mercredi 30 décembre 2015

Abbé Michel de Hédouville




Si nous pensions que demain nous allions mourir, je suis à peu près sûr que notre vie en serait changée. Nous irions alors à l'essentiel. Mais personne ne croit qu'il va mourir demain. La dernière fois où j'ai rencontré l'abbé de Hédouville, c'était il y a quelques jours seulement, samedi 19 décembre, au vernissage de l'exposition sur l'Art Déco, dans les anciennes Nouvelles Galeries. Comme à son habitude, il était en fond de salle, discret, salué par Bernard Lebrun, qui présentait son ouvrage sur l'histoire de Saint-Quentin, auquel l'abbé avait apporté sa contribution. Michel de Hédouville ne parlait pas beaucoup. Mais il faisait partie de ces gens que j'apprécie, avec lesquels il n'est pas besoin de beaucoup parler pour se comprendre : un regard, un sourire, un air de bienveillance suffisaient. Il n'empêche : si j'avais su que c'était notre dernière rencontre ...

C'est hier soir que l'abbé de Hédouville nous a quittés. Comme le destin d'une existence bascule vite ! C'est aussi à ce moment-là qu'on se rend compte qu'on ne connaît jamais très bien les gens qu'on croit connaître. Michel de Hédouville avait assisté, depuis les débuts, il y a 17 ans, à quelques séances du café philo. Je l'avais sollicité pour être l'un de nos invités lors d'un ciné philo, en 2006, où nous avions passé le film de Pavel Lounguine, "L'Ile". Il avait hésité avant d'accepter. Je me souviens de sa réticence : "je ne suis pas un intellectuel", m'avait-il dit, un peu gêné. J'ai dû lui répondre que moi non plus, qu'il s'agissait simplement d'échanger nos impressions à la fin de la projection. Cette modestie, cette humilité m'avaient frappé. Le débat s'était très bien passé.

En tant que curé de la basilique, Michel de Hédouville était malgré lui un notable, quelqu'un qui compte dans la ville, dont la disparition provoque un article et une photo dans la presse locale. Je le voyais assez souvent dans les manifestations municipales. Pourtant, ce rôle public n'était pas complètement le sien, celui avec lequel il était le plus à l'aise. C'était avant tout un homme de Dieu, un prêtre, un spirituel : là, nous ne pouvons pas en dire plus, nous approchons le mystère. Ce qui est certain, c'est que la mort, dans laquelle il est aujourd'hui entré, avait un autre sens pour lui que pour le commun des mortels, agnostiques ou athées. Dans son ministère sacerdotal, j'avais l'occasion de le voir lors des enterrements, quelques mariages et de rares baptêmes. Il connaissait bien sûr mon engagement laïque, mais c'était sans problème entre nous.

Samedi 02 janvier, à 10h30, sa basilique le recevra pour la dernière fois, mais pour la première fois en homme qui n'est plus de cette Terre, qui a rejoint le Dieu auquel il croyait. Les Saint-Quentinois seront certainement nombreux, fidèles ou mécréants, à lui rendre un ultime hommage. Quitter ce monde quelques jours après avoir célébré la Nativité : si ça n'est pas un signe ...


En vignette : l'abbé Michel de Hédouville, au micro, sur le parvis de la basilique, le 27 octobre 2012, lors de la cérémonie après la rénovation des vitraux, en présence de l'évêque, du maire et du sous-préfet (voir billet à cette date).

3 commentaires:

Martine a dit…

les obsèques auront lieu le 2 janvier !

vincent Savelli a dit…

Merci de ce très beau témoignage!

Anonyme a dit…

Hommage à un HOMME de DIEU , simple mais toujours disponible pour les associations et que beaucoup avaient effectivement salué ce 19 à l'inauguration , il paraissait très heureux d'être au milieu de la population de la ville ... Lui qui connaissait de nombreux points de son histoire ... Il va manquer à bien des Saint - Quentinois ....