samedi 18 mars 2017

Les choses sérieuses commencent



Pour quelques-uns, elles ont commencé depuis longtemps. Pour certains, elles commencent maintenant : les choses sérieuses en vue de l'élection présidentielle, dont le premier tour aura lieu dans cinq semaines. Avec l'annonce des candidatures officielles, c'est le top départ qui est lancé. Comment ne pas remarquer l'ironie du sort ? Celui qui a dévoilé les noms de ceux qui aspirent à devenir président de la République a lui-même, pendant longtemps, aspiré à devenir président de la République, et n'était pas parmi les moins bien placés : Laurent Fabius, aujourd'hui vieillissant et désabusé, se contentant de ce qu'il a, qui pourrait être pire que ça.

Ils sont donc onze, dans la moyenne de la présidentielle. Ce qui me marque à la lecture de la liste, c'est la présence inédite de trois candidatures peu ou prou souverainistes, malgré leurs différences : Dupont-Aignan, Asselineau et Cheminade. Si vous joignez Le Pen à cette famille, nationaliste améliorée, actualisée et relookée, ils sont quatre : c'est un signe des temps, inquiétant. Chaque scrutin de ce type a son excentrique : cette fois, ce sera Jean Lassalle, qui se présente comme berger (je ne suis pas allé vérifier), bien qu'il pose en costume cravate de parlementaire.

Pour le reste, ce sont les candidatures traditionnelles et attendues. Juste une remarque : pourquoi le NPA s'obstine-t-il à présenter une fois de plus Poutou,  qui est gentil mais fait sourire, ce qui est malvenu quand on représente le courant trotskiste révolutionnaire, qui devrait faire peur ? C'est d'autant plus énigmatique que ce parti a connu ses heures de petite gloire, il y a une quinzaine d'années, avec Besancenot, qui plait, passe bien et est connu. "Tu t'demandes", comme disait Coluche.

Oui, les choses sérieuses commencent, ce matin, cet après-midi, demain et lundi. Samedi, c'est Mélenchon qui réunit ses troupes ; dimanche, Hamon : entre ces deux-là, il va falloir mesurer la force de mobilisation. Car pour eux, l'enjeu est de savoir qui prendra le leadership de la gauche traditionnelle, qui arrivera au soir du premier tour en quatrième position. Leurs idées sont proches, ils se partagent à peu près le même électorat. Hamon aurait pu, dès le lendemain de la primaire, distancer Mélenchon et lui ravir la pole position dans cette catégorie. Mais non : il a perdu du temps et donc du terrain à rechercher avec la France insoumise une alliance impossible qu'il avait promise et qui a échoué. Perdant sur sa gauche, il a de même perdu sur sa droite, beaucoup de socialistes refusant de soutenir un candidat dans lequel ils ne se reconnaissent pas.

Lundi, ce sera le premier grand débat télévisé, entre les grands candidats. Macron est attendu au tournant, puisque c'est le favori de l'élection et le petit nouveau. Comme Le Pen, qualifiable elle aussi pour le second tour, ces deux-là n'auront pas intérêt à en faire trop, mais rester eux-mêmes, conserver leur capital électoral. Ils surfent sur la vague, il leur suffit de rester en équilibre, ne pas tomber. Les autres candidats, en revanche, sont à la peine : ils devront donc se faire remarquer, se distinguer, s'imposer, par conséquent attaquer. Hamon s'en prendra à Macron (il a largement commencé), Fillon s'en prendra à Macron, Mélenchon s'en prendra à tout le monde.

Ce débat sera-t-il déterminant ? Je ne crois pas. La comparaison avec les primaires de droite et de gauche et leurs résultats inattendus est erronée. Dans cette désignation, le corps électoral était très limité, son contour flou, des électeurs du camp adverse venant semer la confusion. Un scrutin officiel, c'est autre chose. A cinq semaines du premier tour, les étiages ne changeront pas fondamentalement. Macron peut faire moins que prévu éventuellement, mais il ne s'effondrera pas. Hamon peut faire mieux que prévu, mais il n'ira pas au second tour. Les choses sérieuses commencent, et comme rien n'est jamais fini en politique, elles continueront même après l'élection.

