jeudi 4 juillet 2013

Pierre André, dernier combat



Pierre André a annoncé hier qu'il prendrait sa retraite politique l'an prochain, ne renouvelant pas ses mandats. C'est une page qui se tourne pour Saint-Quentin et une belle carrière qui s'achève : conseiller régional, maire, président de l'agglomération, sénateur, une vie bien remplie et très réussie. L'heure n'est pas à faire le bilan, mais à rendre hommage à l'homme, au militant et à l'élu. Que Pierre André soit gaulliste et moi socialiste n'y change rien : il faut savoir saluer celui qui va partir et qui a beaucoup fait pour sa ville. Les avis sur son action politique seront partagés, mais il y a un fait indiscutable qui l'honore : Pierre André a réussi la performance de se faire élire trois fois consécutives à la tête d'une municipalité qui n'est pas sociologiquement de droite. C'est l'hommage que je lui rends, du vaincu à son vainqueur !

Humainement, Pierre André est un personnage intéressant, dont le trait de caractère principal est le côté combatif. Tous ne le sont pas forcément en politique ! Il l'est jusqu'à l'excès, comme un boxeur qui frappe comme un sourd son adversaire : Daudigny, Gewerc, Ferreira, Lançon, y compris parfois dans son propre camp, ont dû essuyer ses coups. Sa méthode : ne rien laisser passer, même les détails, cogner rapidement, et toujours durement, en n'oubliant pas la ruse et un peu de mauvaise foi. Je ne m'en offusque pas, je sais que la politique, à un certain niveau, est ainsi faite : une guerre de tous les instants. Trop violent ? Non, démocratique ! Il faut faire de la politique comme on fait l'amour : dans la passion et dans l'excès !

Et puis, Pierre André est un personnage atypique : il n'utilise pas le langage politique habituel, prudent, flatteur, codé. Sa franchise de ton est parfois brutale, injuste. Il n'a pas son pareil pour engueuler, à certains moments, les commerçants de la ville, qui font pourtant partie de sa clientèle électorale !

Pas facile, pour un combattant, de devoir livrer son dernier combat. A vrai dire, je n'imagine pas Pierre André en retraité de la politique. Son dernier combat, peut-être, ... mais en attendant le prochain ! Car il n'arrêtera pas. Je crois même qu'on mesure vraiment l'importance d'un homme de pouvoir à partir du moment où il quitte le pouvoir ... et garde intacte son influence. N'importe qui (sauf moi !) peut se faire élire quelque part, occuper une place. Mais exercer une influence, être écouté et suivi, demeurer une référence, entrer dans l'histoire locale, ce n'est pas permis à n'importe qui.

Je ne peux pas terminer ce billet sans évoquer les attaques, dans le Courrier picard d'hier, de Pierre André contre Michel Garand. D'abord parce qu'elles confirment mon analyse d'un Pierre André en chef de guerre (tiens, ça me rappelle quelqu'un ...), sans concession, visant là où ça fait mal. Mais Michel ne doit pas avoir mal : les socialistes l'ont très majoritairement hissé sur le ring, à lui maintenant de prendre les gants, de se défendre et de frapper à son tour. Ce que je peux lui dire, mais il le sait déjà, c'est que la politique n'est ni un concours d'élégance, ni un exercice de détachement mais un rude affrontement.

Michel Garand a des ressources, des arguments, de l'intelligence et de l'éloquence : qu'il réagisse, qu'il riposte ! Attention : le pire serait d'esquiver, de laisser dire, d'ignorer, de jouer les indifférents. Alors, l'image négative imposée par l'adversaire s'installerait chez les électeurs et serait ensuite très difficile, sinon impossible à démentir. Nous vivons dans un monde de communication où il faut être très réactif aux attaques : dans les 48 heures ou jamais ! C'est la leçon que je retiens de Pierre André, qui lui a assez bien réussi : la politique, ce n'est pas du judo, c'est de la boxe.

1 commentaire:

Anonyme a dit…

Garand attaque Bertrand sur ses enfants, Pierre André sur l'age de Garand, c'est vraiment pitoyable.
relevez le niveau de la campagne.