vendredi 17 mars 2017

Salut les copains



Quelle semaine à gauche ! Manuel Valls ne parraine pas la candidature de Benoit Hamon. En clair, ça signifie qu'il ne le soutient pas. Et pour être encore plus clair, il le traitre de "sectaire". Ce n'est pas exactement le mot que j'emploierais pour qualifier le candidat socialiste. Je préfère dire qu'il n'est plus socialiste, qu'il souhaite transformer le PS en Podemos à la française : fin du travail, revenu universel, légalisation du cannabis et tutti quanti. Ce n'est pas dans la tradition socialiste. Bien sûr, ce projet est éminemment respectable, mais ce n'est pas ce que j'ai connu et approuvé en adhérant au Parti socialiste.

Le pire, c'est l'ambiguïté d'Hamon, qui continue à affirmer : "Je suis social-démocrate". Non, on ne peut pas dire une chose et soutenir son contraire. Hamon, c'est le discours du Bourget à l'envers : Hollande a prononcé son stupide "mon ennemi, c'est la finance" et s'est ainsi fait élire sur ce malentendu, qu'on ne cesse maintenant de lui répéter et de lui reprocher, alors que son programme était parfaitement social-démocrate. Hamon nous fait le jeu inverse, mais lui n'est pas suivi.

Valls accuse Hamon de sectarisme, Hamon accuse Valls de traitrise : ne pas respecter les règles de la primaire, qui exigent que les vaincus soutiennent le vainqueur. Pourtant, c'était couru d'avance : en dépit de toutes les déclarations sur l'honneur, juré craché, un être humain ne peut pas apporter son soutien à des idées avec lesquelles il est en profond désaccord. Ce n'est plus de la discipline ou un sacrifice, mais carrément de la folie. Le système des primaires était cette fois-ci plombé d'avance : il ne fonctionne que lorsqu'un parti est dans l'opposition.

Arnaud Montebourg a mis son grain de sel, accusant lui aussi Valls de trahison et s'en prenant à Macron, le traitant de "mort-vivant" (sic) : "c'est le candidat du libéralisme et de la mondialisation". Comment peut-on être aussi aveugle, aussi partial à l'égard de quelqu'un avec lequel on a travaillé et gouverné pendant des années ? Montebourg aura l'air malin quand il devra, au second tour, appeler à voter pour Macron ! Je me demande parfois s'il ne fait pas semblant d'être bête : il appelle très sérieusement Mélenchon à retirer sa candidature au profit d'Hamon, il est persuadé que cette solution est possible, il croit en l'union entre les deux hommes. Ca se passe de commentaire ...

Cécile Duflot, de son côté, s'en prend à Macron sur Twitter, en le qualifiant de "gros lourd" qui "fait des risettes aux pandas" (devant les chasseurs, le candidat d'En Marche ! avait égratigné le programme d'EELV). Et cette femme-là a été ministre de la République ? Je sais bien que les réseaux sociaux autorisent et encouragent toutes les flatulences verbales, mais on pourrait espérer que ce relâchement n'atteigne pas un certain niveau. Nous n'allons tout de même pas devenir comme Trump !

Toute cette agitation relève d'un problème de fond : Emmanuel Macron est en situation de gagner l'élection présidentielle, Benoit Hamon risque de figurer en cinquième position, derrière Jean-Luc Mélenchon, c'est donc l'avenir du PS qui est en jeu. Tout le problème, c'est le jour d'après : Macron président, Mélenchon leader de la gauche, les socialistes scindés en deux camps "irréconciliables", pour reprendre l'expression de Manuel Valls, que deviendra le Parti socialiste, sinon une puissance purement locale et une force marginalisée au niveau national, comme c'est déjà le cas dans certains pays européens ?

En attendant, attendons ! Chaque chose en son temps et la parole aux électeurs, qui en décideront. Pour l'instant, Emmanuel Macron n'a pas besoin du PS, mais il se pourrait bien que le PS ait besoin dans quelque temps d'Emmanuel Macron. Macron doit rester sur sa ligne, En Marche ! ne peut pas devenir le réceptacle des cocus et des déçus. Des ralliements peuvent porter la poisse. Macron a eu un mot très drôle : "Je n'ai pas fondé une maison d'hôtes". Même pour les copains, nouveaux ou anciens.

