que ce soit, sont tenus à la discipline, à la solidarité, à la responsabilité (les simples adhérents comme moi, c'est un peu différent). Il faudra que le nouveau premier secrétaire soit strict sur ce point-là (le contre-exemple absolu, pour lequel j'en veux beaucoup à François Hollande mais il y a aujourd'hui prescription, c'est 2005 et la violation par notre aile gauche du vote majoritaire des adhérents en faveur du traité constitutionnel européen).

Après quoi, alors qui ? J'aurais souhaité que Martine Aubry, qui a fait pendant quatre ans un très bon travail, reste à son poste. Elle n'est pas au gouvernement, elle mérite d'être à la tête du parti : le rassemblement, c'est ça aussi, que chacun exerce une responsabilité à hauteur de ce qu'il est. A défaut, où vont mes préférences ? Parmi les candidats déclarés, je ne vois pas : Harlem Désir était formidable il y a vingt-cinq ans à la tête de SOS racisme, mais aujourd'hui il fait un peu trop apparatchik (ce n'est pas une insulte, c'est un fait, et puis il en faut); Jean-Christophe Cambadélis est un tacticien hors-pair mais trop homme d'appareil (en interne, il fait merveille, mais un premier secrétaire s'adresse aussi à l'opinion et répond à la droite).

Pour le moment, je ne sais donc pas trop. J'ai quand même trois pistes, trois noms : d'abord, François Rebsamen, parce que c'est un proche de Hollande, qu'il a à la fois de la souplesse et de l'autorité, parce qu'il saura remettre les indisciplinés dans le rang, en rappelant à chacun à qui il doit son pouvoir, ce qui est toujours en politique un excellent exercice d'humilité. Ensuite, Gaëtan Gorce, parce que c'est un visage nouveau, pas très connu du grand public, très soucieux de continuer la rénovation du parti (il a déposé une contribution en ce sens), homme d'idées, personnalité ouverte et sympathique. Enfin, au risque de vous surprendre, je pense à ... Ségolène Royal, dont je ne suis pourtant pas un fan. Mais la politique ne consiste pas à privilégier des préférences personnelles, subjectives, aussi argumentées soient-elles ; la seule question qui importe, c'est de savoir qui serait le mieux placé pour le job, qui serait dans les circonstances actuelles le plus utile à la direction du parti.

Ségolène a porté les couleurs du socialisme aux présidentielles, a connu un véritable élan de popularité (qui d'une certaine façon demeure, quoi qu'on dise), a été trahie aux dernières législatives, n'a plus aujourd'hui les fortes responsabilités nationales qu'elle est en droit d'attendre et que nous sommes en droit d'espérer pour elle. Car il y va, là encore, du rassemblement de tous les socialistes. Et on ne rassemble pas en brassant du vent mais en distribuant des postes, le plus judicieusement possible. Royal à la tête du parti, ça ne manquerait pas d'allure, ce serait un choix intelligent !

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