mardi 20 septembre 2016

Pourquoi tant de haine ?



J'en parle ou j'en parle pas ? Allez, j'en parle, puisque les réseaux "sociaux" en parlent : la photo très commentée de François Hollande, à son bureau de l'Elysée, durant les Journées du patrimoine. J'en parle parce que la polémique me laisse sans voix : qu'est-ce que ce cliché a de litigieux, de contestable, de scandaleux ? J'ai beau le regarder, l'observer, y réfléchir : je ne vois pas, je ne comprends rien. Pour moi, c'est irrationnel.

Cette photo est conventionnelle. Le chef de l'Etat pose devant un groupe de visiteurs. C'est banal. Qu'y a-t-il à redire ? Où est le motif à critique ? Je ne sais pas. J'ai essayé tout de même de comprendre, de me renseigner. J'ai lu surtout qu'on reprochait à François Hollande son attitude statique, faisant penser à une statue de cire du musée Grévin. Franchement, je suis déjà allé dans ce musée, je ne vois pas le rapport. Hollande pose : il est forcément immobile. Mais qu'est-ce que cela a de gênant ? C'est la position habituelle quand on travaille à son bureau et qu'on se fait photographier. Les gens seraient-ils devenus dingos de faire ce genre de reproche inepte ?

En même temps, le phénomène est là, aussi déplaisant et stupide soit-il. Comment l'expliquer, puisqu'il y a une explication à tout, même aux pires stupidités ? Je crois qu'il faut inscrire cette attaque dans une longue série de même nature, triviale, médiocre, consternante, quasi risible : la cravate de travers, la manche de chemise trop apparente, le casque de scooter, l'averse sans parapluie, etc. Autrefois, les humoristes se seraient saisis de ces détails pour nous amuser ; aujourd'hui, on a le sentiment que ces anecdotes sont prises au sérieux, qu'elles tiennent lieu d'arguments politiques.

La conséquence, c'est l'abaissement de la fonction présidentielle, en la personne de François Hollande, qu'on cherche à ridiculiser, à travers sarcasme et dérision. On serait tenté de réduire le phénomène à une simple plaisanterie, mais je ne crois pas que ce soit le cas : le ton par lequel on moque cette photo de Hollande n'est pas celui de l'amusement de bon aloi. Au contraire, j'y sens une sorte de haine, sous la légèreté du propos. Car il y a des haines froides, cachées, rigolardes.

Pourquoi François Hollande suscite-t-il une telle montée de haine ? On peut parfaitement s'opposer à sa politique, s'en prendre à sa personne, comme il est permis en démocratie, sans pour autant haïr l'homme. Pour ma part, en désaccord total avec Nicolas Sarkozy, il ne m'est jamais venu à l'idée de le haïr. Même Marine Le Pen, que je combats jusqu'à m'affronter physiquement avec ses partisans, je ne ressens pas de haine pour elle.

Dans la haine, il y a toujours une forme de jalousie qui m'est étrangère. On hait François Hollande, sous des prétextes futiles, parce que c'est la seule prise qu'on a contre lui. Cette tendance ira en grandissant, au fur et à mesure que sa politique donnera ses premiers fruits. La grande peur qui motive cette haine, c'est que Hollande, tout impopulaire qu'il soit dans les sondages, trouve tout de même les moyens de se faire réélire (ce que je crois possible). La fenêtre de tir (et pas le trou de souris !), chacun le voit bien : une droite qui se déchire pendant ses primaires, Sarkozy qui l'emporte in extremis, les juppéistes et le centre refusant de le soutenir, les Français confirmant leur rejet de 2012, Hollande qualifié au second tour contre Le Pen, le front républicain jouant à fond en sa faveur et pour sa réélection.

Hier, à New-York, le président de la République a reçu la prestigieuse distinction d'"homme d'Etat de l'année", pour sa lutte contre le terrorisme. Nous étions loin du bureau de l'Elysée, des Journées du patrimoine, des appareils photos et de la crétinosphère. Espérons qu'au moment de leur choix électoral, les Français retiendront cet honneur rendu à notre pays et à son président, en oubliant les accès de haine qui rabaissent et détruisent. On veut renvoyer Hollande au musée (Grévin), on veut le transformer en statue de sel : on n'y arrivera pas !

3 commentaires:

Philippe a dit…

Celui qui est au sommet de la pyramide est le mieux servi en méchancetés, aujourd’hui Hollande, hier Sarkozy ...
Cette activité remplace les jeux de massacre des foires moyenâgeuses avec la silhouette des monarques en bois comme cibles.
Leurs collègues qui veulent être vizir à la place du vizir sont les premiers à lancer les boules.

Anonyme a dit…

Désolé mais il faudra vous y faire et cesser de vous plaindre parce que le traitement réservé à Hollande est celui que la presse écrite, audiovisuelle et les réseaux sociaux réservent aux faibles, à un président faible, affaibli et discrédité comme jamais sous la Vè République.

Emmanuel Mousset a dit…

Les stupides adhèrent aux stupidités.