lundi 12 septembre 2016

Week-end anti-Hollande



Qu'avez-vous fait ce week-end ? Il faisait beau, je me suis promené. D'autres ont bouffé du Hollande. Nous avons eu droit, pendant deux jours, à un vrai festival. D'abord à La Courneuve, pendant la fête de l'Huma. Non pas chez les communistes eux-mêmes, qui sont clairs et nets : ils n'ont jamais été favorables à Hollande, ont toujours combattu sa politique, ne se reconnaissent pas dans la social-démocratie. Je respecte. Non, les anti-Hollande, ce sont les autres, les membres du Parti socialiste qui critiquent publiquement la politique gouvernementale.

Pire : d'anciens membres du gouvernement, qui ont participé à la définition et à l'application de sa ligne politique et qui la dénigrent depuis qu'ils en sont partis. J'ai nommé, bien sûr, Montebourg et Hamon, assez gonflés, qui vont faire leur cinéma devant un public complètement hostile à Hollande, qu'ils essaient de mettre dans leur poche. Je ne m'y ferai jamais ; c'est détestable. Bien des communistes, heureusement, ne sont pas dupes de cet électoralisme de bas étage.

Les anti-Hollande ne se sont pas arrêtés là. Ils se sont réunis à La Rochelle, pour une université d'été qui essaie de singer, gros malins qu'ils sont, le rassemblement traditionnel qui a longtemps été celui du Parti socialiste, annulé cette année. Mais la copie n'a rien à voir avec l'original. Ce week-end, au bord de mer, ce sont les factieux qui se sont retrouvés. Pour faire quoi ? Pour tout faire pour éliminer Hollande, pour qu'il ne soit pas candidat. On n'est pas anti-Hollande pour rien. Autant aller jusqu'au bout de son hostilité.

Les factieux (je préfère employer ce mot, plus juste que frondeurs) ont fait une proposition, une seule, à la sortie de La Rochelle, mais elle vaut son pesant de cacahuètes : organiser une primaire de toute la gauche, y compris avec ceux qui n'en veulent pas (Mélenchon) ou avec ceux qui ont la leur (les écologistes). C'est malin, non ? Proposer un truc qui ne tient pas debout, qui est impossible. Mais voilà ce qui arrive quand on n'a rien à proposer : on propose n'importe quoi.

En vue des prochaines échéances, la gauche doit être rassemblée autour du seul rassembleur : le chef de l'Etat. Les factieux, eux, veulent diviser, pour leur compte. Qui veulent-ils pour rassembler ? Ils sont plusieurs à croire ce dont ils sont incapables, qui est contradictoire avec leur démarche de fractionnement de la gauche. Autour de François Hollande, les sensibilités peuvent et doivent être différentes, nombreuses mais pas factieuses. Emmanuel Macron, à sa façon, sera un élément de ce rassemblement, quand le moment viendra. J'en suis persuadé. La différence, oui, mais la dissidence, non. Les socialistes anti-Hollande prennent le risque de faire perdre la gauche gouvernementale.

21 commentaires:

Anonyme a dit…

Si les communistes "ne sont pas dupes de cet électoralisme de bas étage" ce qui reste à prouver la direction du PC ménage la chèvre (son électoral) et le chou (le souci de rester socialo-compatible pour essayer de sauver ce qui subsiste du réseau d'élus). Elle fait cela depuis plus de 30 ans avec un insuccès constant et c'est d'ailleurs ce qui perd à la fois la direction du Parti, ses élus et ses militants, le grand écart constant entre les deux.
Pour le militant bien discipliné du PS, Emmanuel Mousset, c'est tous en rang, je ne veux voir qu'une seule tête et pas entendre de voix discordantes. C'est sa vision de type stalinienne du centralisme démocratique alors que le PS a une culture de courant et de tendance depuis les origines. Le PC s'est démarqué depuis longtemps de cette pratique pour adopter le pluralisme interne ce qui fait qu'une partie non négligeable d'élus souhaitent soutenir la candidature de Mélenchon, pas la direction socialo-compatible. Ce dernier a une démarche gaullienne en présentant sa candidature en dehors des appareils partisans qui ont entravé sa démarche depuis la création du Front de Gauche dont il s'est affranchi. Il a conscience que l'élection présidentielle de 2017 est sa dernière chance. Saura-t-il la saisir vraiment en rompant avec un passé et un passif encombrant dans le fonds et la forme? Il est permis d'en douter largement mais je pense que les jeux sont totalement ouverts.

