mercredi 2 décembre 2015

Gattaz contre-productif



Je pourrais me réjouir de l'engagement de Pierre Gattaz dans la lutte contre le FN. Toutes les contributions sont en effet bonnes à prendre, y compris celle du président du Medef. Pourtant, je ne suis pas satisfait. Car si son intention est louable, son argumentation est mauvaise et ne peut que produire un effet contraire, ce qui est un comble ! Qu'est-ce qui ne va pas ? Trois choses essentiellement :

1- Pierre Gattaz n'attaque que le programme économique du Front national. C'est compréhensible, quand on est le patron des patrons. Mais ce n'est pas admissible, car c'est déjà créditer l'extrême droite d'un projet en ce domaine, où elle n'a en réalité rien à proposer. Certes, Gattaz explique que ce projet est catastrophique ; mais il en parle comme il parlerait du programme économique de n'importe quel parti : il fait donc du FN une formation comme une autre, ce qu'elle n'est pas ; il fait de ses mesures un sujet digne de débat, ce qu'elles ne sont pas. Du coup, Marine Le Pen a eu beau jeu de demander une confrontation publique avec le président du Medef, trop heureuse de cette contestation qui prend la forme d'une légitimation.

2- Le pire est dans le contenu de l'argumentation, qui consiste à assimiler le projet économique du FN au "programme commun de la gauche en 1981". C'est consternant de fausseté et de stupidité. Sans parler de cette vulgarité, en forme d'insulte : "extrême droite, extrême gauche, c'est la même chose. Mélenchon-Le Pen, même combat". Comment un homme public de premier plan, un responsable d'une grande organisation, une personne qu'on peut supposer instruite se rabaisse-t-elle à ce genre de propos ? Faux parce qu'en 1981, il n'y a plus de "programme commun", PS et PCF partant divisés à l'élection présidentielle, s'affrontant l'un l'autre. Stupide parce que quelques propositions du FN qu'on retrouve dans les partis de gauche ne font pas de lui un parti qui aurait un programme économique de gauche, encore moins d'extrême gauche. Si Pierre Gattaz connaissait son histoire, il saurait que c'est la marque de fabrique de tous les fascismes que de récupérer des thèmes de gauche pour les mettre à leur sauce infecte : c'est ce qu'on appelle de la manipulation, de la récupération, de la démagogie.

3- Le FN est social-révolutionnaire aujourd'hui comme il était ultra-libéral autrefois : ce n'est qu'un habillage pour donner un peu plus de lustre et de séduction à sa ligne directrice, invariable celle-ci : la xénophobie. En refusant de viser la nature même, politique, du FN, Pierre Gattaz passe à côté de sa cible. Dans la nécessaire lutte contre ce parti, il faut réactiver, au sein de la gauche, l'antifascisme historique, qu'elle a hélas abandonné, craignant de culpabiliser un électorat qu'elle veut récupérer. Mais la tactique de l'indifférence et du silence est aussi contre-productive que la critique économique de Gattaz. S'il est encore temps, on ne fera reculer l'extrême droite qu'en la combattant frontalement et politiquement.

10 commentaires:

Erwan Blesbois a dit…

Je travaille pour l'Etat, pour l'école, ça me va très bien ; mais je suis sceptique sur la bonté naturelle de l'homme, en cela je n'adhère pas à l'adage de Rousseau un rien éculé, quand il dit que "l'homme est bon par nature". C'est aussi que l'Histoire est passée par là avec toutes ses atrocités, au nom notamment des principes les plus généreux comme le communisme.
Je n'ai pas d'empathie pour les réfugiés, je n'aime pas la charité, même pour les SDF, je suis pas un gars très généreux bénévolement, je m'occupe de jeunes en rupture familiale, je suis payé pour ça, cela me suffit
Et j'ai un défaut un peu démodé et politiquement incorrect, je préfère les Français aux étrangers, ma solidarité elle s'applique plus facilement aux Français quelle que soit leur origine, mais j'estime qu'accueillir trop d'étrangers déforme le visage de la France et rend encore plus pénible la solidarité. Après tu peux en penser que ce n'est pas politiquement correct, mais c'est mon opinion
Un organisme ne peux pas absorber trop de corps étrangers sous peine d'étouffement, en revanche on le voit entre Européens, nous sommes désormais selon moi très semblables, et devrions être encore beaucoup plus solidaires. Mais c'est l'Histoire qui nous a uni ; à terme il faudra un Etat mondial supra national, mais ne mettons pas la charrue avant les bœufs. Le "tout tout de suite", c'est-à-dire l'accueil "ici et maintenant" de tous les damnés de la terre, c'est un fantasme d'enfant
Je suis par exemple pour une Europe ouverte sans frontières, avec beaucoup plus de solidarité entre pays européens, mais avec des frontières pour les divers réfugiés et migrants extra-européens.
Ce sont nos interventions militaires intempestives qui ont rendu beaucoup de pays d'Afrique et du Moyen-Orient misérables, il faut les aider à se développer chez eux et en finir avec les bombardements. On a même le droit de penser que les bombardement sur Daesh sont nuisibles et contre productifs, à chaque fois qu'on coupe une tête, une tête plus terrible pousse encore, fruit du ressentiment, de la frustration, et du désir de vengeance. Quatre millions de morts auraient été causés par nos intervention en pays arabes depuis 1991 et la première guerre d'Irak ; tous ces morts, pensez-vous qu'il n'y aura personne pour les venger ?
Les salafistes sont trop différents de nous de nos mœurs et coutumes pour être correctement assimilés, cela pose un problème, on aurait dû dès le départ les inciter à se développer chez eux ; mais à l'époque l'Europe pensait à sa puissance, et à exploiter ses colonies, ce qui nous a conduit à notre situation actuelle, que nous "méritons" un peu quelque part.
D'autant plus que le salafisme ne fait que se radicaliser face à la violence que nous exerçons dans leurs pays, qu'ils sont en droit de gérer comme ils le veulent. L'ingérence chez les autres par la violence au nom des droits de l'homme, est la pire des hypocrisies.