7 commentaires:

H H a dit…

Pour l'instant, Emmanuel Macron n'a pas besoin du PS mais il n'a pas craché dessus pour se hisser là où il est.
Parce que son mouvement, ce n'est pas "en marche !", c'est "ôte toi de là que je m'y mette !" tant il est vrai que ce sera difficile de voir quelque différence entre hollandisme et macronisme voire vallsisme.

Anonyme a dit…

la sociale-démocratie n'est pas uniforme: il n'y a pas une seule forme de sociale-démocratie dont vous seriez le seul à avoir la bonne définition. Entre Hamon et Valls ce n'est que 2 approches, variantes, sensibilité: le premier est plus à gauche que le premier mais tous deux ils se contenteront comme Macron, au-delà des apparences, à gérer une Europe et mondialisation néolibérales en faisant du "care" comme l'envisageait Martine Aubry. La différence c'est qu'il n'y a plus personne pour opérer une synthèse comme les socialistes le faisaient depuis Mitterrand. Autrement dit ils ne feront rien contre le chômage et la pauvreté de masse.

Anonyme a dit…

Valls a eu tort de révéler officiellement son hostilité à Hamon, on ne sort de l'ambiguïté qu'à son détriment. Il aurait du attendre l'échec programmé d'Hamon en 5è place du premier tour de l'élection présidentielle derrière Mélenchon. Dans ce cas-là Hamon serait laminé politiquement comme le PS qui sera à prendre.
Ne vous en déplaise Macron aura bien besoin de ces ralliés, de l'aile droite du P"S" pour obtenir une majorité parlementaire d'autant plus qu'il se situe dans la continuité de la politique d'Hollande. C'est bien pourquoi tant de "Hollandais" sont tentés de le rallier.

Emmanuel Mousset a dit…

1- Là où est Macron, ce n'est pas le PS qui l'y a mis.

2- Je ne prétends pas avoir le monopole de la social-démocratie.

3- Macron, après son élection, aura besoin de tout le monde, et pas plus des uns que des autres.

Anonyme a dit…

Macron est avec les autres dans le marigot populiste.
Le populisme une discipline littéraire ?
Après une présentation par leur Président, le Conseil de l’ordre des médecins a posé une série de questions aux candidats.
Dupont Aignan, Fillon, Hamon, Le Pen, Macron y ont répondu.
Vidéo de l’ensemble :
http://lagrandeconsultation.medecin.fr/node/162
On peut être éventuellement déçu par les réponses qui semblent beaucoup plus littéraires que techniques.
On sent bien qu’elles ne visent qu’un effet à très court terme : « attraper » des bulletins.
On ne vexe personne, on agite l’éventualité d’une récompense financière mais on ne parle pas ou peu des financements … etc.
Une fois élu on s’en remettra à des « conseillers » issus d’une écurie de lobbying ou d’une école de pensée à œillères voire des deux !
Ici nous sommes en plein populisme de bon aloi.
Sauf Marine Le Pen qui quoiqu’elle dise sera toujours dans celui de mauvais aloi.
Mark Rutte s'est félicité, tout sourire, devant une salle bondée à La Haye, après les élections législatives de ce 15 mars."Après le Brexit et après les élections aux Etats-Unis, les Pays-Bas ont dit stop au populisme de mauvais aloi ».
Enfin grâce Mark Rutte l’aveu implicite que dans nos démocraties nous nageons nous nous noyons dans le populisme !
Concernant son aloi, le bon c’est le mien le mauvais celui des autres.

Anonyme a dit…

Bande de Tartufes ! Si on avait viré le Thénardier de la Sarthe fin janvier, la droite aurait eu le temps de se trouver un candidat présentable. Maintenant il va falloir se taper Macron. Ça sera la punition.

Philippe a dit…

J'ai sciemment mis à disposition les réponses littéraires faites aux questions techniques élaborées par des médecins en activité.
Les réponses ne sont que des mots rien que des mots et bien sûr la promesse près électorale d’augmenter les revenus des médecins, un véritable exercice pour Grand Oral de l’ENA ! Techniquement nullissime !!!
En post électoral chacun s’en remettra à ses conseillers santé un lobbyiste d’une grande usine à médicaments pour Macron, un assureur privé pour Fillon … etc.
Dans chaque activité humaine si le même exercice était possible avec ces candidats les professionnels du domaine concerné seraient bien déçus par le gloubi-boulga littéraire qui leur serait servi !
Des borgnes élisant des aveugles ?
« Elections piège à cons » ?
Sans doute n’y a-t-il aucune bonne solution.