Pour en revenir au tenancier de ce blog il a la vision d'un socialisme de caserne comme dit son mentor Macron.

Anonyme a dit…

Monsieur Mousset est un politique tellement tolérant qu'il exclue ceux qui ne partagent pas son avis sous le terme de soi-disant de factieux. Il serait mieux avisé de s'interroger pour savoir pour quoi son parti en arrivé là. Il serait obligé de constater que c'est la politique de Hollande et Valls, à l'encontre de ce à quoi il s'était engagé pendant sa campagne électorale de 2012.

Emmanuel Mousset a dit…

J'essaie simplement d'employer les mots justes. Si je n'y parviens pas, faites vos propositions, nous verrons.

Anonyme a dit…

Je vous invite à vous en tenir au terme de frondeurs. Y ajouter si vous voulez les dénigrer "d'opérette" même si vous et moi aimons l'opérette.

Anonyme a dit…

D'autant plus que la gauche a prétendu, en son temps, en 1958, que le Général de Gaulle était un "factieux". Ce qui lui a valu la réplique "pourquoi voulez-vous qu'à 68 ans j'entame une carrière de dictateur".

Emmanuel Mousset a dit…

Non, je ne veux pas mêler l'opérette, un art estimable, à des manœuvres politiques qui sont peu estimables. Quant au général de Gaulle, il traitait de "factieux" les militaires félons de l'Algérie française. Appelons donc un chat un chat et un factieux un factieux, c'est-à-dire quelqu'un qui fait sécession d'avec son propre camp en vue de le détruire.

Philippe a dit…

"Appelons donc un chat un chat et un factieux un factieux, c'est-à-dire quelqu'un qui fait sécession d'avec son propre camp en vue de le détruire. "
Je préfère :
Appelons donc un chat un chat et un factieux un factieux, c'est-à-dire quelqu'un qui fait sécession d'avec son propre camp.
Car "en vue de la détruire" est une interprétation qui peut être remplacer par :
« en vue d’en modifier l’évolution décidée par un clan qui en a confisqué la direction »
« en vue de faire respecter les promesses faites pour se faire désigner aux autres composantes du parti »
« en vue de le faire respecter les promesses faites aux électeurs »
Parmi les factieux selon De Gaulle il y avait beaucoup d’hommes d’honneur, c’est à dire d’hommes qui ne pouvaient supporter qu’on leur demande d’abandonner compagnons d’armes harkis et leurs familles. Les politiciens hexagonaux SFIO (Guy Mollet et disciples) puis gaullistes (de Gaulle et disciples) les avaient engagé à leur avaient promettre protection.
Bref les interprétations « en vue de » sont multiples, et toujours fonction de ses connaissances des faits et de son degré de sectarisme.
Par exemple qui sait ce que Hollande a promis en tête à tête à Montebourg lors des précédentes primaires concernant les orientations économiques à venir pour le quinquennat ….. ????

Emmanuel Mousset a dit…

Bon, je propose à chacun d'employer le vocabulaire qui lui plaira, pour éviter les querelles de mots et en rester au débat d'idées.

Anonyme a dit…

Les frondeurs ne font pas sécession !
La gauche eût tort, le général de Gaulle, raison.

