dimanche 29 juin 2014

O gays, vive la rose !



J'ai fait un p'tit tour hier après-midi par la Gay Pride, à Paris. Pourtant, je ne suis qu'un pauvre "hétéro normé", pour parler le langage LGBT (Lesbiennes, Gays, Bisexuels, Transsexuels), en vigueur tout au long du boulevard Saint-Michel. Le carré de tête était mené par la toute nouvelle maire de Paris, Anne Hidalgo, hétéro elle aussi, mais ici comme un poisson dans l'eau (vignette 1). La banderole qui barrait la rue disait tout : "Nos corps, nos vies, nos familles : plus de droits pour tou-te-s !"

La Gay Pride, c'est pas mon style, je ne faisais pas très couleur locale, mais c'est ma famille, celle de la gauche, des défenseurs de toutes les libertés qui n'empiètent pas sur celles des autres. Bon, les homos en font parfois un peu trop, comme ces militants radicaux qui accusent violemment le gouvernement de ne pas en faire assez (notamment en matière de PMA et GPA). Le mariage homosexuel, c'est quand même le PS, et ça a été moins facile qu'on pouvait le penser !

Sur le fond, quelque chose me surprend : il y a 30 ou 40 ans, être pédé, gouine, bi ou trans, c'était contester l'ordre établi, la morale conventionnelle, la société bourgeoise. Aujourd'hui, nos amis LGBT ne sont plus en quête de différence, de liberté, de révolte mais de reconnaissance, de normalisation, de respectabilité. Avant, leurs amours étaient dissidentes, marginales, transgressives ; désormais, elles recherchent à s'intégrer à la société, en se mariant, fondant une famille, etc. Elles y gagnent sûrement en sécurité matérielle, légale et morale ; mais elles y perdent en romanesque, en singularité, en provocation : vouloir être comme tout le monde, quelle tristesse ! Bientôt, les vrais hérétiques, ce seront les hétéros ...

Parmi les nombreux chars, j'ai retenu celui des policiers et des gendarmes (vignette 2), d'abord parce qu'ils m'ont tiré dessus avec leurs pistolets ... à eau. Mais je n'ai pas été touché, puisque j'étais déjà trempé par la pluie. Ensuite parce que le passage devant leurs collègues CRS, vigilant tout au long du parcours, ne manquait pas de piquant. Enfin parce que c'est la preuve qu'il n'y a plus à craindre de désordre moral lorsque les forces de l'ordre elles-mêmes sont gagnées par l'esprit et la pratique LGBT.

Autre char révélateur : celui du mouvement GayLib (vignette 3), les homos de droite, rattachés à l'UDI, c'est-à-dire ce qui était il n'y a pas si longtemps, ce qui redeviendra sans doute prochainement une composante de l'UMP. Voilà comment la gauche remporte des victoires ! Non pas en écrasant l'adversaire politique, mais en le raccrochant à son char, derrière les partis de gauche et d'extrême gauche, les syndicats, les associations progressistes et le petit MoDem. Vous verrez : un jour ou l'autre, ils y viendront tous, Juppé, Fillon, Bertrand, bras dessus bras dessous ... Mais les premiers, ç'aura été nous, les socialos !

Pour finir, je devais satisfaire au folklore, immortaliser deux superbes drag queens (vignette 4). Pour prouver aussi qu'il n'y a nulle décadence dans ce genre d'exhibition, aucun danger pour les moeurs : c'est carnaval, tout simplement, pas plus inquiétant que des Berrichons en costumes qui dansent la bourrée au son de la vielle (là, pour le coup, je me sentirais plus couleur local, quoique le fond soit un tantinet réac). Ceci dit, qu'est-ce qu'un pauvre "hétéro normé" comme moi peut comprendre à tout ça ?

3 commentaires:

Anonyme a dit…

Vous étiez aussi en drag queens pour ne pas vous faire repérer ???

Anonyme a dit…

Vous avez raison la gauche a ete la premiere a soutenir les gays et la droite a fini par suivre, tout comme la gauche a bien fini par se convertir a l economie de marche et suivre la droite en se raccrochant au char du liberalisme.

Emmanuel Mousset a dit…

1- Non, je ne joue pas aux Dupond et Dupont.

2- Oui, il est bon que la gauche se soit convertie au marché et ait rompu avec le collectivisme, qui a partout échoué et partout opprimé les peuples. Mais pas besoin de suivre la droite pour ça.

3- Vous vous appelez Ben Hur peut-être ?