dimanche 21 juillet 2013

Un crime contre la France



La commémoration de la rafle du Vel d'Hiv n'est pas la cérémonie la plus fréquentée de l'année, surtout en cette période de vacances. Mais c'est pourtant la plus émouvante et, pour moi, je n'hésite pas à le dire, la plus importante parce qu'elle touche à un mystère et à une tragédie du siècle passé : le génocide juif. Célébrer la fin d'une guerre ou le début d'une révolution, c'est bien sûr fondamental, mais il n'y a pas cette dimension d'horreur énigmatique qu'a été la volonté des nazis d'exterminer tout un peuple innocent. Je crois que c'est du jamais vu, dans ces conditions et à une telle échelle, durant toute l'histoire de l'humanité. J'ai été heureux de constater qu'au monument aux morts, ce matin, nous étions plus nombreux que d'habitude, élections municipales obligent.

Paul Elkaim, le président de la communauté juive de Saint-Quentin, a parlé d'"un crime contre la France", et c'est une expression très juste. Oui, ce crime contre l'humanité est aussi "un crime contre la France", contre ses traditions séculaires, contre ses valeurs nationales, contre son peuple dont les juifs font partie, contre la patrie pour laquelle ils ont, eux aussi, donné leur vie. Les antisémites, qui hélas sont toujours bien présents, sont la honte, le déshonneur de notre pays. La rafle du Vel d'Hiv, c'est une douleur pour tout Français, parce que ce sont des Français qui l'ont organisée. Mais l'honneur est heureusement sauvé par quelques-uns : contre beaucoup de lâches et quelques salauds se lèvent une foule de héros, petits et grands, et c'est rassurant.

Cette commémoration qui me tient à coeur n'a de sens que si elle parle à notre époque et n'est pas seulement le rappel d'un triste événement historique. Comment une telle tragédie a-t-elle pu se commettre ? Comment faire en sorte qu'elle ne se reproduise plus jamais ? C'est aussi de ce dont nous débattrons le lundi 16 septembre, pour la séance de rentrée du ciné- philo, consacrée au magnifique film de Margarethe von Trotta, "Hannah Arendt", qui a fait polémique tant la pensée de la philosophe semble provocatrice : non, les nazis et les collabos n'étaient pas des monstres mais des gens ordinaires, et c'est de leur banalité qu'est sorti le mal. A méditer, à discuter, pour continuer à dénoncer ce "crime contre la France" et contre l'humanité.

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