Anonyme a dit…

sI vous souhaitez encore une victoire de la gauche je pense qu'il serait souhaitable de critiquer la politique menée par ce parti au niveau national au lieu de critiquer la politique des autres partis ! L'échec probable de la gauche aux régionales ne viendra pas de l'incompétence des candidats mais d'un vote sanction du à la politique de normal François premier, quel gâchis !

Autre conseil : en morigénant les électeurs du fn vous n'apportez pas une nôuvelle Pierre a l'édifice, vous ne faites qu'enfoncer le partie Que vous souhaitez défendre. Imaginez vous un élève qui au lieu de travailler passerait son temps à copier sur ses camarades et à les critiquer ? Vu le comportement des représentants fn aux dernières élections je pense que vous ne manquerez néanmoins
pas d'arguments, là encore il vous faudra orienter le débat sur le niveau local en faisant oublier la situation nationale ! convertissez moi !

Emmanuel Mousset a dit…

1- Je ne critique pas la gauche, je la défends.

2- Les citoyens ne sont pas des élèves, mais des électeurs responsables de leur vote. Et celui du FN doit être sévèrement dénoncé, à cause de son extrémisme et de sa xénophobie. Pas question de déculpabiliser qui que ce soit !

3- Je ne cherche pas à vous convertir, n'étant ni prêtre, ni prophète. C'est à vous de réfléchir et de faire les bons choix.

U a dit…

Le MEDEF représente qui ?
Les "gros".
Et les "gros" préfèrent quoi ?
La poigne !
Pas la chienlit.
Il est donc normal de constater une alliance de fait des "gros" avec les fachos.
Déguisée en fait car ils craignent que l'arrivée de ces fachos au pouvoir n'amène les troubles sociaux dans le reste de la population...
Ne passons pas notre temps à écouter ou lire les mots de ce Pierre sur lequel je ne bâtirais certainement pas mon église si j'en avais une à construire.
On a vu sa pantalonnade sur le sujet des emplois et de l'inversion de la fameuse courbe du chômage !

Emmanuel Mousset a dit…

Historiquement, et encore aujourd'hui, ce sont plus les petits patrons, artisans et commerçants qui font le lit du FN que les grands patrons.

Philippe a dit…

Raisonnement analogue avec celui du paragraphe 3

le père de Hollande était un allié politique de JMLP donc Hollande est un frontisre déguisé d'un faux nez socialiste.

Pour notre cher professeur les enfants pensent comme les parents ...........

Erwan Blesbois a dit…

Pour être plus précis, je me demande bien pourquoi je dis que je préfère les Français aux étrangers, puisque mon plus gros problème a toujours été de supporter mes congénères. Disons que j'aime la France, son histoire, ses arts, sa culture, ses tradition, mais modérément les Français. Tout comme Rousseau je suis un peu sauvage, j'aime l'humanité, et peu les hommes, j'avoue ne pas être un philanthrope. Quant aux artisans, commerçants, et petits patrons, il font tourner le pays ; mais ils ont en général humainement insupportables. Quand je suis face à un étranger démuni, "nu" en quelque sorte, je sens de la chaleur, de l'humanité. Quand je suis face à un Français propriétaire, je ne sens que la haine et la colère du modérément nanti, qui ne veut rien lâcher, et qui profite généralement de son petit pouvoir pour humilier les plus faibles. Mais là n'est pas la question ; il s'agit moins de protéger les Français, qu'une certaine idée de la France, de sa culture, de ses traditions, dont font partie d'ailleurs les droits de l'homme. Même si cette dernière idée, derrière les bouffons naïfs que sont les intellectuel, sert souvent de motif à l'ingérence de l'Occident à l'étranger, pour servir des intérêts militaires ou financiers ou les deux à la fois.

Emmanuel Mousset a dit…

Philippe, les enfants ne pensent heureusement pas comme les parents. Mais Marine Le Pen, mauvaise fille à l'égard de son père qu'elle trahit et maltraite, pense néanmoins comme lui, et même pire que lui : il est nationaliste traditionnel et libéral, elle est nationaliste radicale et sociale, à l'instar des fascismes européens. Mais entre la peste et le choléra, il n'y a pas à choisir.

Anonyme a dit…

Mais heureusement que ni Macron, ni Valls ne fréquentent ce personnage. Ah si ? Ah bon.
Laurent

Emmanuel Mousset a dit…

Il est normal que les représentants de l'Etat rencontrent les responsables du Medef.