Erwan Blesbois a dit…

Je vais citer quelques chiffres, même si Emmanuel Mousset n'aime pas ça. 10% de la population mondiale possède 86% des richesses mondiales, ils pèsent de tout leur poids sur le contrôle décisionnaire : finance, médias, politique... 40% de la population mondiale possède 14% des richesses mondiales, c'est la fameuse classe moyenne. Par sa bonne volonté, et sa crédulité optimiste, son travail aussi, cette classe fait tourner le système, elle a encore foi et pense que "ses" valeurs sont supérieures (des valeurs qu'on lui fourre dans la tête). 50 % de la population mondiale ne possède rien, ce sont les damnés de la terre, ceux qui fuyant les conflits ou la famine, migrent au péril de leur vie vers l'Occident, qu'ils voient comme un Eldorado. Une vraie politique de gauche serait un effort de redistribution des richesses, à l'échelle mondiale, et l'épanouissement de chacun par le travail et l'amour, la normalité en fait, dans son milieu de vie, dans son pays d'origine : le système actuel est pervers et ne permet pas ça ; la perversion intrinsèque du système, explique la prolifération des mouvements nihilistes encore plus pervers et ouvertement sadiques, de contestation par les crimes de masse, dont le modèle type est Daesh ou l'allégeance à ce mouvement. Le clan Hollande, avec Macron et Valls et le reste du gouvernement, est totalement vendu à l'oligarchie, il ne lutte pas sur le plan social, uniquement sur le plan sociétal, pour garder l'étiquette "réformiste". Les "factieux" donnent l'impression d'être moins "à droite" que le clan Hollande, mais sont-ils à gauche ? Reste Mélenchon qui cite les mêmes chiffres que moi, s'inspirant certainement d'Alain Badiou comme moi . Badiou a foi dans le communisme, pas moi. Il faut bien retenir ça : le système est intrinsèquement pervers, la politique n'y peut et n'y pourra jamais rien, car c'est dans la nature humaine d'être génocidaire, et de se diviser outrageusement entre bourreaux et victimes, entre possédants et démunis. Comme la nature humaine ne se réformera pas, le système va continuer ses ravages, jusqu'à l'éclatement de la bulle oligarchique, certainement au prix de crimes atroces. Car les 10% voudront garder leurs privilèges, à n'importe quel prix, et jusqu'au bout du bout (les 10% spéculeront à n'en pas douter, sur la destruction de la planète). Et le monde de toute façon ne peut pas être meilleur qu'il ne l'est actuellement, c'est-à-dire très mauvais, à l'image de la nature humaine. Comme le dit Houellebecq s'inspirant de Schopenhauer : "ce qu'il y a de meilleur en l'homme c'est le chien."

Emmanuel Mousset a dit…

Eh bin, c'est pas gai tout ça. Autant te flinguer tout de suite ...

Erwan Blesbois a dit…

Disons que le monde est plutôt gai pour 10% des gens sur Terre. Pour 40% c'est le purgatoire, et pour 50% c'est l'enfer : c'est comme ça que vit l'espèce humaine, je n'y suis strictement pour rien.

Emmanuel Mousset a dit…

Statistiques aléatoires : on ne sonde pas les cœurs et les reins, il y a peut-être beaucoup plus de gens heureux que tu ne crois, et surtout encore plus de gens qui se contentent de vivre, qui sont indifférents au paradis, au purgatoire et à l'enfer.

Erwan Blesbois a dit…

On peut être "pauvre" et heureux, si l'environnement n'est pas trop dégradé. On peut être tellement pervers quand on est riche, que l'on a de fortes chances de rendre ses enfants très malheureux. Donc oui le bonheur est tout sauf une science exacte. Mais globalement la richesse rend plutôt plus heureux, et même plus sain, que la misère selon moi. De plus le bouddhisme est selon moi la religion qui rend le plus heureux, le christianisme est trop mortifère, et l'islam globalement trop guerrier, pour faire vite et en caricaturant un peu. De plus me fiant à Houellebecq et Elisabeth de Fontenay, j'ai fait l'acquisition d'un chien, donc je ne peux pas être tout à fait malheureux.

Emmanuel Mousset a dit…

Tu as un chien, j'ai un chat. Encore une différence entre nous ! Mais celui qui a du chien n'est peut-être pas celui qu'on croit. Pour le reste, le dalaï lama fait sa tournée en France cette semaine. Va l'écouter : la spiritualité décadente te convient.

Anonyme a dit…

Grossière erreur : les reins se sondent.

