mardi 23 juillet 2013

Brétigny, Trappes, Cholet



Brétigny, Trappes, Cholet : non, ce ne sont pas les étapes d'une ligne ferroviaire, mais les trois villes d'où le scandale ces derniers jours est arrivé. D'abord, une tragédie qui suscite parallèlement une rumeur invérifiable et contradictoire, d'où il ressort que nos jeunes de banlieue sont perçus comme des barbares détrousseurs de cadavres. Ensuite, le contrôle d'identité d'une femme intégralement voilée qui tourne mal et entraîne une nuit d'émeute, à la suite de quoi les accusations opposées de laxisme et de racisme sont lancées. Enfin, le maire d'une ville importante tient des propos fous et criminels en évoquant l'extermination insuffisante des Roms par Hitler.

Brétigny, Trappes, Cholet : voilà une bien mauvaise image qui nous est donnée du débat politique. A chaque fois, la gauche et la droite sont perdantes : c'est le Front national qui ramasse la mise. Parce qu'à chaque fois, ce sont ses délires, ses fantasmes, ses références idéologiques qui sont mis en scène : l'insécurité et la xénophobie. Les convictions ne sont plus en jeu, mais les pulsions, les émotions, les obsessions. Il est temps pour les républicains, de gauche et de droite, de rappeler ce qu'est le débat politique en démocratie :

1- Les opinions politiques reposent sur des faits et des raisonnements, pas sur des rumeurs et des invectives.

2- La parole d'un homme public est responsable et maîtrisée. Elle s'appuie sur un langage choisi et recherche le mot juste. Elle se distingue des réactions et des émotions de la personne privée.

3- Les sujets politiques ordinaires sont circonscrits aux questions économiques et sociales, ainsi qu'au domaine de la politique étrangère. Les questions de sécurité et d'ordre public en sont exclues et réservées aux seuls professionnels, police et justice. La politique n'est pas en charge de tout dans une société.

4- Les partis et hommes politiques se déconnectent des impératifs médiatiques pour se concentrer sur le moyen et le long terme. Les événements ponctuels et éphémères, transformés en spectacle par les médias, notamment les chaînes d'information continue, n'ont pas à être commentés et traités.

5- Les thèmes et les thèses de l'extrême droite en général et du Front national en particulier sont unanimement disqualifiés et mis hors de la République par la gauche et la droite.

Après Brétigny, Trappes et Cholet, il est urgent de revenir à un débat politique et démocratique normal. Les préoccupations ne manquent pas : l'emploi, le pouvoir d'achat, le logement, la santé, l'éducation, l'environnement et bien d'autres sujets. Il en est bien sûr régulièrement question, et c'est heureux. Mais j'aimerais que la politique ne nous parle que de ça, et pas d'autre chose.

1 commentaire:

Anonyme a dit…

Je ne vois pas tres bien pourquoi les questions de sécurité et d'ordre public seraient réservées à des professionnels ou des techniciens uniquement.
Le citoyen doit au contraire se sentir concerné et impliqué et doit pouvoir dire dans quelle sociéte il souhaite vivre.