jeudi 30 mars 2017

La politique, ça se soigne



Dans un livre paru hier, Bruno Le Maire, l'un des rares intellectuels engagé en politique, affirme que celle-ci, en des mots très durs, est ... une maladie mentale. Jugez-en plutôt : "La politique, ça écrase tout le reste de la vie, ça absorbe tout, ça prend tout, ça vole tout". Ou encore : "Les deux névroses en politique, c'est le narcissisme et la haine de soi" (apparemment contradictoire, mais très juste : quelqu'un qui s'aime et qui aime les autres ne va pas s'emmerder en politique, où l'on cherche désespérément à ce que les autres vous aiment). Enfin : "Les hommes politiques, ils sont dépressifs et alcooliques. Parce que la folie de la politique, c'est qu'il ne faut jamais voir les choses telles qu'elles sont, il faut se projeter au-delà, nier la réalité". J'ajouterais peut-être : faire de la politique, c'est souvent vouloir régler les problèmes des autres alors qu'on est incapable de régler les siens.

La charge de Bruno Le Maire est violente, mais lucide et pertinente. Oui, c'est bien ça la politique. Mais pas que ça : c'est l'indispensable gestion des sociétés, qui réclame intelligence et vertu. A mon petit niveau, j'ai pu constater cette dimension névrotique : parano, hystérie, obsession, psychose, perversité, oui, tout ça est monnaie courante en politique, bien sûr à des degrés divers, pas forcément puissants. Surtout, on y trouve presque immanquablement ce besoin maladif de reconnaissance, qui ne touche pas à ce point l'homme normal, se contentant de l'image que lui renvoient ses proches, en famille, entre amis ou au travail.

Bruno Le Maire, malgré les apparences, n'est pas complètement pessimiste (sinon, on peut penser qu'il abandonnerait l'activité publique). D'abord, selon lui, ce n'est pas la politique qui rend fou, mais ce sont les fous qui sont attirés par la politique : "Ce n'est pas la politique qui rend névrotique, on l'est avant, on s'y retrouve". Et puis, il propose un remède bien connu, guérir le mal par le mal : "La politique, c'est le décalage entre ta réalité et ton rêve. Les deux ne coïncident jamais, sauf le jour où tu es élu. Le pouvoir, c'est la guérison de la haine de soi".

Oui, c'est très bien vu. Contrairement à ce qu'on pense, ce n'est pas le pouvoir qui rend malade, c'est le fait de ne pas l'avoir (ou de le perdre), qui alimente alors tous les fantasmes. Un élu, confronté à la réalité, sera toujours moins dangereux qu'un non élu, perdu dans ses rêves et son ressentiment. C'est pourquoi on ne guérit bien de la politique que par l'exercice du pouvoir. Le Maire a raison, mais ça ne règle pas le problème de tous ceux qui sont en dehors, et qui sont beaucoup plus nombreux que ceux au sommet. Et puis, vouloir traiter le mal par le mal, ça ne me convient pas trop non plus.

Non, je préfère une ordonnance plus vertueuse, qui passe par quatre prescriptions, à mon avis efficaces :

1- Ne pas vouloir à tout prix une place, même s'il est légitime de chercher à accéder à des responsabilités.

2- Cultiver une distance entre soi et les autres, les événements, pour ne pas en être dépendant.

3- Mettre dans sa vie quelque chose de supérieur à la politique, afin de ne pas faire de celle-ci un absolu.

4- Pratiquer l'autodérision, afin d'atténuer l'effet dévastateur que prend le combat politique, où les autres, mêmes les proches, sont toujours l'ennemi, effectif ou potentiel, à affronter ou à surveiller.

Pour autant, je ne prétends pas ainsi guérir de la politique, dont les ressorts sont sans doute autrement plus profonds. Mais en soigner les grands ou petits malades, oui, sûrement.

3 commentaires:

Anonyme a dit…

En fait il en va ainsi de beaucoup d'activités humaines....

Philippe a dit…

Des livres ont eu pour titre : ces malades qui nous gouvernent ou ces fous …

https://www.scienceshumaines.com/ces-fous-qui-nous-gouvernent-comment-la-psychologie-permet-de-comprendre-les-hommes-politiques_fr_15615.html

Mais nous les électeurs nous préférons élire des « fous » que les gens banalement à peu près équilibrés.
Pourquoi « voilà une question qu’elle est bonne ! »

Pour revenir à celui de nos fous qui pour l’instant serait sur la meilleure orbite il sera sur en face d’une contestation très violent en légitimité … toutes les dénégations n’y feront rien …
Trop de magouilles et de magouilleurs professionnels dans sa périphérie ...

Anonyme a dit…

Si Bruno Le Maire fait le constat que la politique est une maladie mentale il serait bien avisé de se retirer de ce champs de fou. S'il ne le fait pas c'est qu'il est largement atteint malgré un éclair de lucidité. Cela ne ferait qu'un oligarque dans sa variante de droite de l'oligarchie ultralibérale, européiste et mondialisée étrangère au peuple français.
Mais pour quoi veulent-ils le pouvoir tous ces politiciens alors qu'ils ne seront que les fondés de pouvoir de la bureaucratie bruxelloise et de la droite allemande, et de la BCE ?
Bien évidemment Macron ne fait pas exception à cette règle, seul Jean-Luc Mélenchon propose une véritable alternative politique d'ailleurs les français ne s'y trompent pas puisqu'il ne cesse de progresser dans les sondages au détriment notamment du candidat du parti "socialiste". Il se rapproche de la seconde place pour le second tour.