jeudi 3 décembre 2015

Partie de campagne entre têtes



Dernier débat télévisé, hier soir sur France 3, entre les têtes de liste de notre région. Mais pas toutes : les "petits" candidats n'avaient pas été invités, ce qui est regrettable, contraire à l'esprit d'équité. Pourquoi est-on convié quand on est crédité par les sondages de 5% (EELV et PCF) et refusé quand on fait moins (LO par exemple) ? Bien sûr, il y a un problème d'organisation, il est difficile de débattre à une dizaine, mais ce n'est pas impossible, les candidats aux primaires américaines sont autant sinon plus nombreux et y parviennent très bien.

Outre ce défaut et cette injustice, j'ai beaucoup aimé ce débat, le meilleur des trois. Le premier n'avait réuni que la droite, l'extrême droite et le PS, il avait été vampirisé par l'affrontement Le Pen/Bertrand, Saintignon se faisant connaître, et plutôt bien, pour l'occasion. Beaucoup de national et peu de régional. Le deuxième débat confrontait les têtes du département, et là, comme on dit à l'école, il y avait un problème de niveau : interventions récitées, échanges un peu mous, connaissances approximatives des dossiers, corps figés, visages inexpressifs. Après les amateurs, on sentait hier les pro, les vraies têtes. Je ne vais pas ici aborder le fond de leurs propos et mes préférences, que vous connaissez, mais l'ambiance, le ressenti de chaque intervenant, ce que je perçois de leurs forces et faiblesses.

Xavier Bertrand a remis la cravate ; il ne joue plus les Tsipras. C'est que les événements portent à la gravité. Le candidat des Républicains et du centre est toujours très calme, très maître de lui : jamais un mot plus haut que l'autre. Ca ne lui interdit pas les piques, mais envoyées avec douceur, même quand elles font mal, par exemple lorsqu'il traite la candidate écologiste de "mariole". Quand Xavier Bertrand parle, on sent que le silence se fait autour, que les autres écoutent. C'est que son débit assez lent favorise et même appelle l'attention, la concentration. Rien ne le déstabilise, ne l'interrompt, même pas quand la journaliste essaie de stopper une prise de bec avec Marine Le Pen (assez fréquent).

Ce qui manque à ce candidat ? A mon avis une pointe d'enthousiasme, de lyrisme, presque de relâchement : un contrôle de soi trop bien assuré rend artificiel. La froide détermination, c'est bien, mais la passion, c'est mieux. Xavier Bertrand souffre paradoxalement d'une perfection formelle : il gagnerait à plus d'humanité, de chaleur, de faiblesse, à être Luke Skywalker plutôt que Terminator ou Robocop. Autre défaut : il s'inscrit dès maintenant dans une logique de second tour, privilégiant le combat avec la candidate d'extrême droite (à propos de Calais, il a d'ailleurs dit à Marine Le Pen qu'il en reparlerait avec elle dans le débat du second tour) : c'est une anticipation malvenue, préjudiciable.

Il est peu dire que je n'aime pas Marine Le Pen : je la déteste, je la haïs, je l'abhorre, je ne comprends même pas qu'un être humain normalement constitué, sain de corps et d'esprit, de bonne éducation et d'intelligence moyenne puisse voter pour elle. J'ai encore eu hier la démonstration et la confirmation de la répulsion que provoque en moi cette femme, non seulement à cause de ses idées, mais de son physique, de sa manière d'être. Comme la nature est bien faite, elle porte son côté facho sur le visage. Il y a cette voix insupportable qui émet un son de moteur diesel, au point de sentir presque les odeurs qui vont avec. Il se dégage de cette femme un charme hommasse de chauffeur-routier qui n'exerce aucun attrait sur moi. Le pire, c'est son rire, qui ne fait pas rire, qui rappelle la gueule du père. Ses mimiques sont vulgaires, elle ne maîtrise pas vraiment bien la langue française, au niveau qui est le sien. Les jeunes, dans leur langage fleuri, diraient que c'est une grosse pouf. Mais je ne suis plus jeune ...

