mercredi 8 mars 2017

Les Bartolone et les Delanoë



Les socialistes se divisent en deux catégories : il y a les Bartolone, il y a les Delanoë. Les premiers sont des prudents, des moitiés de malins : ils attendent. Les seconds sont des audacieux et des convaincus : ils s'engagent. Vous m'avez compris : je méprise les uns, j'admire les autres. Pourquoi de mêmes socialistes sont-ils si différents ? Parce que les Bartolone, toute leur vie, ont suivi quelqu'un, ont été n°2 de quelque chose. Quand il n'y a plus personne à suivre, ou pire, quand ils sont écartelés entre deux, ils sont paumés. Les Delanoë, eux, ont été premiers : ce sont des hommes libres, qui ne se déterminent que par rapport à eux-mêmes.

Dans Le Monde paru hier, Claude Bartolone donne un triste spectacle : il est en désaccord de fond avec Hamon, il ne se reconnaît pas dans son projet. C'est bien, tout socialiste normal ne peut que réagir ainsi. On le sent tenté par Macron. Mais il n'ose pas encore. Barto n'a pas fait son choix, nous dit-il. Il hésite. Eh oui : d'habitude, ce sont les autres qui choisissent pour lui. Pour le moment, il attend de voir.

Oh ! ils sont nombreux au PS, les Bartolone, qui attendent de voir. De voir quoi ? Le point d'irréversibilité où Hamon ne pourra plus rattraper son retard, où Macron sera le seul en capacité de l'emporter. A ce moment-là, tous les Bartolone de France et de Navarre se mettront en marche vers Macron. Il nous faudra les accueillir généreusement, salués du léger mépris que méritent tous les ralliés de la dernière heure, comme un peu de piment relève un plat fade. Bartolone a cette phrase remarquable : "On est tous ballotés par les événements". Oui, c'est le destin des ballots. A sa décharge, il faut rappeler que c'est un homme humilié, en souffrance : Hollande a dit de lui, dans un fameux bouquins à sensations, qu'il était "sans envergure".

Sur France Inter, ce matin, Bertrand Delanoë nous a fait du bien. Ce socialiste est une lame. Son jugement est tranchant, son analyse affutée. Il a plié, vite fait, Hamon en trois : ce n'est pas un rassembleur, son projet ne va pas dans le sens du progrès social, il n'est pas crédible. Delanoë n'attend pas, n'hésite pas : il vote Macron. Parce que le projet de celui-ci est sérieux, social-démocrate et le mieux à même de contrer Le Pen. Qui se souvient qu'il y a dix ans, Bertrand Delanoë était un Macron avant l'heure ? Il se proclamait alors "libéral", ce qui avait fait trembler dans les chaumières. Pourquoi a-t-il alors échoué là où Macron est en passe de réussir ? Parce que Delanoë a cru qu'on pouvait rénover le PS de l'intérieur. Macron s'est vite détaché de cette illusion.

Au Parti socialiste, il y a beaucoup de Bartolone et seulement quelques Delanoë. Mais les autres partis sont logés à la même enseigne.

11 commentaires:

Erwan Blesbois a dit…

D'un côté la peur que peut inspirer une aventure populiste, de l'autre côté la promesse d'un ultra libéralisme déterritorialisant et aliénant... On a le choix entre Charybde et Scylla. On ne se détermine plus selon un bien mais selon un moindre mal. Moindre mal qui est la définition du projet libéral depuis ses origines. Triste monde, triste époque... J'ose espérer que le quasi fanatisme pro Macron affiché sur ce blog est désabusé. Le libéralisme était censé éviter les guerres, pour les remplacer par le "doux commerce" ; or nous vivons sous un régime très dur de guerre économique. Le commerce au départ ce n'était pas la guerre, mais ça l'est devenu, très clairement. Emmanuel Mousset est comme un de ces adjudants de la première guerre mondiale, avec son sifflet et son revolver, pour tirer dans le dos des poilus qui rechigneraient à accomplir leur "devoir" de sortir de la tranchée, ou qui voudraient faire marche arrière : attitude anti progressiste, donc condamnable. "Le monde est beau, le monde est beau, c'est mieux qu'avant j'vous dis !", à force d'appliquer la méthode Coué, ça finira par rentrer même dans les crânes les plus obtus...

Anonyme a dit…

Et avec tout ça ; on va où ??

Anonyme a dit…

Boy George soutient Emmanuel Macron… et le fait savoir ! « J’adore la France et j’es¬père qu’Em¬manuel Macron arrêtera qu'elle vire à droite », a-t-il écrit.
Un internaute lui a fait alors remarquer qu'Emmanuel Macron était, selon lui, de « droite ». Réaction immédiate de Boy George, dont on ne saurait mesurer sa part d'ironie ou de naïveté : « Mais je pensais qu'il était gay. […] Je ne savais pas (qu'il était de droite) : Qui est le candidat de gauche ? Y en a-t-il un ? Que Dieu nous vienne en aide ! »

MF a dit…

c'est la course à l'échalote:

j'écrivais ici il n'y a pas si longtemps: nous avions la droite la plus bête du monde mais la gauche vient de lui ravir cette place
mais..depuis ce dimanche et le cirque autour de Fillon, la droite est repassée devant
sans risque de se tromper on est sûr de voir la gauche décidée à ne pas en rester là non mais quand même qui c'est les plus nuls hein?
mes 4 enfants ( de 30 à 40ans) sont effarés de cette situation ubuesque et en sont à se demander non plus pour qui ils vont voter mais ,pire, s'ils ne vont pas voter blanc et même- quel gâchis comme dit l'autre- s'ils vont aller voter et croyez-moi ils ne sont pas les seuls dans la jeune génération;il y a péril en la demeure

Anonyme a dit…

Cazeneuve soutient Hamon !!!

