mercredi 7 septembre 2016

Je suis le maître des horloges



Lors de sa longue exposition médiatique de la semaine passée, Emmanuel Macron a utilisé à plusieurs reprises une formule un peu énigmatique : "Je tiens à rester le maître des horloges". Le maître des horloges ? Ce n'est pas une expression très répandue. Elle est pompeuse, elle sent bon le XVIIIème siècle. Les horloges, ça n'existe plus que chez les antiquaires. On pense à Louis XVI qui ne maîtrisait peut-être plus que ça, les horloges. Macron, je l'imagine dans sa grande maison, avec des horloges partout, l'ex-ministre les passant en revue, prenant soin de les remonter au bon moment ...

Bon, revenons à la politique : à travers cette image désuète, Emmanuel Macron veut dire bien sûr qu'il décide, contrôle, organise son temps politique, qui ne dépend que de lui, de personne d'autre. Ce n'est pas la première fois que cet homme jeune, moderne, imprégné de culture numérique exprime des préférences ou des références traditionnelles, archaïques (au bon sens du terme) : travailler avec Ricoeur, citer Bernanos, aller au Puy du Fou, s'interroger sur la place vide du roi dans la société française, c'est comme parler du maître des horloges, c'est se situer à contretemps, être anachronique.

En tout cas, le temps de Macron n'est pas le temps des médias. Ceux-ci portent d'ailleurs bien mal leur nom, puisqu'ils sont, de plus en plus, le temps de l'immédiat. Chaque jour, à chaque émission, on lui pose la question : "Serez-vous candidat ?" à quoi il répond invariablement que la question ne se pose pas, pour lui, maintenant. Macron nous demande quelque chose d'insupportable aujourd'hui : attendre ! Notre temps n'est plus celui de l'attente.

Le temps de Macron, c'est aussi le temps de la réflexion, un temps long, patient, exigeant. Les horloges, ce sont les cerveaux qui l'entourent. Il en est le maître non pas en despote, mais en Socrate qui agite ses disciples. Dimanche, l'ancien ministre était l'invité, à midi, de la nouvelle émission de France Inter. Pas facile de réfléchir, d'analyser, de nuancer et surtout de suspendre son jugement parce qu'il n'y a pas de solutions évidentes.

Du coup, Emmanuel Macron donne parfois l'impression de ne pas avoir d'avis : c'est faux, mais au micro, il parle en même temps qu'il réfléchit. L'interdiction du voile à l'Université ? Il est contre, mais ne dit pas d'abord qu'il est contre ; il part d'une réflexion sur ce que doit être la laïcité, il finit par où nous aimerions qu'il commence, parce que ce serait plus facile pour nous. Sur l'autorisation du cannabis, Macron ne dit pas non d'emblée, mais le sujet étant grave, lourd de conséquences, il a besoin de l'examiner de plus près, plus longuement. C'est que ses horloges sont nombreuses : il s'inscrit dans une réflexion collective, non seulement avec son mouvement En Marche ! mais avec l'ensemble des Français, qu'il a choisi de solliciter par porte à porte.

Emmanuel Macron veut donner le tempo à sa campagne. Mais n'est-il pas rattrapé par ce temps qu'il cherche à maîtriser ? Un sondage paru aujourd'hui dans Le Figaro l'annonce en tête de toutes les candidatures de gauche au soir du premier tour des élections présidentielles. Son heure aurait-elle sonné ? Mais avant l'heure c'est pas l'heure, parait-il. Dig, ding, dong ...

23 commentaires:

Anonyme a dit…

Un sondage électoral favorable n'a jamais fait un printemps électoral donc je persiste à penser que Macron n'est qu'une bulle médiatique qui se dégonflera comme toutes les bulles. Cependant Emmanuel Macron est une jeune homme politique qui peut avoir un avenir politique s'il sort de l'idéologie dominante néolibérale et européiste dont vous-même, Monsieur Mousset, et votre parti êtes bien prisonniers faute de toute réflexion intellectuelle, le PS étant un astre mort. Comme je vous l'ai déjà exprimé à de multiples reprises. Votre mentor a, peut-être, commencé sa mue en se déclarant non socialiste au contraire de vous. Encore, un effort camarade Macron ! Encore 2 efforts, camarade Mousset !

Emmanuel Mousset a dit…

Ne demandez pas aux autres de renoncer à eux-mêmes. Laissez chacun être soi. Arrêtez de voir des bulles partout et des astres morts dans le ciel. Redescendez sur terre et cultivez votre jardin.

