lundi 18 janvier 2016
Et la primaire à gauche ?
Samedi soir, c'était tout de même une surprise. Alors qu'on s'attendait à trouver une droite en ordre de bataille, la cérémonie des vœux des Républicains n'aura lancé aucun candidat, mais accouché d'une primaire, avec trois postulants déclarés, Pascal Cordier, Julien Dive et Thomas Dudebout. Les noms ne surprennent pas, ils circulaient depuis un certain temps. Mais le choix d'une primaire, c'était inattendu.
Entendons-nous bien sur les mots : j'emploie celui de primaire, parce qu'il est repris aujourd'hui. Mais il s'agit, en réalité, d'une désignation interne, comme en ont tous les partis. Une véritable primaire est une consultation ouverte aux électeurs, aux sympathisants. Dans le cas de la droite locale, ce sont uniquement les adhérents qui décideront. La procédure n'a donc rien à voir avec la primaire citoyenne pratiquée par les socialistes. Ce qui est nouveau, c'est la médiatisation, et surtout le fait que la question de la candidature n'ait pas été immédiatement tranchée.
Cette situation peut-elle profiter à la gauche et faire oublier ses difficultés ? Dans un premier temps, on peut penser que oui. D'abord parce que cette primaire à droite prouve un état de division, que l'intérêt général n'aura pas effacé. Nous savons que la concurrence exacerbe les rivalités et que le résultat n'est pas forcément suivi d'un rassemblement autour du gagnant. Et puis, la véritable campagne, auprès de tous les électeurs, est repoussée d'un mois, ce qui est une perte sèche, quand on se souvient que les délais du scrutin seront très courts. Enfin, on peut penser que l'autorité du chef est mise à mal : Xavier Bertrand, contrairement à la désignation du maire, n'a pas su imposer de candidat.
Dans un deuxième temps de réflexion, il faut relativiser. Je ne suis pas certain que la droite soit perdante dans cette opération. D'abord parce qu'une primaire, loin de diviser, peut avoir un effet mobilisateur, où la concurrence entre les candidats devient fructueuse et profitable à tous. C'est ce qui s'est passé pour les socialistes, en 2011, au niveau national. Surtout, à Saint-Quentin, ce que je redoute par dessus tout, c'est que cette primaire monopolise, dans les prochaines semaines, tout l'intérêt médiatique, reléguant la gauche dans les rôles de figuration. Cordier, Dive et Dudebout sont connus, savent faire. Après la séquence élections régionales et la séquence élection du maire, toutes favorables à la droite, nous aurions un nouveau rouleau compresseur médiatique : la primaire.
La comparaison avec le choix du maire est erronée. Il fallait alors quelqu'un qui ait le niveau, qui sache tenir la boutique. Le collège électoral était restreint aux conseillers municipaux. Xavier Bertrand ne pouvait pas se permettre de divisions. La législative partielle, c'est autre chose : tous les citoyens sont conviés à s'exprimer et tous les adhérents sont appelés à choisir leur candidat. C'est plus compliqué, plus délicat. Mieux vaut alors laisser les candidats potentiels y aller, pour ne pas risquer d'inutiles remous. A la fin, l'autorité du chef saura se faire entendre pour ramener tout son monde derrière le gagnant.
Il serait donc illusoire pour la gauche de se frotter les mains de satisfaction : ce n'est pas cette primaire à droite qui la fera gagner. On peut même penser qu'elle a quelque raison de la redouter. La gauche saint-quentinoise ne l'emportera que sur ses propres forces, pas sur les faiblesses qu'on prête à l'adversaire. Au contraire, la bonne question qui mériterait d'être posée, c'est de savoir si le PS ne tirerait pas profit d'organiser à son tour des primaires pour se donner le meilleur candidat. En 2011, pour le choix de la tête de liste aux élections municipales, je l'avais suggéré, mais l'idée n'avait pas été retenue. Pourtant, elle nous aurait évité la déconvenue de voir la tête de liste socialiste jeter l'éponge un an après avoir été élue.
A la différence de la droite, la primaire socialiste ne pourrait être qu'ouverte (c'est-à-dire une vraie primaire). Si les adhérents des Républicains sont plusieurs centaines dans la circonscription, ceux du Parti socialiste ne sont que quelques dizaines. Ce n'est pas qu'un changement de degré, mais carrément de nature. Au PS, en deux ou trois coups de fil, le résultat est fixé, avant même l'ouverture du scrutin. A droite, nous sommes beaucoup plus dans une élection normale, avec ses incertitudes. Bien sûr, organiser une primaire où pourraient participer tous les électeurs de gauche est plus compliqué qu'une consultation interne. Mais il faut savoir ce qu'on veut : désigner ou non le meilleur profil pour gagner ou bien laisser cette candidature résulter d'un jeu de courants, c'est-à-dire imposée d'en haut, par les instances fédérales. Ma préférence va évidemment à une primaire à gauche. Mais il m'étonnerait qu'on aille vers cette décision-là.
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1 commentaire:
Ben à gauche ça va cafouiller comme d'habitude si bien que la droite n'a même pas besoin de faire campagne: X.Bertrand va désigner son successeur(il n'existe pas de féminin eh oui).. et il (ou elle) va se trouver propulsé(e) palais Bourbon sans avoir à se forcer. "Alea jacta est"
déjà aujourd'hui hélas
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