samedi 13 juillet 2013

Le défi de l'impôt



Un programme municipal mobilisateur ne peut pas être un catalogue de mesures qui reprend toutes les doléances possibles et imaginables, légitimes et excessives, faisables ou irréalistes, particulières et diverses, un trou à boucher ici sur un trottoir, un lampadaire à rajouter là dans une rue. Il faut un projet resserré autour d'une mesure qui imprime. C'est plus facile à dire qu'à faire. Mais il est déjà bien d'écarter ce qu'on ne veut pas : le contre-pied systématique de l'équipe en place, la fuite en avant dans la radicalisation aveugle.

Par méthode, il ne faut pas partir de soi, de ses a priori idéologiques, de ses clichés politiques qui font plaisir aux siens mais pas forcément à tous les autres. Il faut partir de l'opinion publique, de ce qui se dit. A Saint-Quentin, qu'est-ce qu'on entend communément ? Il n'y a pas assez de travail, les impôts sont trop élevés. C'est brut de décoffrage, mais il faut partir de là : l'emploi et la fiscalité. Le reste n'est pas à exclure, l'écologie, la culture, la circulation. Mais il faut hiérarchiser.

L'emploi : je l'ai écrit hier, à l'occasion de l'inauguration de PlaNet Finance, c'est l'économie nationale, la reprise de la croissance qui décideront de sa relance. La mythologie du grand projet, il ne faut pas trop y compter : le canal Seine Nord est en pourparlers, mais je suis plutôt pessimiste quant à la suite ; le troisième aéroport à Chaulnes a été rangé dans les tiroirs depuis longtemps. Dans les deux cas, c'est dommage, c'est préjudiciable, mais c'est ainsi. Alors quoi ? Ce que j'ai dit hier : tout est bon à prendre, il faut se battre sur tous les fronts. Mais je ne doute pas que c'est ce que fait la droite. On ne va pas cliver sur ce point. Quant au recours à l'emploi municipal, personne n'y songe (sauf peut-être Olivier Tournay et l'extrême gauche).

Reste le deuxième marqueur : les impôts locaux. La droite en a fait un dogme, constamment répété, une ligne de partage identitaire avec la gauche : c'est sur ce terrain qu'il faut attaquer, ce sont les thèmes de l'adversaire dont il faut s'emparer, ce sont ses positions qu'il faut occuper. Pas un sou d'impôt supplémentaire ? Ok, mais figer la pression fiscale ne suffit pas, s'il est vrai qu'elle est trop forte ; il faut la diminuer, voilà le projet ! Pour la gauche, ce sera redonner du pouvoir d'achat aux Saint-Quentinois, qui en ont bien besoin. Il faut que la gauche ose ce que la droite n'ose pas. L'emploi, c'est une donnée qui échappe largement à une municipalité, parce que le contexte national est surdéterminant. Mais l'outil fiscal est à portée : c'est une question de choix.

Facile à dire, là aussi, mais on fait comment pour baisser les impôts ? Je ne sais pas, je lance l'idée : après, il faut y réfléchir, examiner toutes les possibilités, leur faisabilité technique. Le tarif de l'eau, par exemple : certaines villes ont municipalisé ce service ; c'est à voir, sans préjuger de la réponse. Tout ça bien sûr doit être financé, sinon c'est du vent. D'autres taxes peuvent être envisagées à la baisse. A condition de dire ce qu'on veut et ce qu'on ne veut pas : je ne serai pas choqué de renoncer à un grand projet, pourvu que les impôts baissent.

Tout ça est une question de choix, de volonté politique. Ce qui est certain, c'est que l'argent, quoi qu'on fasse, vient toujours de quelque part : la question est de savoir où on le prend et où on le met. Il n'y a pas de tabou : rien n'est figé, tout peut être revu et discuté. Pour la gauche locale, il sera difficile de gagner : elle ne pourra le faire que sur projet. La baisse de l'impôt n'est pas forcément dans ses gènes, mais dans les semaines qui viennent, elle peut y penser. Chez les socialistes, le contexte idéologique n'est plus un glacis, il est désormais très ouvert, et c'est heureux. S'engager à baisser les impôts exige d'être étudié avec beaucoup de sérieux et de compétence ; mais, dans toute sa difficulté, c'est tout de même moins difficile que promettre de réduire le chômage, à quoi il ne faut pas non plus, évidemment, renoncer.

2 commentaires:

Anonyme a dit…

Erreur de vouloir donner du pouvoir d achat en baissant les impots. Beaucoup des citoyens en difficultes n en paie pas ! Ils faut uniquement faire baisser le couts des energies. Ecoutez les familles, c est l eau, le chauffage, le loyer, qui plombent leur petits budgets pas les impots locaux.

Emmanuel Mousset a dit…

Tout le monde ne paie pas l'impôt (national) sur le revenu, mais tout le monde paie des taxes et impôts locaux.