dimanche 7 juillet 2013

Fricbook



Nicolas Sarkozy est incorrigible. Il avait promis d'arrêter la politique après sa défaite, ce que Xavier Bertrand ne manque pas de rappeler quand l'occasion se présente. Et voilà maintenant l'ancien chef d'Etat qui revient ! Il est certes permis de changer d'avis. Mais le moyen pour rentrer dans le jeu est surprenant : Facebook, comme les adolescents et les solitaires ! On s'attendrait à un cadre plus solennel pour quelqu'un qui a été président de la République.

Et puis, il y a le motif de ce retour : l'invalidation de ses comptes de campagne par le Conseil constitutionnel. Sarkozy, battu parce qu'il apparaissait aux yeux des Français comme un homme d'argent, réapparaît sur cette question, qui est presque chez lui une forme de surmoi, un problème récurrent : l'argent ! De plus, il s'agit d'un argent, celui de sa campagne, qu'il n'a pas su gérer au plus près, ce qui lui vaut les reproches des sages de la République.

Du coup, Nicolas Sarkozy s'en prend implicitement au Conseil constitutionnel, la plus haute juridiction de la République. En tant qu'ancien premier magistrat de l'Etat et membre de ce Conseil constitutionnel, il devrait au contraire le défendre, ou du moins faire silence devant ses décisions, qui n'appelle juridiquement aucun commentaire, à l'instar de toute décision de justice. Mais Nicolas Sarkozy a montré à plusieurs reprises, durant son quinquennat, qu'il était fâché avec le droit, dont il n'a une idée qu'à travers son ancien métier d'avocat, en politique, avocat exclusif de lui-même et pas des principes constitutionnels. Quand le Conseil a censuré des projets de l'actuel gouvernement, je n'ai rien dit, j'ai simplement souhaité que les projets soient retoqués.

Nicolas Sarkozy fait courir l'idée d'un vilain complot contre lui. Quelle faiblesse que d'en arriver à ce pauvre argument ! Des faits, ce n'est pas un complot. Le Conseil constitutionnel est majoritairement composé de gens de droite, qui font très bien leur métier : où est le complot ? Comme toujours, seulement dans la tête de ceux qui croient en être les victimes. Victime, le mot est lâché : Nicolas Sarkozy veut jouer ce petit jeu qui aujourd'hui rapporte gros auprès de l'opinion, la victimisation. Mais qui croira qu'un mauvais gestionnaire de ses comptes de campagne est une victime ?

Pour habiller son retour en politique, Nicolas Sarkozy se présente comme le défenseur de la liberté d'expression démocratique, selon lui mise en péril par la lourde sanction financière qui frappe le premier parti d'opposition. C'est un peu fort de café : c'est Sarko qui plante l'UMP à cause de ses négligences, et il voudrait maintenant la défendre et la sauver ! De fins analystes font remarquer que rien de tout ça ne se serait passé si Sarkozy avait été réélu, qu'on n'imagine pas le Conseil constitutionnel invalider le résultat d'une élection présidentielle. Mais la raisonnement est purement théorique, hypothétique. De fait, peu importe le résultat, Nicolas Sarkozy s'est trompé dans le calcul de ses comptes et c'est là-dessus qu'il est sanctionné. Redevenu président dans ces mêmes conditions, il le serait malgré tout resté, le Conseil constitutionnel pouvant difficilement s'opposer en démocratie à la souveraineté du peuple et au suffrage universel. Mais je suis persuadé que la sanction serait tombée de la même façon.

Demain, Nicolas Sarkozy va participer au bureau politique de l'UMP. C'est par cette porte qu'il retourne sur scène. Imaginez le général de Gaulle, censé être son mentor, jugeant de cette démarche : passer par la réunion restreinte d'un parti politique pour signifier son retour ! C'est de la pure hérésie gaulliste. Et tout ça pour une histoire de fric ! On attend d'un ancien président qui veut peut-être le redevenir une certaine hauteur de vue, pas des préoccupations de trésorier. Je vois mal les Français s'émouvoir et se mobiliser pour les problèmes d'argent de l'UMP (j'aurais le même jugement à propos du PS).

Oui, Nicolas Sarkozy est bel et bien victime, mais de lui-même et de ses excès : il est trop malin, c'est ce qui le perd. Se réintroduire dans l'appareil, sonner le rassemblement des adhérents en expliquant que la maison brûle, obliger Copé, Fillon et tous les autres à s'aligner derrière lui, c'est malin, très malin. Ca marchera à coup sûr auprès du noyau dur du parti, qui mettra sans broncher la main au portefeuille et s'excitera à la perspective d'un come back. Mais l'opinion publique restera indifférente. On n'attend pas d'un ex et possible futur président de la République qu'il soit malin, mais rigoureux et légaliste.

1 commentaire:

MG a dit…

Si j'ai bien compris, l'Etat ne comblera pas le "trou" des comptes de campagne sauf que si l'appel aux dons fonctionne, il y aura des reçus de don ouvrant un droit de déduction sur les impôts 2014 - donc moins d'argent pour l'Etat ! on nous prend pour des idiots car au final, les caisses de l'UMP seront de nouveau pleines et qui paiera : l'Etat et tous les français !
Martine G.