jeudi 25 juillet 2013

Le devoir d'optimisme



En annonçant, lors de son entretien du 14 juillet, que "la reprise était là", le président de la République a surpris. En affirmant avec assurance que la courbe du chômage allait s'inverser à la fin de l'année, François Hollande rompt avec un mal français : la sinistrose, sorte de dépression nationale, qui fait qu'on ne croit plus en rien, qu'on se décourage de tout et qu'on s'illusionne en votant pour les extrêmes. Nicolas Sarkozy n'était pas parvenu à sortir le pays de cette névrose, étant lui-même anxiogène par son comportement politique très conflictuel. Hollande réussira-t-il là où l'ancien président a échoué ? Pierre Moscovici et Michel Sapin ont poursuivi ces derniers jours sur cette ligne qui réclame et applique un devoir d'optimisme.

L'optimisme peut sembler, en politique, une vertu critiquable, c'est-à-dire un vice. Le magazine Marianne de cette semaine ne se prive pas d'ironiser sur "le ravi de la crèche", entendez le chef de l'Etat. Mais je n'ai que mépris pour le France-Dimanche de la gauche râleuse et populiste, qui porte bien mal son titre. Quand on est au pouvoir, quand on exerce des responsabilités, oui, l'optimisme est un devoir : on doit croire en ce qu'on fait, et faire partager sa confiance aux autres, en expliquant le bien-fondé de sa politique.

Je connais quelques camarades qui font grise mine, qui pincent les lèvres, qui s'interrogent, qui voudraient plus, mieux, autrement : ce n'est pas avec ceux-là qu'on gagnera ! Le pessimisme, l'inquiétude, le doute ne font pas de bons militants mais de gros boulets. On demande en politique des états de service, pas des états d'âme. Si les socialistes ne sont pas des optimistes, personne ne le sera à leur place, et surtout pas la droite !

L'optimisme est d'autant plus un devoir que la France est la championne du monde du pessimisme, autant qu'un pays en guerre ou frappé par le sous-développement (les sondages le montrent). Quand la moitié de la population n'écarte pas la possibilité de devenir clochard, c'est que quelque chose ne cloche pas dans la tête des gens. La France n'est pas si mal placé que ça en matière de niveau de vie (et là, je ne fais pas de politique, puisque c'était déjà vrai, soyons honnêtes, sous Sarkozy). Si le président de la République n'est pas optimiste, c'est toute la République qui sera pessimiste. Est-ce qu'on sera plus avancé pour autant ?

Attention : l'optimisme hollandais et socialiste n'est pas de commande ou d'apparence. Des engagements ont été pris pendant la campagne, des objectifs ont été donnés : tous les Français, le moment venu, c'est-à-dire lorsqu'il faudra voter, pourront vérifier, évaluer et se prononcer, en connaissance de cause. C'est un optimisme des résultats, pas des intentions. Ce n'est pas un optimisme survitaminé mais raisonné. Encore une fois, nos concitoyens en ont besoin. Mais la gauche aussi : elle a été trop souvent irriguée par une culture du refus, de la contestation, avec cette idée sous-jacente que tout va de mal en pis, qu'on ne peut rien à rien, que ça va finir par péter. Cette gauche critique est incapable de construire quoi que ce soit : elle se plaît dans l'opposition, veut conserver sa virginité pseudo-révolutionnaire et se méfie, c'est un euphémisme, de la gauche de gouvernement. "Que la République était belle sous l'Empire !" disait-on au XIXè siècle : Que la gauche est formidable quand elle n'est pas au pouvoir ! disent ses partisans puritains, applaudis par la droite, qui adore la gauche tant qu'elle n'est pas aux responsabilités.

Pourtant, au plan idéologique, c'est plutôt la droite qui est pessimiste (elle ne croit pas vraiment en un changement de société mais en une bonne gestion) et la gauche qui est optimiste (elle croit au progrès de l'humanité). Un socialiste est donc, par convictions, un optimiste. Sinon, c'est un faux socialiste et un vrai protestataire, qui ne croit jamais en rien et se plaint de tout, y compris des socialistes !

Ce devoir d'optimisme, je souhaite qu'il descende du national jusqu'au local, qu'il souffle de Paris jusqu'à Saint-Quentin. Nous en avons bien besoin ! Ici, je déclinerais le devoir d'optimisme en devoir d'ambition : pour les élections municipales, ne pas se contenter de vouloir grignoter quelques places d'opposants, mais aspirer à la victoire, avoir de l'appétit, le montrer aux Saint-Quentinois (quelqu'un qui a faim, ça se voit !). Optimiste, je vous dis, comme François !

3 commentaires:

Anonyme a dit…

Etre de gauche c est etre anti capitaliste, c est avoir la certitude que ce système est voue a l echec. ce n est pas du pessimisme, c est affirmer qu il y a suffisemment de decennies passees pour etre convaincu que jamais ce systeme ne repartira egalitairement les richesses. Que le ps se berce d illusion en pensant pouvoir controler suffisemment les marches pour mettre fin a la precarite sociale et economique
Nous attendrons effectivement la fin de ce mandat pour juger de la baisse de l energie, du cout du logement, de la diminution des emplois precaires et surtout de la promesse de campagne, combattre la finance, l ennemi proclame de ce gouvernement

Emmanuel Mousset a dit…

1- Etre anticapitaliste, c'est être d'extrême gauche. Très bien et bon courage !

2- "Mon ennemi, c'est la finance" : petite bêtise pour foule militante en délire. Vous n'allez pas sans cesse rappeler ça tout au long du quinquennat, comme certains ont odieusement reproché à Jospin cette vérité, cette évidence, cette banalité : "L'Etat ne peut pas tout".

Erwan Blesbois a dit…

Je suis en désaccord total avec toi sur l'optimisme et le progrès. Il est évident pour moi que les pessimistes sont plus humains que les optimistes. Que ces derniers sont souvent des fanatiques déguisés en philantropes. Toute l'histoire de l'humanité nous montre que le progrès n'existe pas, ceci pour la bonne raison qu'il n'y a pas d'hérédité des caractères acquis, malgré le contraire que voulaient faire croire les communistes d'union soviétique. Donc tout ce que gagne un individu ou une génération peut être perdu par l'individu ou la génération suivants. Par conséquent parler de progrès ou d'optimisme est un discours démagogique. Le pessimiste lui est plus près du réel. Il voit le fossé qui existe entre la réalité et le discours. Le pessimiste apprend à mettre une certaine distance avec le discours. Car ce dernier ne peut être appliqué par personne, ni même par toi, encore moins par les politiques, quelquefois même corrompus. Le pessimiste sauve des vies, là où l'optimiste souvent de bonne foi envoie à la boucherie. L'hypocrite, lui,reste bien au chaud, et le cynique se frotte les mains des dommages subis.