vendredi 23 septembre 2016
Monsieur Montebourg
Arnaud Montebourg était hier soir le deuxième invité de "L'Emission politique", sur France 2. J'ai regardé à moitié. Montebourg est un parleur qui me lasse vite. Sarkozy me répugne, me provoque, m'agresse mais il m'intéresse. Avec lui, je tiens jusqu'au bout, je dois même m'arracher de l'écran. Montebourg, je m'oblige à rester, et je décroche rapidement. Pourquoi ? Parce que, à l'inverse de Sarkozy, il ne s'adresse pas à moi, au public, aux téléspectateurs.
A qui parle-t-il ? Aux journalistes qu'il a en face de lui, aux autres invités sur le plateau et peut-être surtout à lui-même. Hier soir, j'avais l'impression de gens qui discutaient entre eux, abordant et réglant des problèmes qui ne me concernaient pas. J'avais presque le sentiment d'être voyeur et indiscret en les regardant et en les écoutant. Il aurait fallu m'éloigner du poste en leur disant : excusez-moi de vous déranger.
Et le contenu, mon Dieu ! Avez-vous retenu quelque chose de ce prétendant à l'Elysée ? Si, il veut rétablir le service militaire. Tout le reste est passé au-dessus de ma tête. Sarkozy est tout entier dans ce qu'il dit ; Montebourg entretient une drôle de distance avec lui-même et ses propos, comme s'il n'y croyait pas complètement. Il est censé représenter la gauche du Parti socialiste. Mais en quoi est-il plus à gauche que moi ? Même là-dessus, je ne vois pas.
La séquence qui m'a révolté (seul moment où j'ai été réactif), c'est le débat entre l'ancien ministre et le maire Les Républicains de Cannes. Celui-ci, qui a pris un arrêté anti-burkini dans sa ville, a joué à fond le registre de la droite identitaire fustigeant le "communautarisme" (il n'avait que ce mot-là à la bouche, insulte polie pour frapper nos concitoyens d'origine immigrée et de confession musulmane). Montebourg, au lieu de lui torcher le nez, l'a suivi comme un toutou sur le terrain de la chasse au burkini. Il est même allé jusqu'à qualifier ce maillot de bain d'"accoutrement" !
Est-ce une façon de parler quand on prétend devenir président de la République ? Où est le respect des personnes et du mot juste ? Le maire de droite bichait, buvait du petit lait, affichait un sourire aussi large que sa plage de Cannes, se désolant qu'à gauche on ne trouve pas beaucoup plus de petits Montebourg. A ce moment-là, je me suis demandé si, finalement, je n'étais pas plus à gauche que l'ex du Redressement productif !
Un responsable politique, je le juge d'abord à sa façon de parler. Avec Montebourg, je suis gâté : style ampoulé, langage à la mode, termes obscurs. Il se veut le défenseur d'une laïcité "inclusive", il a répété plusieurs fois ce mot qui fait bien, qui fait malin mais qui est très laid, dont le sens échappe à ma grand-mère, à mes élèves et à mon voisin. Je lui en ficherais, moi, des laïcités "inclusives" ! Que Montebourg s'efforce de parler comme tout le monde, comme les gens normaux, qu'il soit clair, direct, classique s'il veut devenir président de tous les Français !
Montebourg, c'est une somme de contradictions, un homme qui ne sait pas ce qu'il veut (candidat ou pas ? par la primaire ou non ?) et qui veut un peu tout. Le burkini, pour ou contre ? C'est le symbole de l'oppression de la femme, dit-il (sourire du maire de Cannes), mais il ne faut pas l'interdire (re-sourire du maire de Cannes qui se réjouit de cette belle contradiction). L'engagement français dans la guerre en Irak ? Montebourg condamne. Demande-t-il alors à ce que la France quitte ce conflit ? Surtout pas : il faut aller "jusqu'au bout" dans la lutte contre Daech. Vous y comprenez quelque chose ? Si oui, expliquez-moi !
A la fin, une humoriste, dont on se demande pourquoi elle est là, au milieu d'une émission sérieuse, m'a fait aussi peu rire que Montebourg m'a convaincu. Elle avait un melon à la main, supposé qualifier l'invité. Le choix du navet aurait été plus judicieux, tant il y avait quelque chose de raté dans la prestation de l'homme politique. Il a terminé en disant quel président de la République il serait. Et là, bizarrement, moi qui n'avais pas ri aux blagues de la comique, j'ai éclaté.
