mercredi 24 juillet 2013

Le Chouchou de mon coeur



Hier matin, je m'attendais à ce que la conférence de presse d'Yves Daudigny, président du Conseil général de l'Aisne, fasse la une des journaux locaux, puisque c'est la double polémique de ce mois de juillet : la suppression des bourses départementales et le retrait de la délégation de Thierry Lefèvre. Mais non : ce n'est pas Yves qui tenait la vedette, mais Chouchou. Il s'agit d'un chien qui a gravement mordu les deux fillettes de son maître. Celui-ci veut le faire euthanasier, mais l'affaire se retourne contre lui : une pétition prend la défense du chien et le maître se retrouve accablé !

C'est plus qu'un fait divers, c'est ce qu'on peut appeler un fait de société : des hommes qui prennent fait et cause pour une bête violente, qui aurait pu être meurtrière, et qui dénoncent quelqu'un de leur espèce, un autre homme. Mine de rien, le sujet est philosophique, avec ce gros titre de couverture de L'Aisne Nouvelle, qui ressemble à un sujet de dissertation : à qui la faute ? C'est tout le problème de la responsabilité, mais aussi du devoir, qui sont posés. L'homme ou l'animal ? Et si l'on choisit d'incriminer l'homme, qui exactement ? L'actuel propriétaire de la bête ? L'ancien ? Pourquoi pas l'attitude des enfants eux-mêmes ? Epineuse réflexion ...

Le Courrier picard cite l'initiatrice de la pétition, Nathalie Boulfani : "Un chien ne mord jamais sans raison. Il n'y a que les humains qui font les choses gratuitement". Voilà une pensée qui prête elle aussi à un commentaire philosophique. Elle présuppose qu'un animal serait doué de raison, du moins que ses actes seraient prédéterminés par des motifs et pas forcément par des pulsions folles. En revanche, les hommes échapperaient à cette condition, seraient capables de comportements infondés, inattendus, gratuits. Le point de vue est évidemment très discutable (mais c'est ça la philosophie !) : on pourrait tout aussi bien soutenir que l'attitude d'un chien est irrationnelle, purement animale, et que celle de l'être humain est au contraire civilisée, c'est-à-dire motivée et réfléchie.

Quoi qu'il en soit, qu'est-ce que ça change ? En supposant que Nathalie Boulfani dise vrai, le chien n'échappe pas à sa responsabilité : si son geste n'est pas gratuit, sa culpabilité est alors engagée ! Bref, on ne s'en sort pas (mais c'est souvent comme ça en philosophie). Pour ma part, à voir la bête en photo dans les journaux, elle ne me rassure pas, elle fait plutôt gros bestiau, un mélange d'ours pour la tête et de lion pour la crinière. Les propos d'un spécialiste, Louis Gombart, renforce mon impression : le corps d'un show-show (c'est sa race) est musclé, c'est un canidé fier et distant, très indépendant et peu porté à la tendresse, pas très obéissant. Le show-show, tel que je le sens (c'est-à-dire pas bien), c'est un faux nounours.

Je pense à ces chiens qui vous gueulent après, vous menacent de tous leurs crocs, les babines pleines de bave, le regard perçant, et dont le maître vous dit doucement, en souriant : n'ayez pas peur, il n'est pas méchant ! Le comble est atteint quand le propriétaire vous reproche votre peur (forcément incontrôlée) comme étant à l'origine de la réaction hurlante et agressive du clébard ...

Mais l'affaire ne s'arrête pas là : Nathalie Boulfani accuse le propriétaire de Chouchou, Sébastien Graux, de maltraitance envers les animaux. Il s'en défend, en évoquant un autre show-show malade, qu'il a fait piquer en déboursant 600 euros alors qu'il aurait pu le laisser mourir. La mort comme preuve d'amour ? Afin d'abréger les souffrances ? Et l'argent engagé attestant du sacrifice de l'homme pour l'animal ? Nous revoilà dans une réflexion philosophique ... Mais Yvette Bertin, vice-présidente de la SPA de Saint-Quentin, ne sait pas du tout si Sébastien Graux peut être ainsi soupçonné de maltraitance. En tout cas, celui-ci a décidé de retourner l'accusation en écrivant au procureur de la République. L'affaire est à suivre. La pétition, en deux jours, a atteint 878 signatures ; celle contre la suppression des bourses départementales 1 470, en une semaine.

Je me souviens d'un air ancien, de je ne sais plus qui :

Il est le chouchou, le chouchou de mes rêves
Il est le chouchou, le chouchou de mon coeur


Mais je ne crois pas que la chanson s'adressait à un show-show. Toujours est-il que je ne possède pas de chien, mais un chat, que je n'appelle pas Chouchou mais Chacha. Il s'est installé chez moi, partage ma vie depuis quatre ans, me rejoint dans mon lit. Ce matin, je l'ai regardé dans les yeux, un peu inquiet : qui peut savoir ce qu'il y a dans la tête d'une bête ? Chacha se jette parfois sur moi, pour jouer. Mais si je n'étais pas le plus fort, que se passerait-il ? On ne se méfie jamais assez des animaux. Certes, les bêtes sont nos amies. Mais justement : voyez nos amis à deux jambes ; croyez-vous qu'ils sont toujours dignes de confiance ? Alors, à quatre pattes ... J'aime beaucoup cette formule de Rivarol : "Dans chaque ami, il y a la moitié d'un traître". Je la dédie à Chouchou le show-show, qu'il vive ou qu'il meurt. Et toi, Chacha, fais gaffe ...

1 commentaire:

Anonyme a dit…

Il existe des extremistes de la cause animal, des ayatollah qui ont decrete que l animal etait toujours une victime de l homme.
L animal est comme l homme dote d une raison plus ou moins developpe mais comme l homme l animal peut avoir des troubles psychologiques, des humeurs et des acces de colere qui ne sont pas la faute systematique des humains. C est fou d accuser toujours les hommes des comportements agressifs des animaux.
Il suffit d etudier le comportement naturel des animaux en liberte pour percevoir rapidement que se ne sont pas des etres toujours bons et innocents.
Ces personnes accusatrices bien pensantes qui prennent la defense des animaux oralement sont bien souvent et c est le comble incapable de tuer une poule pour nourrir un tigre affaibli dont l espece est en voix de disparition.