vendredi 10 mars 2017

Hamon, un futur indésirable



J'ai suivi hier soir, de bout en bout, "L'Emission politique", dont l'invité était Benoit Hamon. Sur la forme, je l'ai trouvé à l'aise, plutôt bon. Il a cependant un petit côté gamin rieur, qui ne fait pas très président de la République. C'est surtout quand il s'oppose qu'il prend de l'étoffe, contre Emmanuel Macron par exemple. Sur le fond, je ne suis évidemment pas d'accord avec lui. Pas sur tout : nous avons en commun d'être de gauche ! Sur la laïcité (face à Laurent Wauquiez) et sur les rythmes scolaires, je l'approuve. Mais c'est sur son projet économique que ça coince.

Le gros désaccord, c'est sa conception du travail. Tout part de là et me fait condamner le reste. Hamon part du postulat, selon lui accrédité par les faits et les études, que le travail va "se raréfier" (il l'a répété plusieurs fois). Non, je n'y crois pas : c'est du défaitisme, une vision bien peu progressiste de l'activité humaine. Il y a énormément de travail à accomplir dans notre société. Le problème est de créer les emplois qui correspondent, et le financement qui va avec. Se résoudre à un chômage de masse, comment l'accepter quand on est de gauche ? Impossible !

Bien sûr, Benoit Hamon prévoit un filet de sécurité : son fameux revenu minimum d'existence. Mais ça ne remplacera jamais le travail, ce ne sera jamais suffisant. Sans même parler du problème de son financement. Dans la même logique, Hamon propose les 32 heures : mais ce n'est pas moins de travail, c'est plus de travail et de meilleures rémunérations que demandent les salariés ! Et puisque les hommes, dans la société de Benoit Hamon, seront moins nombreux à travailler, ce sont les robots qui paieront à leur place ! Le candidat appelle ça "un futur désirable". Non, je ne le désire pas.

Dans sa critique d'Emmanuel Macron, Hamon lui reproche d'être "un homme de droite". Comment se fait-il alors que beaucoup d'électeurs de gauche se reconnaissent en lui ? Il lui reproche aussi de n'avoir aucune majorité sur laquelle s'appuyer, s'il était élu. C'est fort de café : car lui, Hamon, qui voit une bonne moitié du PS le lâcher et Mélenchon l'éconduire, où est sa majorité ? Il y a des reproches qu'on fait aux autres parce qu'on en souffre soi-même. Quand Macron sera président, il s'appuiera tout simplement sur la majorité que lui donneront les Français lors des élections législatives qui suivront.

16 commentaires:

Anonyme a dit…

ça va peut-être choquer mais il semble que l'engouement pour Marine Le Pen et Emmanuel Macron procède du même désir d'une bonne partie des électeurs d'essayer autre chose que les partis dits traditionnels PS et LR; ce désir s'exprime différemment c'est évident
- E Macron séduit par son côté "tout neuf dans la sphère politique " donc non issu du "système" ..bon on veut bien..mais c'est un peu gros ( et qui se prend quelquefois pour le messie avec posture christique dans ses fins de meeting )
- Marine Le Pen qui ressasse ( comme Pôpa) que le "système" est pourri et qu'elle seule peut incarner le renouveau
et en face
- les éléphants et éléphanteaux d'un PS en fin de vie parce que arc-bouté sur une sutructure d'appareil qui laisse peu de chance au renouvellement de ses dirigeants
- les néo-conservateurs du LR ( les barons) avec un Fillon ultra-libéral

ça ne va pas faciliter le choix des électeurs et il faut s'attendre- ce serait une première dans une élection présidentielle- à une augmentation de l'abstention et du vote blanc

T T a dit…

((Se résoudre à un chômage de masse, comment l'accepter quand on est de gauche ? Impossible !))
Premièrement : Ah ? Parce que vous croyez que quand on est du centre ou de droite, de l'extrême droite comme de l'extrême gauche, on accepte avec gaieté le chômage de masse ?
On n'est plus au XIXème siècle !
Secondement : Vous pensez vraiment ce que vous dites sur les nouveaux emplois d'un nouveau modèle, d'une nouvelle conception à créer et à rémunérer ?
Qui va employer et comment rémunérer ces futurs nouveaux emplois ?
Emplois à 35h ou à temps incomplet ?
Je ne voterai pas pour M Hamon, parce que je raisonne de façon internationaliste et qu'il ne s'affiche pas comme tel mais sa réflexion sur la raréfaction du travail tient debout et ça passera, si on veut réduire le chômage, par une diminution de la durée hebdomadaire (ou annuelle, comme on voudra) du temps rémunéré du travail.

