jeudi 28 janvier 2016

Jésus et Mahomet dans l'Aisne



Pour éradiquer le djihadisme meurtrier des têtes, faut-il passer par la laïcité, la psychologie ... ou plutôt la théologie ? C'est la question qui se pose après avoir vu, en décembre dernier, sur ARTE, l'excellente série documentaire intitulée "Jésus et l'Islam". Les deux auteurs, Gérard Mordillat et Jérôme Prieur, qui nous avaient gratifiés il y a vingt ans d'un tout aussi excellent "Corpus Christi" (sur la naissance du christianisme), seront ce soir dans l'Aisne, à la bibliothèque sociale de Merlieux, pour présenter l'ouvrage qui reprend l'émission télévisée : "Jésus selon Mahomet". Un rendez-vous important, à 18h30, pour ceux qui s'intéressent au sujet, que nous connaissons très mal.

Ordinairement, on oppose islamisme et christianisme : le premier serait une religion étrangère et hostile à notre culture, le second serait au contraire la tradition et l'identité de notre pays. Pourtant, l'un et l'autre sont des cultes orientaux, beaucoup plus proches qu'on ne le croit, parfois de façon stupéfiante. D'abord, l'Islam s'inscrit complètement dans l'héritage de la Bible, reconnaît tous les prophètes depuis Abraham. Ensuite, Jésus a une place éminente dans le Coran, supérieure à celle de Mahomet, aussi incroyable que cela puisse paraître. En effet, Jésus est considéré comme immortel ; pas Mahomet. Jésus reviendra au Jugement dernier et combattra l'Antéchrist ; ce n'est pas à Mahomet que revient cette glorieuse mission. De ce point de vue, un chrétien est plus proche d'un musulman que d'un juif croyant, puisque celui-ci n'accorde aucune dimension surnaturelle à Jésus.

Quant au personnage de Marie, il est dans le Coran cité une quarantaine de fois, beaucoup plus que dans les Evangiles ! Les musulmans ont un immense respect pour elle, alors que certains chrétiens la minimisent ou la délaissent (les protestants). Dans le Talmud juif, Marie est soupçonnée d'avoir fauté avec un légionnaire romain, union scandaleuse d'où serait issu Jésus ! Le grand théologien chrétien Jean Damascène, au VIIIème siècle, estime que l'Islam est une hérésie chrétienne.

Ces points communs très puissants entre religion musulmane et religion chrétienne n'empêchent pas les divergences fondamentales : dans le Coran, pas de péché originel, pas de Trinité. jésus est né miraculeusement, sans père, mais l'Esprit Saint n'est pas évoqué dans sa conception. Surtout, il n'est pas Christ, Fils de Dieu, mais seulement prophète unique, divin (ce qui n'est déjà pas mal ...). Il n'est pas le Sauveur, chargé d'effacer les péchés du monde. Le plus surprenant, dans le Coran : Jésus n'a pas été crucifié, son supplice est l'effet d'une illusion collective !

Qu'on soit croyant ou athée importe peu dans le débat. Mordillat et Prieur sont des libres-penseurs, des anticléricaux, invités ce soir par Dominique Lestrat et ses amis, qui sont des anarchistes. Mais au lieu de bouffer bêtement du curé, ils essaient de faire fonctionner leur cerveau avant leur estomac. Le résultat est passionnant. Politiquement, il faut en tirer la leçon qu'il existe une base commune entre Français et Arabes, entre chrétiens et musulmans. Leur incompatibilité culturelle est une thèse polémique qui ne tient pas, et qui est destructrice pour l'unité et la paix civile dans notre pays. Pour combattre le djihadisme fanatique, je propose d'installer des instituts de théologie au lieu de centres de déradicalisation.

1 commentaire:

Anonyme a dit…

Remplacer M Bianco par M Mordillat, et ce serait déjà pas mal !