Erwan Blesbois a dit…

J'ai aussi un chat figure-toi. Les deux sont complémentaires et n'ont pas le même caractère, comme chacun sait : c'est bizarre, un chat ne fait jamais de bêtises, alors qu'un chien, si. Pour ce qui est du bouddhisme, je ne l'aime que dans son contexte, c'est-à-dire en pays bouddhiste, sinon, cela me semble effectivement une spiritualité hors-sol, hors environnement, donc dégradée : mais le bouddhisme dans son contexte, rien de plus merveilleux. La religion qui convient à la France est le catholicisme, et je n'aime pas trop les "auberges espagnoles", contrairement à toi. Et puis toi en tant que prof, tu es le gardien ou le chien de garde de ce qui fait tourner le monde : un certain espoir, une foi en la vie, au bénéfice des 10%. Tu es ce qu'il n'y a pas si longtemps on appelait un "chien de garde" de la bourgeoisie, c'est pour cela que tu soutiens un gouvernement, qui est peut-être le moins mauvais des gouvernement, mais sur la toile de fond d'un monde rendu mauvais par l'action de l'espèce humaine, depuis l'aube des temps. Comme c'est la nature qui parle au travers de l'espèce humaine, c'est en réalité la nature qui est globalement mauvaise et perverse, l'homme n'en est qu'un produit perverti, peut-être un produit raté, un animal raté, ce qui le rend peut-être encore plus mauvais qu'un pur produit de la nature, car intelligent à la différence d'un animal réussi : plus d'efforts d'adaptation au milieu, rend plus intelligent qu'un animal parfaitement adapté, c'est-à-dire réussi. Car l'homme est le produit de la nature, mais surtout de la culture, donc du contexte qu'il s'est créé, et Rousseau avait déjà remarqué que la vie en société et la culture étaient mauvaises. Ce qu'il ne savait pas, c'est que la nature globalement, est sans doute assez mauvaise, partagée entre prédateurs et victimes ; donc que poser un produit de la nature bon, est une utopie. Tu es chargé aussi de trier entre ce qui fonctionne bien, moyennement ou pas du tout, sans états d'âme, dans le cadre d'une culture laïque du fonctionnement, sur fond d'hyper consumérisme. Comme tu es un bon fonctionnaire, loyal et reconnaissant, tu ne peux pas critiquer le système sur le fond, mais un peu sur la forme, ça et là : ce qui te révolte le plus c'est la paresse et la passivité des gens, mais es-tu réellement davantage acteur ? N'es-tu pas rempli de préjugés sur ce que tu es toi-même ?

Emmanuel Mousset a dit…

1- D'après la Bible, il n'y a que Dieu qui "sonde les reins et les cœurs".

2- Oh que si, les chats font des bêtises, sans doute moins spectaculaires que les chiens. L'image du chat à sa mémère est un cliché.

Anonyme a dit…

c'est qui Erwan Blesbois qui se prend pour LE penseur du 21e siécle?
peut-être devrait-il relire Boileau( au fait il connaît?):
Ce qui se conçoit bien s'énonce clairement - Et les mots pour le dire arrivent aisément
mais ça "il sait pas faire"

Emmanuel Mousset a dit…

Chacun sur ce blog s'exprime comme il l'entend.

Erwan Blesbois a dit…

La difficulté d'expression est bien plus grave qu'une mauvaise conception du sujet abordé. "mal vu, mal dit, vraiment ?", disait Deleuze pour se moquer. Cela dénote une difficulté communicationnelle, donc un handicap, d'autres plus tolérants diront une "différence", certainement d'ordre sensoriel, pour des raisons peut-être génétiques. Mais pour ma part je privilégie l'option du caractère : une sorte de "fatum" relationnel qui remonte certainement à la petite enfance ; un rapport pervers à l'adulte peut être un destin pour une vie entière. Et il faut dire que l'école encourage les phénomènes de bouc-émissarisation, précisément dans le domaine de l'expression ; ce qui est "différent" est banni ou ostracisé, au nom de sentences scolaires, quasiment martiales, comme : "Ce qui se conçoit bien s'énonce clairement, et les mots pour le dire arrivent aisément." J'ai l'impression qu'Emmanuel Mousset a publié ce commentaire d'un "anonyme" lambda, pour me montrer que mon caractère ne peut s'accorder avec la pensée réactionnaire, homogénéisatrice, qui précisément bouc-émissarise ce qui est différent. Or précisément selon moi, c'est la "pensée 68", la pensée de la "différence", qui est responsable de beaucoup de maux de nos contemporains, qu'une éducation catholique, ou même purement et "durement" laïque, rigides et homogénéisatrices certes, auraient pu éviter. Maintenant il faut faire avec toutes ces "différences" qui ne s'accordent pas entre elles, qui se font la guerre de façon perverse, et compter sur la psychiatrie pour se soigner, plus que sur la religion ou sur l'école, qui n'arrivent plus à homogénéiser. Emmanuel Mousset s'en félicite, lui qui a reçu une éducation rigide, issue de l'époque de de Gaulle et des trente glorieuses, je le déplore, moi qui ai reçu une éducation laxiste, issue de l'"esprit de 68".