vendredi 8 janvier 2016

Les conditions d'une candidature



Après le choix du maire (voir billet précédent) va se poser le choix du candidat pour l'élection législative dans la circonscription de Saint-Quentin. A droite, trois noms circulent : Julien Dive, Thomas Dudebout et Pascal Cordier. A gauche, aucun nom ne s'impose spontanément. Les défaites successives, la difficulté de cette prochaine législative, la division de la gauche n'encouragent pas à candidater. Pourtant, cette élection partielle est une opportunité pour une gauche mal en point de se relever.

Avant de proposer un nom, il faut passer par une réflexion. Une candidature est un choix collectif, pas une décision individuelle. Il serait dommageable de s'en tenir à un candidat faute de mieux, à un inconnu de dernière minute ou au retour systématique des mêmes. Avant quel candidat, il faut définir quelle candidature nous voulons, et les points de vue ne sont pas forcément identiques. Selon moi, cinq conditions sont requises, en vue non pas de témoigner, mais de l'emporter :

Une candidature de soutien au gouvernement : le positionnement du PS doit être clair et sans réserve dans sa défense des réformes en cours. A un an de l'élection présidentielle, il n'y a pas à tergiverser. La législative a pour objectif de renforcer la majorité présidentielle, pas de l'affaiblir. Notre candidat doit être un socialiste légitimiste, pas un socialiste frondeur.

Une candidature de lutte contre l'extrême droite : à Saint-Quentin, les socialistes souffrent l'humiliation d'être devancés, depuis plusieurs scrutins, par l'extrême droite. Il faut relever le défi, reconquérir l'électorat populaire passé au FN, faire de ce parti notre principal adversaire, mobiliser les énergies pour, au moins, repasser devant lui et laver l'affront.

Une candidature de rassemblement : une candidature socialo-socialiste n'a aucune chance de gagner, ni même de prendre sa revanche sur le Front national. Il faut donc convenir d'une suppléance, à côté du titulaire, qui ne soit pas socialiste, écologiste par exemple. Il faut aller jusqu'à tenter une candidature unique de toutes les forces de gauche. Quand on voit l'affaiblissement de celle-ci dans notre ville, ce ne serait pas un luxe !

Une candidature d'ouverture : aucune hypothèse ne doit être exclue. Le vivier local de recrutement n'est pas très riche. Il ne faut pas s'interdire de penser à une candidature en dehors des rangs socialistes, qui aurait le mérite de dépasser les divisions actuelles, d'être un pôle de rassemblement. Quelqu'un de connu est une condition indispensable. Les personnalités de gauche sont nombreuses à Saint-Quentin, mais rarement sollicitées. C'est vers elles qu'il faudrait aussi se tourner.

Une candidature d'avenir : ne nous racontons pas d'histoire, la victoire sera très difficile. C'est pourquoi le candidat qui sera désigné devra s'engager à poursuivre le travail d'opposition et de rassemblement dès le lendemain du scrutin, en préparant principalement les prochaines élections municipales, qui auront lieu dans quatre ans, c'est-à-dire, dans le temps politique, après-demain. La gauche saint-quentinoise pâtit, depuis longtemps, de discontinuité dans le choix de ses candidats et de leur action. Une élection, c'est l'occasion de se donner un leader, quand on n'en a pas.

L'élection législative se déroulera au plus tard en mars. Il n'y aura que quelques semaines de campagne. Une fois avoir arrêté, comme j'ai tenté de le faire, les conditions d'une candidature, il faudra très vite proposer un nom, pour que démarre la campagne, pour que commence quelque chose, pour que le peuple de gauche, dans un contexte très difficile, entende tout de même une note d'espoir.

8 commentaires:

Anonyme a dit…

"Une candidature de rassemblement ?"
Après avoir préalablement disqualifié tous les frondeurs, vous ne refuseriez pas l'alliance avec ceux qui sont encore plus loin de votre sensibilité politique centriste bien davantage que centre-gauche ?
C'est difficile de suivre votre logique.
Ce serait plutôt un frondeur qui devrait prendre la tête en essayant de rallier le centre-gauche, l'écologie et les frontistes de gauche.
Les plus à gauche en ont assez de se faire c... par tous ceux successivement qui se présentent à leur droite au nom du rassemblement.

Emmanuel Mousset a dit…

Ma logique, non négociable, c'est un soutien sans faille au gouvernement. Après, qui m'aime me suive ! Je ne crois pas qu'une candidature "frondeuse" serait beaucoup plus rassembleuse. On l'a constaté aux dernières élections cantonales.

Anonyme a dit…

"une candidature "frondeuse" ne serait pas beaucoup plus rassembleuse" ?
Cela dépend de la femme ou de l'homme qui anime la campagne.
Vous paraissez plus croire aux partis qu'aux individus.
Un groupe sans individualités, c'est quoi ?

lecteur a dit…

Malheureusement - il ne faut pas rêver- la droite va l'emporter et la gauche ne pourra guère faire mieux que de présenter "une candidature de témoignage "comme on dit; ce n'est pas du défaitisme mais du pragmatisme:de même qu'en Thiérache aux régionales ( exemple significatif),un âne coiffé du bonnet FN aurait été élu, à la législative de St Quentin, il suffira d'avoir l'aval de X.Bertrand pour être élu sans souci
Je souhaite bien du plaisir à la gauche pour trouver celui ou celle réunissant les 5 capacités qu'E.Mousset pense indispensables pour l'emporter si bien qu'il est déjà urgent de se préparer pour les législatives de 2017....y a du boulot

Bil36 a dit…

Soutien au gouvernement : à qui précisément, au liberal millionnaire Macron ? A l'indépendantiste guyanaise Taubira, qui doit lutter contre les indépendantistes(Corse eux)? Au moins sa nomination prouve que le ridicule ne tue pas. Voulez vous soutenir le liberal Fabius et sa politique extérieure ? Je ne suis pas de gauche mais je rêve de voir quelqu'un au ps Qui aurait. Les c... Pour mener une vrai politique de gauche; là dessus anonyme a raison, le changement ne viendra que d'un frondeur. Je comprends votre volonté de soutenir le gouvernement actuel mais là trop c'est trop, l'incompétence empêche tout espoir;

AU fait demain je vais au spectacle de dieudonné, condamné par le gouvernement actuel et récemment rehabilité par fleur pelerin( le spectacle se joue donc avec une subvention du contribuable) bizarrement la mairie d'Amiens a tout fait pour empêcher. Le spectacle, où est l'esprit mitterandien libertaire ? Ou est la gauche anti liberticide ? Ou est l'esprit Charlie ?

Matthieu a dit…

Quant à moi cela fait longtemps que j'attends la vôtre, de candidature : vous me semblez correspondre à vos propres critères — qui sont simples, cohérents et logiques — et vous avez depuis longtemps montré aux saint-quentinois votre sens civique. Alors, pourquoi pas ?

Emmanuel Mousset a dit…

Etant donnée la situation, je n'ai pas particulièrement envie. Mais un choix politique ne se fait pas sur des envies.

Anonyme a dit…

Et Mike Plaza des jeunes socialistes de l'Aisne ?