jeudi 26 juin 2014

Lavrilleux le Maudit



Presse, radio, télévision, le Saint-Quentinois Jérôme Lavrilleux est devenu en quelques jours une vedette nationale, dans l'affaire Bygmalion. Il avait fait parler de lui, mais brièvement, lors de l'élection contestée de Jean-François Copé à la tête de l'UMP. Depuis, sa confession en direct sur BFMTV a marqué, et il n'est plus question que de lui quand sont évoquées les mésaventures financières du parti. Mais ce vedettariat est négatif : les jugements portés sur Jérôme Lavrilleux, venant des journalistes ou même de certains de ses amis politiques, sont durs, sévères, parfois cruels.

Je ne vais pas joindre ma voix à cet hallali. Quand quelqu'un est à terre et détesté par presque tous, en voie d'être exclu de son parti, je n'augmente pas la meute. C'est une question de principe. Mais il y a d'autres raisons. D'abord, c'est une affaire de justice : fausses factures, dépassement des comptes de campagne, les tribunaux doivent instruire le dossier, faire leur travail et juger. Les politiques ne doivent pas se substituer à eux, utiliser ce scandale à des fins partisanes. Ce devrait être une ligne de conduite permanente : distinguer strictement le politique et le judiciaire.

D'autant que l'exploitation de l'affaire Bygmalion ne rapportera pas une voix à la gauche. Le gagnant, c'est toujours le même, c'est celui qui profite des dérives de la République : le Front national, évidemment, qui alimentera ainsi sa rhétorique anti-système. Surtout, Jérôme Lavrilleux joue dans cette affaire, volontairement ou pas, le rôle de bouc émissaire, de fusible, un paratonnerre derrière quoi se cachent les véritables responsables. Car qui est Lavrilleux ? Pas essentiellement un leader politique, bien qu'il soit conseiller général et maintenant député européen. C'est un brillant second, un fidèle lieutenant, un technicien, un organisateur au service de ses patrons, Copé et Sarkozy. Les responsables, ce sont eux, et lourdement responsables, si la justice confirme ce qui a été révélé.

Je ne plaindrais pas non plus Jérôme Lavrilleux. Il n'est pas une victime, il a fait des choix, il s'est retrouvé à un niveau forcément à hauts risques. De plus, tout n'est pas fini pour lui : ce genre de vie est fait pour rebondir. Mais il est inutile de l'enfoncer encore plus.

8 commentaires:

Anonyme a dit…

Entrer en politique comme on entre en religion c'est aller au devant du danger ... Avec un risque maximum , car si les prélats sont souvent les protecteurs des hommes de l'église .... En politique le courtisant vassal est un esclave corvéable et jetable sans ménagement ...

Anonyme a dit…

Entièrement d accord.
N oublions pas qu en son temps, le PS a connu Urba Gracco
Une seule chose pour Jérôme Lavrilleux qui n est qu un exécutant dans cette affaire Bygmalion : Qu il devienne moins arrogant.

Anonyme a dit…

La bombe est enfouie dans le marasme politique depuis 2012 , et sans doute avant par certains autres aspects , mais dans ce genre d’affaires il n' y a pas de démineurs !!! Et il ne faut surtout pas amorcer cette bombe particulièrement par voie de PRESSE ... Seuls policiers et magistrats sont là pour déterminer les responsabilités des poseurs de la ou des bombes dans cette affaire et ils seront sans doute très indisposés de l'étalage déjà intervenu sous couvert d'une confession à l'américaine qui dénote une conception de la politique uniquement à base de com et d'événementiel ; ce qui est pitoyable et catastrophique !!!

Anonyme a dit…

C'est vous qui étiez son second dans le scrutin et donc pas brillant ...

Emmanuel Mousset a dit…

Tout de même, j'ai failli le battre, dans un canton détenu depuis 50 ans par la droite. Depuis, personne n'a fait mieux. Mais la prochaine fois, je ferai mieux, c'est promis.

Anonyme a dit…

On se rassure toujours comme on peut. J'ai failli le battre.......j'ai pas perdu de beaucoup........J'ai presque gagné.
Oui mais en politique on gagne ou on perd et c'est tout.
D'ailleurs ce que je dis la, c'est vous qui le dites en général,sauf pour vous bien sûr.

Emmanuel Mousset a dit…

C'est que je suis une exception à la règle, pour des raisons évidentes.

Anonyme a dit…

Par certains cotés vous aussi voyez la POLITIQUE comme un jeu ; très grave erreur , pour le PEUPLE la politique c'est y voir l' amélioration de son mode de vie par des actions de terrains et le maintien de la JUSTICE dans toute sa rigueur ... Et en premier dans les combats contre le gaspillage ; la fraude et les malversations de la classe politique ....

À l'UMP, Lavrilleux est soupçonné de tout - d'être plus fin que Copé, plus manipulateur, plus vicieux, plus habile, un grand marionnettiste en somme, à moins que ce ne soit un père Joseph, le capucin de Richelieu - sauf d'être inoffensif. "Redoutable", ils disent tous, avec sur les lèvres le goût du fantasme, de la fascination-répulsion, aussi, pour ce grand jeune homme trop mince qui a su comme nul autre se rendre indispensable non seulement à Copé, mais aussi à Sarkozy ! "Jérôme, c'est un génie politique, nous jurait Bastien Millot en janvier. Il est accro aux séries américaines politiques. "The West Wing", il connaît par coeur. Il a beaucoup plus de cynisme que Copé. Il est beaucoup plus méchant. Il voit la politique comme un jeu." Il a perdu, semble-t-il.