Anonyme a dit…


Hamon n'a qu'une expérience d'appareil politique (PS). La vraie vie ce n'est pas que cela. Macron bien que jeune a un parcours diversifié allant des finances (c'est important pour comprendre notre environnement et éviter de dire ou de faire des sottises) a une expérience ministérielle en passant par l'ENA et la haute fonction publique d'Etat! Le tout doublé de qualité de rassembleur et d'absence de rigidité dans ses convictions. Il mérite sa chance!

E E a dit…

Quand le commerçant du coin reste avec sa marchandise sur les bras c'est que sa marchandise ne convient pas ou que les éventuels acheteurs sont dépourvus de finance.
Quand les électeurs en potentialité ne s'inscrivent pas sur les listes électorales ou ne se dérangent pas pour aller voter c'est soit qu'il s'agit de vilains citoyens inconscients de leurs devoirs soit que l'offre présentée par les candidats ne convient pas.
Dans cette élection, il y a plusieurs "beaux parleurs".
Séduiront-ils les français après tout ce qui vient de se passer ?
C'est à en douter.
Malheureusement...

Philippe a dit…

E.Macron est un touriste inconscient faisant de la brasse dans les Everglades.
Il est progressivement de plus en plus entouré par les alligators.
En Mai juin ces braves bêtes vont être affamées …
Le jeunot pense pouvoir regagner la berge en les laissant sur leur faim !

Anonyme a dit…

Je partage votre constat critique à l'égard d'Hamon sur la soi-disante raréfaction du travil qui imposerait un revenu universel (sur lequel il est déjà en partie revenu) pour le compenser. Seulement créer des emplois qui correspondent (à quoi?) et le financement qui va avec, il faudrait ne pas avoir fait parti d'un gouvernement et conseiller de Hollande dès 2012 qui a laissé partir en faisant une confiance bien excessive en des industriels apatrides comme Mittal qui se soucie de l'emploi en France comme d'une guigne, de GoodYear à Amiens-nord puis récemment de Whirlpool qui délocalise à Lodz en Pologne pour maximiser leurs profits puis avoir vendu l'aéroport à un investisseur chinois qui a aussitôt disparu, a vendu le secteur énergétique d'Alstom à l'américain GE suite à un chantage judiciaire et financier de la justice américaine bref un secteur de haute technologie prometteur de juteux contrats industriels à l'international donc d'emplois en France notamment. Après cela vous pouvez toujours vous inquiéter - enfin - d'un chômage de masse mais votre mentor ne sait pas dire non à la pression du capital financier apatride aux exigences exorbitantes. De plus vous et votre mentor est au service d'une UE qui se soucie pas du tout de maintenir des secteurs industriels au nom de la sacro-sainte concurrence libre et non faussée avec le reste du monde qui nous pratique un dumping économique, social et environnemental dans lequel nous serons toujours perdants.
Le documentaire drôle "Merci Patron" de François Ruffin a bien en évidence le seul souci de rentabilité financière de Bernard Arnaut pour délocaliser en Pologne sa production textile haut de gamme.
Le seul objectif de Macron c'est la précarité généralisée du monde du travail dont le loi EL Khomri est une étape dans le cadre des Grandes Orientations de Politique économique dites GOPE de l'UE. Là Benoît Hamon a tort d'être contre parce qu'il entérine la même Europe ou bien comme Hollande n'osera pas la moindre renégociation qui ne peut avoir lieu sans une épreuve de force avec l'Allemagne et ses amis et alliés au sein de ladite UE. Tous deux ont déjà été prendre leurs ordres à Berlin et Bruxelles sans compter Washington même si le Président Trump leur déplait, ils n'auront pas le choix.

Anonyme a dit…

Il semble que ce qui reste de presse libre c'est-à-dire n'appartenant pas à des milliardaires proches du pouvoir tel Médiapart et Marianne (ce qui reste encore à prouver depuis son rachat) et le site en ligne de La Tribune qui avait avant son rachat par un industriel du nettoyage un service économique libre mais liquidé depuis, veuille enfin enquêter sur Macron et l'argent de ses riches mécènes et certains actes pour le moins contestables. Je doute que la justice fasse preuve de la même diligence qu'à l'égard de Fillon et Marine Le Pen.