Philippe a dit…

Macron est en effet lancé comme le serait un produit de consommation banal.
Pour cela il faut à l'évidence l'accord des directions des groupes privés propriétaires des médias
Il est donc probable qu'ils espèrent être indemnisés par "un retour d'ascenseur" en cas de réussite politique.
Le consommateur va-t-il avaler le produit, c'est possible ?
Les "grands patrons/financiers" vont-ils y retrouver leur mise initiale ?

Anonyme a dit…

Il ne s'agit pas de renoncer à soi-même mais d'être capable d'évoluer, sinon l'on meurt comme le Parti communiste et les Radicaux de la IIIè République. Vous-même descendez donc sur terre et développez une culture et analyse politique en dehors de la sphère médiatique. Ne vous inquiétez pas je cultive tellement mon jardin qu'à la différence de vous je sors des sentiers battus, du conformisme et du prêt-à-penser qui est le vôtre de petit soldat bien discipliné de votre parti.

Emmanuel Mousset a dit…

1- Philippe, vous utilisez un drôle de vocabulaire pour nous parler de politique.

2- Monsieur, votre rejet de la discipline et votre goût pour le non conformisme sont des réactions d'adolescent.

Philippe a dit…

"1- Philippe, vous utilisez un drôle de vocabulaire pour nous parler de politique."
Dans le cadre de la marchandisation du Monde le politicien est un produit qui se fabrique, se vend, s'achète, s'envoie à la déchetterie à moins que l'on puisse le recycler.
L'électeur (nous) une cible commerciale.
D'ailleurs les firmes de "conseil en marketing" sont utilisées indistinctement par les "boutiques" quelque soit leur domaine ......... politique, industriel, bancaire, commercial etc.

Emmanuel Mousset a dit…

Non, tout ça est exagéré.

Anonyme a dit…

Dans une société qui fait du jeunisme c'est flatteur d'être qualifié d'adolescent par un monsieur qui a été toujours vieux et cela dès son plus jeune âge.

Philippe a dit…

les caricatures se rapprochent la plupart du temps du réel alors que les discours sirupeux s'en éloignent

Emmanuel Mousset a dit…

Le jeunisme, ce n'est vraiment pas flatteur. Mais si ça vous fait plaisir, tant mieux. En ce qui me concerne, vous visez juste : même quand j'étais jeune, je trouvais plaisir à me trouver et surtout à me vouloir âgé. J'ai toujours pensé que l'âge était un avantage, y compris le grand âge, contrairement à vous et à notre époque. Nous n'avons simplement pas les mêmes goûts. J'irai même encore plus loin : j'ai, très jeune, senti en moi "une sorte d'éternité", comme disait Spinoza. Mais je crains que tout cela ne dépasse un jeunot dans votre genre.

Philippe a dit…

Bayrou de Macron :  «Derrière cet hologramme, il y a une tentative qui a déjà été faite plusieurs fois de très grands intérêts financiers et autres qui ne se contentent plus d'avoir le pouvoir économique, ils veulent avoir le pouvoir politique.»
Il dit une chose qui finalement peut s'adresser à tous les hommes politiques se lançant dans une course vers la Présidence. Il parle en connaisseur !!!
Cette course pour être victorieuse nécessite d'avoir tous les moyens de manipuler les électeurs en sa faveur voire supérieurs à ceux des concurrents.
Accès médiatiques même indirects (faire parler ) en « prime time » (entre 20H et 22H), meetings avec peoples au premier rang, figurants en arrière plan dans la salle, conseillers en com, hôtels, avions pour déplacements rapide … bref des millions d'euros … à la comptabilité non surveillée tant que l'on est pas candidat (on n'a pas intérêt à l'être trop vite … Macron est probablement bien conseillé).
L'horloge obéit surtout à des impératifs financiers.

Emmanuel Mousset a dit…

Bayrou est coutumier du fait. Sous ses airs de faux curé, c'est un gros dégueulasse : il avait déjà traité son ancien allié, Daniel Cohn-Bendit, de "pédophile", il y a quelques années, dans une élection européenne.

Philippe a dit…

1-Est-ce si simple ??????
Qui est le gros dégueulasse ??????????????
lire le texte attribué à C.B. plus qu'ambigu dans :
http://tempsreel.nouvelobs.com/politique/europeennes-2009/20090605.OBS9379/les-extraits-du-livre-de-daniel-cohn-bendit-qui-font-polemique.html
2-Par ailleurs vous ne pipez mot sur le fond :
l'argent nécessaire pour se lancer dans une "course" présidentielle et ceci avant bien avant d'être déclaré ... pour le contrôle du financement ...

