lundi 20 mars 2017

Le point de non retour



Il restait une chance, une toute petite chance, une dernière chance à Benoit Hamon pour rassembler sa famille politique, recentrer son projet et revenir dans la maison des réformistes. C'était hier, à Paris, pour son grand meeting national. Cette chance, il ne l'a pas saisie, il lui a au contraire ostensiblement tourné le dos, en s'entêtant dans le sectarisme et la radicalisation, qui ne font pas partie de la tradition socialiste. Ce faisant, Benoit Hamon a ruiné définitivement ses chances non seulement d'être président de la République, mais même de figurer au second tour de l'élection présidentielle.

Tenir une ligne politique contre les siens, contre la majorité de son Parti, c'est suicidaire, on l'a bien vu à Saint-Quentin. Quand on ne rassemble pas ses propres rangs, on ne peut pas rassembler les Français. Et quand on va chercher des réserves de voix ailleurs, dans l'électorat de Mélenchon, on prend le risque de voir l'original l'emporter sur la copie. Actuellement, dans les sondages, Hamon et Mélenchon sont au coude à coude, 12% chacun. Après le meeting d'hier après-midi, je crains que la chute d'Hamon ne se poursuivre.

Malgré les commentaires bienveillants, partisans ou ignorants, ce meeting a été un échec. Les 20 000 participants revendiqués (c'est-à-dire beaucoup moins, dans la bonne vieille tradition d'appareil) ne font pas le poids, en comparaison avec la marche citoyenne de Mélenchon la veille, qui a mobilisé cinq fois plus de monde. Quand Macron et Mélenchon organisent une réunion régionale, ils rassemblent presque autant qu'Hamon hier, dans un meeting national. Macron n'a aucun parti avec lui, il ne dispose pas d'un réseau d'élus, il n'organise pas de cars pour déplacer le bétail. Le PS, lui, à tout ça à son service, et il ne parvient à réunir qu'une pauvre vingtaine de milliers de personnes, en prenant la fourchette la plus élevée.

Ce meeting raté, c'est le chant du cygne de la candidature Hamon : l'oiseau émet des sons d'autant plus beaux qu'il va mourir. Le contenu de son discours a été affligeant, presque pathétique, une fois qu'on a ôté le froufrou des références historiques. Le sommet de l'inanité aura été son attaque contre l'argent. On aurait pu croire à un sketch, une parodie tellement c'était gros, cousu de fil blanc. L'argent ? J'ai envie de dire à Hamon : "Passe-moi ton portefeuille, camarade, et on discutera après". Quand on voit le mode de vie, les amis et les partisans de Hamon, on éclate de rire à l'entendre s'en prendre à l'argent. Que Poutou et Arthaud dénoncent l'argent, oui, je les comprends et j'ai du respect pour eux, pour leurs positions, cohérentes et sincères, même si je ne les partage pas. Mais quand Hamon fait son numéro contre l'argent, non, cette pitrerie ne passe pas. Le seul avantage que j'y vois, c'est qu'elle le discrédite : comment peut-on prendre au sérieux ce type ?

L'ambiance du meeting était bonne ? Oui, comme n'importe quelle ambiance de n'importe quel meeting. J'ai bien connu ça, et ça ne veut rien dire du tout. Hamon a caressé son public dans le sens du poil, il a prononcé les mots qui font se lever une salle. Mais ce ne sont que des mots, qui ne se traduisent pas forcément en bulletins de vote. Hamon s'est fait plaisir et a fait plaisir à son public : ce n'est pas comme ça qu'on gagne une élection. Les enquêtes d'opinion montrent que son électorat potentiel est le plus volatile. Mon intuition, qui n'est pas un pronostic, mais qui s'appuie quand même sur quelques indices : Hamon sera battu par Mélenchon et arrivera en cinquième position. Le meeting d'hier m'apparait comme un point de non retour.

