vendredi 2 septembre 2016
Le PS est-il mort ?
Nous sommes en pleine "décomposition politique". "L'offre politique ne correspond plus à la demande des citoyens". "Le système politique étouffe". "Il faut que la gauche se dépasse". "La structure du Parti socialiste est usée". Il faut "une nouvelle structure". Le PS est "pour partie déjà mort".
A qui doit-on ces jugements très sévères sur l'état de la gauche et du Parti socialiste ? A Emmanuel Macron ? Non, je ne l'ai pas entendu être aussi dur. Pourtant, c'est bien du Macron qu'on croit lire ! Alors qui ? Quelqu'un d'insoupçonnable, un proche de François Hollande, un membre du gouvernement : Jean-Marie Le Guen, secrétaire d'Etat aux Relations avec le Parlement, mercredi, sur BFMTV. Macron aurait parlé sur ce ton, avec ces mots, quelles condamnations cela n'aurait-il pas entraînées ! Ainsi sont les êtres humains : ce qu'ils acceptent sortant d'une bouche, ils ne le supportent pas, pourtant identique, sortant d'une autre bouche !
Le Guen a globalement raison. Je serais simplement un peu moins sévère. La mort du PS est un thème récurrent dans la vie politique française. Depuis que je suis socialiste, on me prédit que le Parti socialiste est mort ou va mourir. Des cadavres qui se portent aussi bien depuis si longtemps, on en redemande ! Ce thème de la mort du PS est évidemment polémique et droitier : ceux qui veulent la mort du PS disent que le PS est mort ! C'est ce qu'on appelle prendre ses désirs pour des réalités, et c'est également très fréquent chez les êtres humains. Et puis, n'oublions pas qu'une mort n'est pas forcément définitive : elle peut préluder à une renaissance. A la fin des années 60, le PS, SFIO alors, a connu une mort, une belle mort : quelques années plus tard, un nouveau PS était créé par François Mitterrand à Epinay.
Cependant, la nouveauté, c'est que la mort du PS n'est plus aujourd'hui prédite par ses adversaires mais par ses membres les plus éminents, tels Jean-Marie Le Guen. Et quand l'aile droite ou l'aile gauche du parti ont des ambitions, elles le font en dehors du Parti, peut-être même en dehors des prochaines primaires organisées par le Parti : Emmanuel Macron et Arnaud Montebourg.
Malgré tout, je crois qu'il faut relativiser cet acte de décès. D'abord, si la société incontestablement évolue, les pesanteurs historiques demeurent, ainsi que les strates sociologiques et les habitudes électorales. Et puis, le Parti socialiste continue à fédérer un important réseau d'élus, qui s'est bien sûr réduit, qui ne retient plus ce qu'il pouvait y avoir de meilleur autrefois à gauche, mais qui est toujours présent, qui maille faiblement le terrain, mais qui le maille encore. Si on me permet cette image : le PS a cessé d'être un corps vivant, bien en chair, il est à l'état de squelette, mais un squelette peut durer très longtemps et faire peur à pas mal de gens.
Pour conclure, je dirais que ce n'est pas tant le PS qui est mort que sa capacité à former des vainqueurs et à préparer des victoires. Le grand Parti radical, qui a été l'honneur et la gloire de la République française, existe encore aujourd'hui, il a des élus, des municipalités, des circonscriptions et même un programme mais il est, depuis longtemps, en incapacité de s'emparer du pouvoir. Jean-Marie Le Guen a raison, et tous en ont conscience, de Macron à Montebourg : le Parti socialiste ne peut plus exister tel qu'il existe aujourd'hui, sinon il est perdu. Le pire n'est pas d'être mort, mais de ne pas s'en rendre compte.
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11 commentaires:
Je suis d'accord avec l'avant dernier paragraphe.
Il me fait penser à ces films d'horreur US et leurs morts vivants .......... Hollande chef de guerre faisant bombarder dans de lointains pays ... en a un air !
réflexion harakirienne bien sûr !
Je soutiens ses bombardements. Je crois même qu'il faut les amplifier.
Je tiens à vous rassurer: le PS n'est pas mort, il est simplement moribond ! Un parti, tout parti ne meurt pas si facilement, pas si rapidement c'est un processus qui prend une décennie voire plus. Comme nous sommes collés au présent nous n'avons pas forcément conscience de l'histoire en train de se faire parce que nous manquons forcément de recul historique.
Cependant le PS est déjà un astre mort parce qu'il s'est totalement coupé des intellectuels producteurs d'analyses politiques, économiques et sociales susceptibles de renouveler sa pensée. Même dans l'opposition il en est incapable, ne parlons pas de son exercice désastreux du pouvoir où il se révèle le plus orthodoxe gestionnaire de l'idéologie dominante : le néolibéralisme avec l'alibi européen ce en quoi son électorat, du moins celui qui lui permet d'arriver au pouvoir, ne s'y retrouve pas du tout d'où les conséquents échecs électoraux successifs depuis l'élection de Hollande à la Présidence.
Toute comparaison avec le passé n'est pas raison parce que l'Histoire ne se répète pas, ne repasse pas les plats.
"Je soutiens ses bombardements. Je crois même qu'il faut les amplifier."
C'est la typique politique dite de la canonnière.
Celle de la SFIO de Mollet et autres comparses ou compagnons dont Mitterrand.
Ne pas s'étonner des représailles aussi peu académiques soient-elles des bombardés.
Je n'ai jamais été pacifiste, ni antimilitariste. Désolé pour vous.
"Je n'ai jamais été pacifiste, ni antimilitariste. Désolé pour vous."
Çà fait un peu rodomontade de celui qui est persuadé ne jamais être sous les bombes ou exposé à un autre événement guerrier quel qu’il soit ...
Dans nos campagnes à ce type de vantard on objectait : on ne dit jamais fontaine je ne boirais pas de ton eau !
1- Pas une rodomontade, mais un choix politique, ancien (je ne supportais pas, au début des années 80, le "plutôt rouge que mort" des pacifistes allemands).
2- Sortez de vos campagnes et de vos proverbes à la con.
Rien n'est plus jouissif, pour mézigue, que de découvrir ... progressivement ... la sagesse dite populaire ... et encore plus la hargne qu'elle provoque !!!
Vous faites bien de préciser : la sagesse "dite" populaire. Quant au reste, je retiens que vous jouissez avec pas grand chose. Je ne sais pas s'il faut vous féliciter ou vous plaindre.
"Quant au reste, je retiens que vous jouissez avec pas grand chose."
J'espère qu'il en est de même pour vous.
Non, je suis un peu plus sophistiqué.
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