lundi 13 mars 2017

Lui et le chaos ?



La responsabilité d'un macronien est désormais de prendre en compte les critiques qu'on peut faire à son candidat, à son projet, et d'y répondre le plus sérieusement possible. Il n'y a pas à ignorer les reproches ou à ironiser sur les attaques. N'entrant dans aucune polémique, nous devons cependant relever et résoudre les questions qui nous sont posées, d'où qu'elles viennent et quelles que soient leur formulation ou leur intention. Nous sommes en tête dans les sondages, Emmanuel Macron est aux portes du pouvoir, ces partisans doivent être à la hauteur de l'enjeu.

Aujourd'hui, je voudrais aborder une nouvelle critique qu'on lui fait : avec Macron président, la majorité serait introuvable et la France ingouvernable. Sa victoire entrainerait un désordre constitutionnel. Lors de la présidentielle de 1965, la position du général de Gaulle avait été ainsi résumée : Moi OU le chaos. En 2017, avec Macron, faudrait-il dire : Lui ET le chaos ? Non, pour trois raisons :

1- Sous la Vème République, aucun chaos institutionnel n'a procédé d'une quelconque élection, législative ou pas. La France n'a jamais été ingouvernable parce que nos institutions sont faites pour gouverner, pour faire émerger une majorité. Celle-ci peut être courte : elle existe toujours. Et quand elle est menacée de l'intérieur, comme avec les frondeurs socialistes, le 49-3, d'heureuse nature, permet de rétablir la stabilité. En mai prochain, nous aurons un président et en juin une majorité parlementaire, que le gagnant soit Macron ou un autre. Aucune instabilité n'est donc à craindre. Depuis le rapprochement des deux scrutins, législatif et présidentiel, il y a un effet d'automaticité entre les votes, qui exclut encore plus l'imaginaire désordre.

2- Des soutiens autour de Macron qui vont de Robert Hue à Alain Madelin ne peuvent pas constituer une majorité, tellement ces ralliements sont hétérogènes, entend-t-on dire. L'argument est irrecevable ; il est même retournable : puisque le rassemblement est très large, des communistes aux libéraux, la majorité est d'autant plus facile, immédiate, presque naturelle. François Fillon et Benoit Hamon auront beaucoup plus de mal à avoir une majorité, puisque des pans entiers de leur parti respectif les abandonnent.

3- Le plus intéressant dans ce reproche qu'on fait à Macron sur son impossible majorité, c'est qu'il trahit des schémas de pensée anciens, qu'En Marche ! tient justement à dépasser, en proposant à la France une nouvelle gouvernance. Non pas une chimérique et inutile VIème République, qui n'est pas dans nos thèmes de campagne, mais au contraire un retour initial à l'esprit de la présente Constitution, qui n'exige pas l'existence d'un parti majoritaire. Lorsqu'on titille Macron sur le problème de sa majorité, c'est en réalité la question du parti majoritaire qu'on pose. Or, un président peut fort bien s'en passer. Une majorité lui suffit.

Le principe de parti majoritaire est d'ailleurs en crise, on l'a vu avec la majorité socialiste, où les députés appartenant au même parti ne partageaient pas les mêmes idées et exprimaient des votes différents. La nouvelle gouvernance que propose Emmanuel Macron n'est pas si nouvelle, mais elle n'a jamais été pratiquée : ce sont les majorités d'idées, déjà imaginées par Edgar Faure dans les années 70. Le Parlement y gagnerait en liberté, en sincérité et en efficacité. Avec cette perspective, nous sommes très loin de la polémique sur le prétendu chaos qui suivrait l'élection d'Emmanuel Macron.

11 commentaires:

Anonyme a dit…

Il continuera le détournement de richesses vers l'oligarchie des trente avec encore plus de célérité et d'efficacité, s'il advenait par malheur qu'il soit élu. En effet comment a-t-il pu accumuler les fonds nécessaires à une campagne médiatique très en avant alors qu'il n'a aucun parti subventionné ? Quelle est l'origine de ses fonds ? Tant que cela ne sera pas connu, il ne faudra pas lui faire confiance.

Diogène 2.0 a dit…

Macron est la réincarnation de Boris Vian, Macron devrait donc mourir cette année, au même âge que Boris Vian.

Emmanuel Mousset a dit…

1- La confiance se mesure aux convictions. Ne soyez pas obsédé par l'argent.

2- Sur Vian, je ne comprends pas.

Anonyme a dit…

Macron lèche bottes incompétent bon pour travailler dans un petit guichet de banque

Emmanuel Mousset a dit…

J'aime beaucoup ce genre de commentaire.

Philippe a dit…

E.Macron va enfin, peut être ?, être sérieusement mis sur le gril d'un contrôle financier ?
La fameuse association Anticor le réclame.
http://www.lexpress.fr/actualite/politique/elections/patrimoine-de-macron-anticor-saisit-la-haute-autorite-pour-la-transparence_1888663.html

Emmanuel Mousset a dit…

Ils ne savent plus quoi inventer ! C'est drôle ...

Anonyme a dit…

"J'aime beaucoup ce genre de commentaire." : il n'y a que la vérité qui blesse.

Philippe a dit…

"c'est drôle" pour moi c'est "inquiétant"
Il me semble que cette inquisition ou ce regard très critique de nombre de citoyens français concernant leurs dirigeants correspond hélas aux difficultés économiques générales.
Les uns en sont des victimes directes, les autres indirectes par des membres de leurs familles qui sont impactés.
Cela fait beaucoup plus de monde concernés que les simples chiffres officiels du chômage ou de la pauvreté.
Ces dirigeants n’ont pas su anticiper ou vu cette bascule due à ce qui précède et qui rend insupportable le luxe ostentatoire.
Nous nous éloignons des « emplois fictifs » pour regarder à la loupe les « trains de vie » ou "signes extérieurs de richesse" !
Beaucoup même persévèrent dans l’incompréhension du changement en cours à marche forcée, marche forcée démultipliée en raison de l’autre bascule qui est celle des médias habituels vers les e-médias de « ré-information ».

Anonyme a dit…

jusque là en effet les électeurs avaient conforté leur choix du Président en lui donnant une majorité à l'assemblée mais ça c'était avant car comment dans un telle incertitude actuelle faire encore des pronostics? au final on verra si c'était une si bonne idée de coupler présidentielles et législatives, qui avait pour "vocation " d'éviter la cohabitation( quand elle a eu lieu dans les années antérieures on n'a pas assisté à un bouleversement insoutenable de la vie des Français il me semble)

R P a dit…

Autrefois j'entendais parler de "révolution permanente" et je ne comprenais pas à quoi ça pouvait bien correspondre.
Eh bien je crois avoir trouvé : la situation politique française actuelle, c'est ça !
Merci à la caste qui a su diriger 65 ou 66 millions de français vers ce chaos permanent : plus personne n'a confiance en ce qui sortira des urnes de mai-juin prochain.
Et les contestations succéderont aux contestations de tout poil !
Merci "patrons" !