Anonyme a dit…

Macron reçoit Bloomberg multi milliardaire, le même monde, les mêmes intérêts, "mon ami c'est la finance". Voilà le décor est planté, on sait désormais à quoi s'attendre si il est élu...

M C a dit…

Votre article est un exercice de type scolaire purement cérébral.
Qui ne prouve pas grand chose.
Qui risque de vous faire advenir des migraines.
Qui ressemble à la méthode Coué.
Qui vous fait plaisir.
Pourquoi pas ?

Flo a dit…

Est-ce que vous voyez bien l’astuce de Macron ?
1 On ouvre les droits au chômage pour les démissions. Une fois tous les cinq ans, histoire que ce soit un peu crédible.
2 en contrepartie, pas le droit de refuser une “offre raisonnable”.
Il y en aura pour dire, c’est normal pour le mec qui démissionne.
Sauf qu’en fait, le droit de refuser une “offre raisonnable” sera pour tous les chômeurs. Je vous en fiche mon billet.
Le coup de donner des droits au chômage en cas de démission n’est là que comme vaseline.

Diogène 2.0 a dit…

Au cas où vous ne le sauriez pas encore, Macron est financé directement par ses amis milliardaires.
Mais c’est vrai quoi de mieux qu’un banquier d’affaires pour renouveler les vieux partis. Enfin renouveler est un bien grand mot pour un ancien Ministre, avec tous les soutiens PS et Modem qui le rejoignent !
Son programme… Mais lui-même s’en fiche de son programme et le dit ouvertement ! "En Marche" a sorti un projet banal entre gauche et droite pour ne froisser personne ! Et si son électorat n’avait pas été un ramassis de moutons, dont vous semblez être un berger à un échelon local, je ne vois pas comment il aurait pu escalader les sondages avant même de dévoiler son programme !
Je suis un peu dubitatif face à vos propos… tous les médias de Drahi, Lagardère ou Bergé font ouvertement campagne pour Macron ! Oui c’est beau d'être "courageux" comme vous, quand on navigue toujours dans le sens du vent : c'est cela qu'on vous a appris à l'Université, durant vos études de philosophie ?
J’ai bien peur que Macron ne soit que la continuité de la politique menée par ces 2 partis d'alternance, dont les mondialistes et européistes ont compris qu’il fallait changer la marque pour que tout continue comme avant.
Après Chirac, puis Sarko et Hollande les français sont mûr pour se faire avoir une nouvelle fois.
5 ans de plus de mondialisation, délocalisation, concurrence sans régulation, immigration, d’encore plus d’abandon de souveraineté législative, territoriale, économique, d’accords internationaux et supra nationaux décidés par une entité supra nationale qui décidera de notre politique économique, écologique et sanitaire, d’OTAN et sa politique guerrière russophobe insensée qui peut nous conduire à une guerre avec la Russie par le jeux des alliances, etc…, et on en reparlera.
D’ici là la majorité des français devraient certainement changer leur sources d’informations qui est actuellement majoritairement télévisuelle et détenues par une poignée de milliardaires, c'est beau de rêver...

Anonyme a dit…

Tout de même vous en connaissez un autre éternel 2è comme Bartolone qui termine comme Président de l'Assemblée nationale.Monsieur Mousset, faites-en autant! Alors on en reparlera. Avant d'être élu Maire de Paris Delanoë était un politicien de seconde zone qui avait échoué du temps du règne de Chirac sur Paris, et tentait un parachutage dans le Vaucluse et c'est seulement une succession mal préparée et la division de la droite qui a permis à Delanoë et son équipe d'être élue en 2001. Si le projet social de Benoît Hamon ne va pas dans le bon sens on peut dire aussi que l'hyperinflation de l'immobilier parisien n'a pas dérangé le "socialiste" Delanoë alors que l'inflation des salaires même à un modeste niveau ne lui convenait pas non plus. Mais c'est normal: les socialistes servent d'abord les intérêts de la grande bourgeoisie et des classes moyennes supérieurs non victimes de l'UE et de la mondialisation.
Cependant il faut constater que les socialistes ralliés à Macron ne sont que de vieux politiciens à bout de course et des hommes d'affaires et affairistes comme le très vieux Pierre Bergé et l'un peu moins vieux économiste de cour Jacques Attali qui veulent préserver un système politique, économique et "social" dans lequel ils se reconnaissent parce qu'il leur a bien profité. Ce jeune-vieux Macron leur permettrait de couler de vieux jours à l'abri de toute surprise.

B a dit…

L'analyse de Diogène 2.0 à 19h13 le 9 mars est lucide.
Elle n'est certainement pas loin de la vérité.
Hélas, est ce que la lucidité de certains empêchera les autres de voter E M ?
Malheureusement pour nous, je ne le pense pas et les gens du peuple seront à nouveau bernés.