Erwan Blesbois a dit…

Et si Macron n'était pas du tout un touriste, mais un crocodile parmi les crocodiles. Quant au "peuple" (je sais qu'il ne faut pas employer ce mot, trop connoté populiste), et si c'était le troupeau de gnous. Pourquoi ne faut-il pas employer le mot "peuple" ? D'une part parce que cela pourrait indiquer une éventuelle solidarité entre ses membres, or ce n'est pas le cas. D'autre part parce que l'"oligarchie" (encore un autre mot connoté populiste) cherche à individualiser le destin de chacun, en le coupant de tout monde commun (si ce n'est à travers les événements sportifs, si piteux pour les Français d'ailleurs), cela fait partie du projet libéral. Tant pis pour les victimes, en général le plus gros du troupeau de gnous parvient à atteindre l'autre bout du gué, seuls quelques uns terminent lacérés puis broyés dans le ventre des crocodiles.

Emmanuel Mousset a dit…

Le crocodile est un animal plus gentil que sa réputation. Simplement, il ne faut pas le chercher.

Erwan Blesbois a dit…

Je ne sais pas si les crocodiles sont des animaux gentils, mais en tout cas ils sont cannibales entre eux.
De toute façon ce ne sont pas les crocodiles qui ont voulu être ce qu'ils sont, mais la nature qui les a voulu ainsi. Il en est de même pour tous les membres de l'espèce humaine et tout particulièrement les Hommes politiques, qui en sont les prédateurs. Mais eux-mêmes ne sont rien face aux super-prédateurs qui les font et les défont. Et puis la machine libérale surpuissante connaît parfois des ratés, comme Trump ou le Brexit. Ce sont de petits ratés pour l'instant, facilement rattrapables, car tout a été soigneusement réfléchi, calibré et affiné par nos penseurs libéraux depuis trois cents ans d'idéologie bourgeoise (avec les deux grands ratés historiques que constituèrent le marxisme-léninisme et le nazisme tout de même, qui sont la part de folie que contient tout projet totalisant), dormez braves gens...

Anonyme a dit…

Emmanuel Macron, un vieux cheval de retour maquillé en alezan.

Emmanuel Mousset a dit…

De retour de quoi ? Pour le moment, Macron n'est pas arrivé.

Erwan Blesbois a dit…

On peut vivre et même bien vivre dans ce monde, mais il faut pour cela accepter qu'il obéit à une logique et une nécessité, et donc à une volonté de manipulation qui nous échappe. D'autre part le destin de chacun y est tellement individualisé, qu'il ne faut pas y être rendu victime par les circonstances, qui trouvent le plus souvent leur origine dans la généalogie familiale.
Cette dernière y est l'exclusive garante de l'équilibre personnel, quand tous les éventuels tuteurs extérieurs, sociaux, collectifs ou religieux, ont été finalement détruits par la logique totalisante et réductrice à l'individu, du libéralisme : ce qu'on appelle les droits de l'Homme, qui sont aujourd'hui dans la façon dont ils s'expriment, une nouvelle forme de totalitarisme.

V S a dit…

Le crocodile est un animal plus gentil que sa réputation. Simplement, il ne faut pas le chercher.
N'importe quoi !
Un saurien sera toujours un saurien.
Et un vaurien restera aussi un vaurien (je parle des sauriens qui ne valent rien mis à part leur peau et leurs larmes)...
Bref, un saurien est un vaurien pas fréquentable du tout et en tous les cas jamais "plus gentil que sa réputation"...
La bonne blague !

Emmanuel Mousset a dit…

Vous avez le droit de ne pas aimer les crocodiles.

Philippe a dit…

Je parlais d'alligators ...
Le "gator" se mange.
On en fait des grillades et des restaurants l'ont sur leur carte en Floride.
Éventuellement il peut manger des humains si (comme Macron) ils viennent le faire ….. sur leurs territoires de chasse !
Au total il semble être plus souvent mangé que mangeur !
Les électeurs vont peut être déguster leurs alligators domestiques sous peu pour les remplacer par des sauvages.