Il y a des femmes qu'on hait, il y a des femmes qu'on aime (sans voter pour autant pour elles) : Sandrine Rousseau fait partie de la seconde catégorie. Au physique et au moral, la candidate écologiste est à l'opposée de la candidate du Front national. Elle est vive, fraîche, naturelle, souriante, piquante : oui, elle me plait. Son défaut, c'est qu'elle parle trop vite, mélange plusieurs sujets, passe trop rapidement de l'un à l'autre, ne termine pas toujours ses phrases. J'ai besoin de mâcher ce que me dit un homme ou une femme politique. Avec Sandrine Rousseau, j'écoute mais je n'entends pas vraiment, j'ai tendance à décrocher. Peu importe : mon choix est déjà fait, et ce n'est pas celui-là.

Mon choix, le voilà, justement : c'est Pierre de Saintignon, tête de liste PS. Je ne vais pas vous dire qu'il était formidable : un socialiste qui congratule un autre socialiste, ce n'est pas mon genre de vulgarité. Mais j'ai été positivement impressionné par deux traits distinctifs qui se dégagent du personnage et qui tranchent d'avec tous les autres candidats. D'abord, il y a la grande connaissance des dossiers régionaux. Je ne prétends pas que les autres les ignorent, mais lui est plus au top sur le sujet. Surtout, j'apprécie son dynamisme, qui se traduit dans sa gestuel (il est le seul des candidats à jouer ainsi des mains et des bras). Ses jambes même s'activent. Saintignon donne l'impression d'aimer sa région, de l'avoir à cœur : c'est pourquoi sa candidature est la plus positive, la plus optimiste de toutes. Il part de l'existant, des acquis, de ce qui a déjà été fait, qu'il faut poursuivre et améliorer. Avec lui, on espère un monde un peu meilleur, on le prend au sérieux, on se met à notre tour à y croire. Chez Pierre de Saintignon ressort l'homme d'expérience, qui a longtemps pratiqué l'exécutif régional, bilan que les autres n'ont pas ou beaucoup moins.

Fabien Roussel est le candidat, PCF, que je connais le moins (et même pas du tout !). Il a fait plutôt bonne figure. Ce n'est pas un communiste tel qu'on pourrait l'imaginer ou le craindre. Son intervention est agréable, claire, ferme mais sans radicalité. J'ai apprécié de l'entendre dire qu'on n'était pas candidat contre, mais pour. Oui, ce devrait être ça, la politique. Roussel s'est même payé le luxe de donner des leçons de calme à Xavier Bertrand, lui reprochant ses "chamailleries" avec Marine Le Pen. Même si je ne voterai pas pour lui, je souhaite qu'il fasse le meilleur score possible, et qu'il intègre la liste de toute la gauche au second tour. Sauf si le score du FN était trop élevé et celui du PS trop bas, auquel cas il faudrait retirer cette liste pour faire absolument échec à l'extrême droite.

4 commentaires:

Anonyme a dit…

Vos commentaires sur le physique de tel ou tel candidat sont vraiment d'une médiocrité sans nom.
Seul point positif vous commencez à amorcer un virage pour le second tour, ce n'est plus un retrait automatique et sans condition mais selon que le PS est très bas ou moyennement bas. De toute façon les électeurs ne vous suivront pas, comme toujours j'allais dire.

Emmanuel Mousset a dit…

1- Sur le physique, c'est parce que vous avez une sale gueule que mes remarques ne vous plaisent pas ?

2- Sur le retrait, il est automatique et inconditionnel, mais résulte forcément de l'analyse des résultats. Et ne me dites pas que vous êtes moche et con à la fois ...

Anonyme a dit…

concernant l'esthétique
Ne seriez-vous pas l'hôpital se moquant de la charité ?

Emmanuel Mousset a dit…

C'est possible. Mais qu'est-ce que ça change ?