9 commentaires:

patriote a dit…

Oui les "choses sérieuses commencent", En général je suis toujours mesuré avec l'arbitrage mais là, sans parler des rucks, passer 20' sur des mêlées à 5 avec des gallois systématiquement à la faute et ne JAMAIS siffler l'essai de pénalité ! c'est juste SCANDALEUX M. Barnes !!! Heureusement qu'il y a parfois une justice. Bravo aux bleus pour cette victoire importantissime méritée et obtenue au bout du bout du bout !

Anonyme a dit…

Macron sera la cible de toutes les attaques et l'on verra ce qu'il a vraiment "dans le coffre". Macron peut éclater comme une bulle. Hamon monter ou s'effondrer, Mélenchon prendre une troisième place et qui sait une deuxième en raison de sa rigueur et cohérence.

Emmanuel Mousset a dit…

1- Je ne comprends rien à ce que vous écrivez.

2- Si Macron était une "bulle", il aurait éclaté depuis longtemps, comme toutes les bulles. En réalité, c'est un boulet de canon.

Anonyme a dit…

Macron pointilliste ... Un mois de service national ; le temps de toucher la tenue , de passer la visite médicale et les tests psycho ..... Pour former un militaire spécialiste il faut des mois , un sous officier , des mois aussi , quant à un aspirant puisque on veut à nouveau une armée nation avec des officiers aussi nation ........... Sacré Macron , on bricole , on fait du réglage de machines à coudre mais pas de la politique de terrain et là il va se prendre les ruraux en pleine figure , les banlieues aussi et tous les autres ...

L T a dit…

"le courant trotskiste révolutionnaire, qui devrait faire peur ?"
Et pourquoi les trotskistes devraient-ils vous faire peur ?
A qui ? A vous ?
Bon sang, mais c'est bien sûr, puisque vous n'êtes pas de gauche, vous êtes frileux !
Allez fricoter avec les riches mais n'ayez pas peur des pauvres !
Comme vous n'êtes pas riche, les trotskistes ne vous menacent en quoi que ce soit !
A moins que vous ne soyez bien plus nanti qu'en apparence !
Alors, là, craignez pour vos rentes et vos dividendes !

Emmanuel Mousset a dit…

1- La proposition de Macron ne vise pas à former des militaires (nous avons une très bonne armée professionnelle) mais à recréer du lien social, y compris symboliquement.

2- Lisez ma réponse à votre commentaire dans "St-Quentin Mag" du mois prochain, où mon invité est une révolutionnaire trotskiste.

Philippe a dit…

Pourquoi E.Macron se laisse-t-il encercler par de vieux chevaux de retour de la politique politicienne pas forcément très propres sur eux ?
Dans sa « marche/démarche » politique qu’il veut nouvelle il me semble que ce n’est pas utile.
Ciotti, que je n'apprécie que très modérément, ne dit pas ici que des contre vérités.
On le note d’ailleurs sur le visage de Bayrou blême de rage.

https://www.youtube.com/watch?v=FskQz2PajzU

Bayrou n’est pas le seul hélas ...

S M a dit…

Un mois de service national ?
Et pourquoi pas quinze jours ?
Ou une semaine ?
Et même puisqu'une semaine compte un sacro-saint week-end, pourquoi pas seulement du lundi midi (faut bien les laisser récupérer de la dernière sortie en boîte) au vendredi ?
Rémunéré ?
Repas froid (rations) ou chaud (restaurant - cantine) ?
Couchage où ? Caserne ou chez soi ?
Encadrement par qui ?
Notre pays n'a plus tout ça, ni casernes, ni encadrement...
Si le temps de service n'est pas d'au mois six mois, ce n'est que de la poudre aux yeux !

Emmanuel Mousset a dit…

Votre erreur, c'est de comparer avec le service militaire d'autrefois. Avec Macron, c'est autre chose, et un mois suffit.