lundi 27 mars 2017

L'avenir de la gauche



Nous avons la manie de croire que tout est nouveau. L'actuelle campagne présidentielle est à bien des égards inédite. Mais ses surprises ont de lointaines causes, à gauche en tout cas. Pour ce camp, le résultat va être déterminant, beaucoup plus que pour la droite. Si celle-ci perd, les raisons auront été conjoncturelles, un candidat pris dans d'inextricables affaires à répétition. Si Macron l'emporte, si Mélenchon fait mieux qu'Hamon, c'est toute la gauche qui basculera dans une recomposition d'une ampleur comparable, il y a plus de 40 ans, à l'extinction de la SFIO au profit du tout nouveau PS.

Là où il y a rien de nouveau sous le soleil, c'est que les deux "gauches irréconciliables" théorisées par Manuel Valls étaient déjà repérables dans les années 70. Nous fêterons le 18 juin prochain les 40 ans du discours de Michel Rocard au congrès du PS à Nantes : c'est d'une incroyable limpidité (Rocard hélas ne nous a pas toujours habitués à une telle clarté dans son parler) et d'une surprenante actualité (en vignette, Le Un, qui a eu l'heureuse idée, dans le numéro de cette semaine, de publier des extraits de ce texte fondateur).

Bien sûr, le vocabulaire est d'époque et le contexte politique est complètement différent, mais l'essentiel est là : la gauche est traversée par deux sensibilités, l'une étatique, jacobine, protectionniste, l'autre décentralisatrice, libéralisatrice et autogestionnaire : avec les précautions d'usage qu'il faut avoir dans toute comparaison, c'est l'opposition entre Mélenchon et Macron (j'attends avec impatience un débat télévisé entre ces deux-là, qui nous éclairera sur le fond, car l'un et l'autre sont des hommes de cohérence et de conviction).

Rocard, que lui reprochait-on ? D'être un libéral et de vouloir gouverner avec les centristes, ce qui lui avait valu le surnom de Rocard d'Estaing (en allusion à VGE, alors président). Qu'est-ce qu'on reproche aujourd'hui à Macron ? A peu près la même chose, sous des termes différents ! Ce qui a changé, c'est que Rocard croyait encore, dans les années 70, à l'union entre ces deux cultures de gauche. Aujourd'hui, leur séparation passe à l'intérieur du PS. L'intérêt tactique de conquête du pouvoir ne suffit plus à les concilier.

Ce qui a aussi changé, c'est que le PCF, puissant à l'époque, est aujourd'hui marginalisé. Il y a beaucoup moins de différences entre le socialiste Benoit Hamon et le communiste Pierre Laurent qu'entre François Mitterrand et Georges Marchais autrefois. C'est pourquoi, après leur probable défaite, Mélenchon et Hamon ne pourront que se rapprocher, s'unir dans une même structure, tandis que Macron au pouvoir incarnera une social-démocratie renouvelée, un rocardisme d'aujourd'hui, un parti démocrate à l'américaine, un parti travailliste à la Blair. "Le changement dans la continuité", disait Giscard en son temps : la remarque est vraie aussi pour les évolutions politiques. La surface est sans cesse agitée, mais les courants de fond demeurent. 

3 commentaires:

albert a dit…

Macron ne vaut pas mieux que les autres. Vous croyez qu'il est rentré comment à Rothschild et a gagné un million en un an, en passant un entretien d'embauche ou en profitant de ses réseaux ? Vous vivez sur quelle planète ? Et son argent, où est-il est passé ? Mais comme le PNF s'en fout, le beauf moyen aussi ;) De deux, Fillon a le programme réformateur mis en oeuvre par l'Europe du Nord, celui de la prospérité économique et des 3% de chômage... Mais vous préférez garder vos petites retraites et vos 35 heures qui font de nous la risée du monde, vos enfants paieront ! Après moi, le déluge...

patriote a dit…

Ce matin sur Europe 1, MLP était remarquable de clarté. Il faut le reconnaître, qu'on soit d'accord ou pas avec elle. Rien à voir avec le verbiage ampoulé de Macron. Il faut dire que pour une fois l'intervieweur lui laissait finir ses phrases sans l'interrompre.

Anonyme a dit…

Albert, vous croyez que l'on rentre chez Rothschild pour faire de la figuration, non c'est pour travailler. S'il a gagné du pognon dans ce milieu la c'est qu'il était compétent, l'obligation de résultat dans la vie réelle cela existe. Vaut mieux comme président quelqu'un qui comprend comment cela fonctionne les finances à l'internationale pour ne pas se faire phagocyter! Macron a des états de services tandis que Fillon peine déjà a gérer son budget familial ( se fait rembourser le mariage de sa fille, emprunte a ses enfants pour payer ses impôts, se fait offrir ses habits, pas très rassurant tout cela!).