13 commentaires:

MF a dit…

c'est vous qui êtes pathétique à étaler ainsi votre haine contre Hamon, car c’est vraiment un billet haineux qu'on croirait inspiré par le FN; vous êtes tombé bien bas- si tant est que vous ayez été un jour bien haut- et vos propos ne vous honorent pas, on vous a connu plus lucide, plus constructif , en un mot plus "honnête" ..le vent de la victoire de votre idole vous monte à la tête;c'est désolant et même pitoyable

Emmanuel Mousset a dit…

Ne soyez pas si sentimental. Je n'éprouve aucune haine, ni d'autres sentiments. Je suis froid comme une tombe (puisqu'on parle d'un mort).

Anonyme a dit…

Hamon ou Mélenchon se valent. Prendre l'argent aux uns pour la donner aux autres alors qu'ils jamais travailler dans la vraie vie. Comment motiver les entrepreneurs, comment produire plus pour avoir plus à partager. Macron tente d'apporter des solutions!

Valérie a dit…

J y étais à ce meeting.plus une place libre et écran géant dehors.énormément de jeunes. Des nouveaux adhérents seduits par Hamon et son équipe .je ne suis pas socialiste,force est de constater que son projet me plait
. Un parti démocratique social et écologique!

Erwan Blesbois a dit…

Emmanuel Mousset a des idoles, généralement une idole à la fois, aujourd'hui Macron, hier DSK, jusqu'à la prochaine idole. C'est avec un fanatisme sans aucun esprit critique qu'il défend son idole du moment, à travers cette idole c'est évidemment lui-même qu'il adore avec un fanatisme dont Nietzsche dit qu'il est la volonté des timides.
A travers Macron il faut donc lire l'amour qu'Emmanuel Mousset se porte à lui-même, on comprend qu'il défende Macron avec une volonté de fer, il en va en réalité certainement de sa santé mentale. Au moins a-t-il trouvé le moyen de se protéger psychiquement, sans finalement porter atteinte à l'intégrité physique ou psychique de son prochain. Ainsi Emmanuel Mousset est-il ce qu'on appelle un "bon chrétien" dans la vie de tous les jours, à la différence de tant de nos contemporains.

Anonyme a dit…

Mon Cher Emmanuel je vous ai connu faire des analyses plus modérées, plus pertinentes et plus fines. La haine vous emporte. Pourquoi afficher un tel mépris à l'égard de Hamon. Pourquoi ne pas dire que Hamon et Mélanchon ont fait l'un et l'autre un excellent meeting. C'est comme si je disais, puisque j'écoute les commentaires du débat de ce soir, que Macron a été plutôt mauvais, ce que disent d'ailleurs les journalistes. Or je ne le pense pas. Même si il a été un peu décevant.

P Q a dit…

M Emmanuel Mousset, Vous semblez dire que M Benoît Hamon vit dans l'opulence ouatée des bourgeois ce qui le disqualifierait pour faire ses propositions aux électrices et électeurs.
C'est sensiblement un profil semblable pour les autres candidats dits "majeurs".
Mais n'est ce pas donc aussi le même profil bourgeois de votre champion, M Emmanuel Macron ?
Et lui serait qualifié pour parler aux électeurs ?
Et pas les autres ?

albert a dit…

Bilan du débat :

- Macron est sans conteste le grand perdant. Confus, incompréhensible : plusieurs fois je me suis demandé ce qu'il voulait dire, ce qu'il proposait vraiment. A la fin il était à la limite du ridicule, on avait mal pour lui. On se demandait ce qu'il faisait là, au milieu des grandes personnes. Il n'est pas du tout préparé pour la fonction.

- Le Pen a souvent donné l'impression de remplacer la compétence par l'agressivité. Et surtout, quelles lacunes en économie ! Le sommet : lorsqu'elle confond le Brexit avec le retour au franc : les britanniques n'ont pas changé de monnaie! Ils ont juste fait les bonnes réformes, comme la plupart de nos voisins !

- Hamon souffre d'un évident manque de leadership. Et son enfermement sur l'utopie du revenu universel décrédibilise tout le reste de son discours

- Melenchon : un tribun. Mais un programme totalement irréaliste! Tout est gratuit, de la cantine scolaire à la sécurité ! Qui va payer ? Au final, peu différent des socialistes et de LePen sur le fond : des promesses avec de l'argent qui n'existe pas.

