mardi 19 janvier 2016

Un discours d'ouverture



Le discours de Frédérique Macarez, à la cérémonie des vœux, était très attendu. C'est sans doute pourquoi le public était hier soir un peu plus nombreux que d'habitude dans le palais de Fervaques. La première image était parlante : Pierre André debout, tout à côté du nouveau maire, presque à égalité, alors que Xavier Bertrand était absent, retardé par les embouteillages. Tout un symbole, et peut-être un acte manqué ...

A entendre Frédérique Macarez, on ne pouvait s'empêcher de comparer avec ses prédécesseurs. Le fond ne pouvait pas être nouveau : c'est forcément la politique en cours qui sera poursuivie. Mais c'est le ton qui importe, la petite chanson propre au nouvel édile. Chez Pierre André, le discours était combatif et provocateur ; chez Xavier Bertrand, volontaire et très politique. Frédérique Macarez a sa marque bien à elle : l'ouverture et la douceur, dans la forme et le contenu.

"Prendre soin des Saint-Quentinois", c'est la formule qu'on retient, déjà rodée devant le Conseil municipal. L'idée n'est pas loin d'une philosophie politique à la mode, le care, initiée en France par Martine Aubry. Avant, Ségolène Royal en était proche. C'est une volonté de protection, envers les jeunes, les seniors et les accidentés de la vie (sic). Autrefois, on aurait parlé de christianisme social, qui se marie très bien, aujourd'hui, avec un socialisme soft, compassionnel et moral.

Et puis, il y a les femmes, qu'une femme à la tête de la Municipalité veut connaître, comprendre et défendre. Je vous jure qu'au moment où Frédérique Macarez a évoqué les femmes qui se reconnaissent en elle, deux dames à côté de moi étaient émues aux larmes. Là aussi, quelque chose de nouveau est en train de se passer. Frédérique Macarez, c'est Henriette Cabot, qu'elle a citée devant le Conseil municipal : l'infirmière pieuse et dévouée. Nous sommes quand même très loin des figures tutélaires de Pierre André et Xavier Bertrand, qui étaient plus boxeurs qu'aides-soignants ...

A part le petit couplet sur la sécurité, ce discours n'a pas emprunté aux motifs habituels de la droite. A la fin, Frédérique Macarez a même souhaité établir des "convergences" avec ceux qui n'avaient pas voté pour elle. Son esprit d'ouverture est allé jusqu'à saluer, avec insistance, le rôle de la presse locale, avec laquelle la droite était fâchée depuis un bon bout de temps. Ce qui n'empêche pas une légitime rigueur : le maire sera l' "interlocuteur privilégié" des médias.

A la suite du discours, c'est le bain de foule, tout aussi important pour mesurer la température. Poignées de main, bises, selfies, discussions, cohue : pas de doute, le transfert de pouvoir s'est accompagné d'un transfert de popularité. Y aurait-il à redire ? On peut toujours, en cherchant bien. Peut-être une certaine fragilité ? En tout cas, je ne pense pas que les problèmes de Frédérique Macarez viendront de l'opposition, trop faible et trop divisée, mais de ses propres rangs, où les crocodiles ne dorment que d'un œil. Il faut cependant relativiser : tant que Pierre André et Xavier Bertrand seront là, vigilants, les crocodiles feront les moutons.

Et moi, en tant qu'homme de gauche, j'en pense quoi ? Mon avis est plutôt favorable, parce qu'il y a cet esprit d'ouverture et cette image moins marquée à droite que Xavier Bertrand. Mais je reste un mauvais client pour le nouveau maire, car indécrottable électeur de gauche, socialiste de toujours et supporter de l'actuel gouvernement. Apprécier, ce n'est pas voter.

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