Anonyme a dit…

"Un jeunot dans votre genre" Milles excuses, Monsieur Mousset il se trouve que j'ai environ 5 ans de plus que vous et que j'ai toujours placé ma réflexion politique sur le long terme et mon côté Républicain au sens de la philosophie politique classiques, celle qui pense en vue du Bien commun, celle de tous les citoyens donc ceux appauvri par 37 ans de libéralisme économique et social auquel vous et votre parti êtes parties prenantes. Elle n'est pas vraiment jeune mais reste d'une actualité et nécessité impérative. Jacques Sapir a donné par ses analyses et propositions une traduction économique à cette philosophie politique en rupture avec le prêt-à-penser actuel. C'est aussi bien une des raisons pour lesquelles j'ai toujours réfuté le libéralisme économique dominant depuis 1979 avec Margaret Thatcher, et Ronald Reagan.
Ce que je vous reproche à vous et à votre parti "socialiste" mais aussi à toute votre gauche française et européenne c'est d'avoir rendu les armes intellectuelles et politiques face au libéralisme en vigueur et de vous accommoder très bien d'un flot croissant de chômage, pauvreté, misère dans tous les pays développés. Vous avez beau imaginer un libéralisme de gauche surtout axé sur les questions sociétales, le reste étant le cadet de vos soucis. De plus les électeurs dont les vôtres et ceux de votre parti ne se retrouvent pas du tout dans ce libéralisme qui restera toujours très minoritaire.
D'ailleurs deux économistes viennent faire paraitre un livre pour examiner en 13 chapitres les 13 phrases qui ont fait la renommée de votre mentor Macron. Le magazine "ChallengeS" en a fait la recension pour mettre en vigueur la banalité, le conformisme, la caractère "vieux jeu" de ses assertions. Donc le caractère surfait de ladite personnalité.
Vous êtes vieux politiquement parce que, je crois, que vous ignorez le changement de paradigme en cours dans le pays de Margaret Thatcher et en plus de la part du parti de cette dernière.

Emmanuel Mousset a dit…

Oui, c'est très simple, et je ne pipe rien quand le fond est boueux.

Emmanuel Mousset a dit…

Je ne parle pas de l'âge des artères mais des neurones. Je suis social-démocrate, vous ne l'êtes pas : c'est aussi simple que ça.

S a dit…

social-démocrate ?
Pourquoi pas socialiste et démocrate ?
Et même : républicain, socialiste et démocrate ?
A analyser les positions des uns et des autres, on peut douter que les sociaux-démocrates soient encore des socialistes...
Démocrates, oui...
Socialistes, ça reste à voir !

Anonyme a dit…

Vous évitez toute discussion sur le fonds ce qui est un aveu de faiblesse. Ou bien vous avez un entendement, volontairement, limité à l'égard de ceux qui ne partagent pas votre avis et analyses mais les électeurs, eux, vos électeurs, comme depuis 2012 ne sont et ne seront pas dupes.
Vote mentor Macron a menti comme un politicien social-démocrate ordinaire aux ouvriers du site de Belfort d'Alstom en leur promettant en 2015 de sauvegarder leurs emplois. Comme ceux de Mittal avec Montebourg les ouvriers se souviendront en 2O17 des mensonges des sociaux-démocrates.

Emmanuel Mousset a dit…

Menteur ? C'est celui qui le dit qui y est.

M a dit…

Menteur ?
Non évidemment.
Mais mytho... plus sûrement.
Parmi tous les politiques de renom, il n'y a qu'une infime part qui travestit les faits.
Mais qu'ils prennent leurs désirs pour réalité, alors, là, c'est une grande part d'entre eux qui sont concernés.

Philippe a dit…

Macron cherche ce jour du fric à la City !
http://www.lefigaro.fr/politique/le-scan/2016/09/09/25001-20160909ARTFIG00305-macron-a-londres-je-compte-mener-la-bataille-jusqu-au-bout.php
Le fond est vraiment boueux !

Emmanuel Mousset a dit…

Il n'y a pas de mal à récolter de l'argent pour une campagne.

Philippe a dit…

Toujours la propagande de la communauté des oligarques qui font vulgariser auprès des gueux l'idée que le financier qui leur donne de l'argent gagné en dormant (dixit Mitterrand) n'attend pas d'eux un retour d'ascenseur pour en avoir toujours plus ... du fric.
Notre prof prend les enfants du bon dieu pour des canards sauvage (le Gal) .