mercredi 3 juillet 2013

Batho viré : bravo !



J'attendais depuis longtemps ce signal fort du gouvernement, ce geste d'autorité du président de la République : plusieurs ministres l'ouvraient alors qu'on leur demande de la fermer et de bosser, ou bien de partir. Ministre, ce n'est pas un métier, c'est une adhésion à une ligne politique, qu'on applique ou qu'on quitte quand on n'est plus d'accord. Delphine Batho a touché le disque dur de la solidarité gouvernementale : le budget. Quand on émet sur ce point un désaccord, on ne peut plus rester. On ne peut pas critiquer son budget à la radio et ensuite aller le défendre devant l'Assemblée ! Le chef de l'Etat et le Premier ministre ont été expéditifs : bravo, c'est parfait.

Mais pourquoi elle et pas les autres, Montebourg, Hamon et consorts ? Il faut être con pour se poser cette question ahurie. Ca me fait penser à ces enfants, pris la main dans le sac, qui se défendent pitoyablement en disant qu'ils ne sont pas les seuls, qu'il y en a d'autres, que c'est injuste etc. Il faut, en matière de justice et de sanction, qu'il y ait un premier, même s'il y en a toujours eu d'autres avant. Car si on raisonnait autrement, on ne sanctionnerait jamais personne, Batho serait encore au gouvernement et tous les autres ministres seraient encouragés à suivre son exemple, puisqu'il y a eu des précédents ... Non, c'est mal penser que de penser ainsi, c'est une forme d'hypocrisie infantile, c'est ne pas assumer ses responsabilités sous prétexte que d'autres ont déjà fait le mal qu'on vient de faire.

Et puis, Montebourg, Hamon et consorts n'ont jamais franchi la limite interdite, la critique de leur budget. La comparaison n'est donc pas pertinente, même si eux-aussi seraient bien inspirés de se tenir à carreau, c'est-à-dire d'effectuer sans autre forme de commentaires les missions pour lesquelles on les a nommés ministres.

Daniel Cohn-Bendit, avec lequel je suis pourtant généralement d'accord, a fait une remarque très bête : "Ce sont des machos". Comme si Hollande et Ayrault avaient congédié Batho parce qu'elle est femme ! En revanche, j'ai beaucoup aimé l'analyse de Dominique Voynet : Batho n'a pas assez défendu son budget, elle élève la voix trop tard. L'ancienne ministre de l'écologie a eu cette formule que je fais totalement mienne : "On quitte un bateau quand on s'est battu, qu'on a été désavoué et qu'on a perdu".

Les écologistes, dans cette affaire, ne sont pas contents. Je les comprends. Qu'ils en tirent alors les conséquences. Ils ne le feront pas. Pour quitter volontairement un gouvernement, il faut s'appeler Chevènement ou Rocard, pas Duflot et Canfin ! Je ne souhaite pas d'ailleurs leur départ. Mais comme ils ne le souhaitent pas non plus, nous sommes tranquilles sur ce point. D'autant que le nouveau ministre, Philippe Martin, est beaucoup mieux connu et certainement plus expérimenté en matière d'écologie que Delphine Batho.

Sur le fond, la réduction de 7% du budget attribuée à l'écologie ne me choque pas plus que ça. Il faut savoir ce que l'on veut, mener une politique de rigueur budgétaire ou pas. Les économies, il faut bien les prendre quelque part, et où qu'on les prenne, ça fait mal. Mais à choisir, je préfère qu'on préserve l'éducation, le logement, les transports ...

4 commentaires:

Anonyme a dit…

Il est exact que vous vous êtes bien battu, vous avez été désavoué et vous avez perdu....lourdement.
Peut-être allez vous quitter le bateau?

Emmanuel Mousset a dit…

Non, je suis né dans ce bateau et je vais y mourir. Mais, désormais, je resterai dans la soute, au banc des galériens.

Anonyme a dit…

j'ai peur que se ne soit juste qu'une oportunité saisie par le gouvernement pour rappeler a tous que la cohesion gouvernementale est ecigée.
une opportunité car c est un minstre de faible envergure, peu connu et sans grande consequences.
j attends maintenant de voir s'il y aura la meme determination pour des ministres plus importants, car il y aura probablement encore des dérapages . c est là qu on verifiera le vrai courage du 1er ministre.

Emmanuel Mousset a dit…

1- Ce n'est pas une "opportunité" mais un devoir d'Etat : faire respecter la discipline au plus haut sommet.

2- Ce n'est pas un "dérapage", c'est une violation de la solidarité gouvernementale.

3- Après un tel rappel à l'ordre, il n'y aura plus de contrevenant.

4- Il n'y a pas de "vrai" ou de faux courage, il y a LE courage, en l'occurrence celui du Premier ministre et du chef de l'Etat.