- Fillon a trouvé la bonne carburation progressivement, au milieu de ces discours extrémistes. Mais on a retrouvé le candidat ultra compétent, bien préparé, que tous les autres écoutaient sur les questions économiques, les retraites, l'international. Son expérience - et donc sa capacité à dire ce qui est vraiment faisable - est frappante par rapport aux autres. Il ressort de ce débat comme le seul candidat sérieux, réaliste, calme, déterminé, prêt pour le job.

Enfin, même BFMTV a été obligé d'admettre que la question sur le plus convaincant ne veut rien dire : à ce petit jeu, Juppe et Valls étaient sortis en tête après les débats Primaires. On connaît la suite !

patriote a dit…

Si réellement les Français jugent Macron comme le meilleur ainsi que les médias (pas pour les mêmes raisons)... On aura droit à un avenir bien sombre... Un pays vendus aux finances américaines et aux lobbys des multinationales... De ce côté la mise en garde de Hamon est totalement pertinente... Les Français morfleront mais l'illusion de la jeunesse et du faux changement les aura bien manipulés... Tout le quinquennat de Hollande sous la main de Macron a déjà été les prémices...
Autant MLP a été brillante, Fillon sérieux/taillé pour le job (le retour des enfers), Hamon piètre orateur, Mélenchon décevant (trop théâtral, trop appris par cœur et récité ça tombait à plat), autant Macron a paru léger/inconsistant, piquant les idées des autres (souvent de Fillon d'ailleurs), bref : le jeune premier doit encore faire ses preuves !

Anonyme a dit…

Je me suis mis à un moment du débat à regarder uniquement Fillon, pas son visage mais son costume. Effectivement si un présidentiable se juge à la qualité de son costard, Fillon était clairement au dessus du lot. Les autres devraient "commencer par travailler si ils veulent s'acheter un costard" (digne de ce nom), dixit Macron...
Pour ce qui est du fond, dans ce débat on aura eu En Panne, au lieu de En Marche... Macron dont j'ai trouvé l'expression et par voie de conséquences les idées souvent confuses. Sa conclusion est un monument de platitudes à mon avis, avec des difficultés d'élocution, presque un bégaiement (sans doute l'émotion d'un quasi adolescent sur le plan psychologique, de se retrouver avec des adultes)
Je suis effectivement sidéré d'entendre que Macron a convaincu les téléspectateurs à 29% alors que c'est le vide sidéral, aucune explication argumentée correctement chiffrée. Nous avions eu l'illusion Hollande, il n'est rien par rapport au magicien Macron. Dormez brave gens, la France est au bord du gouffre et vous croyez encore aux miroirs aux alouettes ! On voit clairement que BFM(ACRON) roule pour le macaron, même Ruth Elkrief avait du mal à valider !

Philippe a dit…

Je préfère cette marche à celle de Macron vers la City :

https://diem25.org/march-for-a-different-europe-diem25-members-take-to-the-streets-of-rome/

DiEM25 est un mouvement pan-européen des démocrates par-delà les frontières.

Anonyme a dit…

Le comportement de Macron hier m’a fait penser aussitôt au Coche et la Mouche de La Fontaine.
« Une Mouche survient, et des chevaux s'approche ;
Soutient l’un, soutient l’autre, et pense à tout moment
Qu'elle fait aller la machine,
Ainsi certaines gens, faisant les empressés,
S'introduisent dans les affaires :
Ils font partout les nécessaires,
Et, partout importuns, devraient être chassés. »
Macron est en réalité largué quand il s'agit de parler de politique étrangère, pas encore la stature. Trop sur la défensive.
Le flou permanent, de grandes phrase sans réel sens.
Son seul argument "le renouveau" répété à qui veut bien l'entendre. Il sera minoritaire à l'assemblée (10/20% de socialistes; 10% de communistes, le reste de centre ou centre droite). Obligé au compromis il ne pourra faire passer aucune loi.
Macron président ce sera une grande période d'instabilité et d’incertitude.

Anonyme a dit…

Le plus impressionnant dans cet événement n’est pas les résultats des sondages, mais la bêtise des gens qui croient encore à la valeur de ces « sondages » après tant d’années de mensonges répétés. Les politiques et BFMTV ont raison de nous prendre pour des crétins, nous le sommes réellement.