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10 commentaires:
Hollande croit beaucoup aux cycles , mais son erreur est d'avoir cru à un cycle général englobant par exemple le chomage et le reste ... Mais il y a les cycles courts et de faible amplitude comme les comptes de la sécu , quelques années et malheureusement des cycles longs comme l' arrivée des migrants ou le terrorisme dont on maitrise trés mal les paramétres .... Et surtout la durée qui aussi change beaucoup nos paysages de la vie de tous les jours et dans beaucoup d'aspects ...
Vous avez oublié les cycles avec une selle et deux roues : je suppose que Hollande a dû, selon vous, se tromper aussi là-dessus ?
Sourions
A une personne se plaignant de la nullité du gouvernement de l’époque et des dangers encourus par la France en raison de cette nullité supposée Talleyrand aurait eu ce mot d’esprit …
« les oies ont bien sauvé Rome » …
Bon je veux bien que le terme inclusif fasse un peu jargon mais bon, un candidat à la Présidence de la République ne doit pas non plus se mettre au niveau des beaufs majoritaires dans ce pays...
Je ne suis pas surpris que vous n'aimiez pas Montebourg dans le fond et la forme. C'est un bel homme, beau parleur, brillant et un homme à femmes, un genre de gendre idéal comme Macron, et comme certaines disent.
Je n'ai pas regardé l'émission parce que je savais déjà par ses précédentes déclarations qu'il était rentré dans le rang du politiquement correct et de la pensée dominante, bien loin de idées qu'il a émises lors de la primaire de 2011. Il aurait pu être un Président, un homme d'Etat à la Mitterrand s'il avait été ferme et constant sur ces idées.
Comme Macron il est atypique par son parcours: avocat de formation ce qui se voit dans sa façon d'être et de parler donc vous déplait, dans la mesure où il a renoncé à son siège parce qu'il a bien perçu les limites de la fonction de député à l'Assemblée nationale, cette chambre d'enregistrement des volontés de l'exécutif et des oukases bruxellois. Ce qui ne l'intéressait guère et je trouve qu'il a, par là, un courage personnel, un panache que j'apprécie. S'il arrive à s'imposer aux primaires socialistes il peut éviter la déroute annoncée de son parti tant à la présidentielle qu'aux législatives suivantes. Vous pourriez être obligé de voter pour lui parce que Macron n'aura pas les 500 signatures nécessaire à sa candidature.
Chacun son genre : vous, c'est le beau parleur, moi pas.
Je me contente de décrire pas d'approuver. Etre un beau parler ne présente d'intérêt que s'il est mis au service d'idées, et d'un projet politique rigoureux et d'être constant ce qui n'est pas le cas de l'intéressé.
A mes analyses et propos vous répondez de façon superficielle, comme si vous n'aviez rien d'autre à dire.
A vos propos, je n'ai en effet rien d'autre à dire.
Montebourg s'écoute parler, c'est une évidence.
Cela ne veut pas dire qu'il est plus mauvais que bien d'autres qui ne disent rien ou énoncent des âneries comme un ancien président toute honte bue.
Il est de gauche. Cette gauche inefficace.
Mais n'est ce pas le destin de la gauche d'être inefficace lorsqu'elle surgit de ci de là aux affaires publiques ?
Parce que même Blum, même Mendès, même Mitterrand, lorsqu'ils furent en position de mettre en place une vraie politique de gauche, ne purent le faire que quelques mois... Ensuite, ils durent rentrer dans le rang et soit s'en aller, soit modifier leur ligne gouvernementale.
Et tout Mélenchon que soit notre Jean-Luc national, si par hasard, il parvenait au sommet de l'état, serait obligé de faire pareil.
Vous n'oseriez pas dire que vous puissiez être parfois d'accord avec mes analyses et les propos que j'apporte à un débat. Comme je reconnais que vous avez en partie raison sur les frondeurs, Montebourg entre autres.
Si vous n'avez pas de responsabilité politique, même locale, vous pourriez être plus critique comme les militants socialistes que je rencontre souvent en bon souvenir du temps des municipales de 2014 où j'ai milité avec eux pour leur équipe sous l'égide du député en fonction. J'ai constaté que plus on monte dans l'appareil d'un parti plus l'esprit critique se perd.
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