jeudi 31 décembre 2015
Gewerc rate sa sortie
Je l'ai souvent écrit sur ce blog : en politique, on n'est pas tellement grand dans la victoire que dans la défaite. Réussir son entrée est assez facile, mais rater sa sortie est lamentable. A lire le dernier entretien de Claude Gewerc en tant que président de Région, dans le Courrier picard d'hier, le représentant de la Picardie pendant 11 ans est un petit, pas un grand. Pour six raisons :
1- Claude Gewerc ne se reconnaît aucun tort, il ne prend aucune part dans la défaite mais fait des reproches à Cambadélis, Aubry, au PCF, aux Verts, aux socialistes du Nord et de l'Oise. Lui, en revanche, ne se sont aucune responsabilité dans l'effondrement de la gauche. C'est donc ce qu'on appelle un irresponsable, à tous les sens du terme.
2- Claude Gewerc claque la porte, comme dans les mauvaises comédies de boulevard : "le PS n'a plus voulu de moi, je ne veux plus de lui". Méditez l'énormité de cette déclaration : cet homme, qui est censé se battre pour l'intérêt général, le bien public, ne pense en réalité qu'à sa pomme. "Je n'ai pas pu avoir de place sur la liste, je me barre du parti", voilà, pour le dire autrement, l'état d'esprit. C'est consternant.
3- Le retrait de la liste socialiste au soir du premier tour ? "Je n'ai pas compris la tactique". Il va falloir qu'on lui explique ! En réalité, Gewerc se fout d'une victoire de l'extrême droite. "Faire barrage à quoi ?" fait-il semblant de s'étonner. Le FN, ça ne l'embête pas plus que ça : "S'ils sont malfaisants comme on le dit, il faut les interdire. Pourquoi, brusquement, décider d'en faire le mauvais objet ?" Gewerc en est là : ne pas comprendre pourquoi le Front national est dangereux. Mais il est vrai que comme il ne pense qu'à lui ...
4- "Ca a été une non-campagne. A aucun moment, il n'a été question des enjeux régionaux", déplore Claude Gewerc. Nous n'avons pas suivi les mêmes débats ; ou alors c'est que Gewerc projette sa propre inertie sur les autres. A part Marine Le Pen, qui ignore les dossiers régionaux et se prépare à la prochaine présidentielle, tous les candidats ont parlé des réalités locales et ont fait des propositions.
5- Gewerc revient sur la fusion de la Picardie avec le Nord-Pas-de-Calais, pour de nouveau la critiquer. Mais ce qui est fait est fait ! On ne fait pas de politique en regardant dans le rétroviseur. Que voulait Gewerc ? Rien, que la Picardie reste la Picardie. Son immobilisme aura empêché les Picards de peser dans les négociations, en ayant plus de force dans la fusion, ou bien en envisageant deux autres solutions, le ralliement à l'Ile-de-France (qui avait ma préférence), secondairement à la Champagne-Ardennes. En s'opposant à la réforme territoriale voulue par le gouvernement, Claude Gewerc a perdu toute crédibilité.
6- Gewerc termine sa sortie par une boutade, qui est plutôt un lapsus : ceux qui l'ont selon lui éliminé, "ils ont fait plaisir à ma mère, ma femme, ma fille qui voulaient que j'arrête". Un homme politique est mauvais quand il en revient à sa vie privée, qui n'intéresse personne. Ceci dit, il y a toujours une vérité dans la médiocrité : la famille Gewerc avait raison de demander à Claude de s'arrêter. Elle aurait été même avisée de lui demander de ne jamais commencer, quand on voit la fin déplorable de l'histoire, qui n'est que rancœur, mesquinerie et vengeance.
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7 commentaires:
C'est un point de vue : le vôtre mais c'est alarmant que ce n'est qu'après tant d'années que vous vous apercevez seulement de la petitesse du personnage.
Et encore, n'eût-il pas accordé d'entretien à ce journal que sur ce blog le désormais dernier président de région "Picardie" aurait toujours pu rester présentable.
Voilà matière à rapprochement avec un article précédent où vous accordez mansuétude à François Mitterrand pour sa fidélité envers un vichyste que je ne veux pas nommer vu qu'il ne mérite qu'un seul sort : disparaître à jamais dans les poubelles de notre histoire.
Vous n'êtes donc pas si semblable à François Mitterrand qu'il pourrait sembler.
- Je juge aux actes : là, je constate que la sortie est mauvaise. Mais ça ne condamne pas la politique menée pendant 11 ans à la Région. Quant à la personne, je ne la connais pas, et je suppose qu'elle doit être ni meilleure ni pire que vous et moi.
- Je n'ai aucune mansuétude envers Mitterrand. Contrairement à lui, je ne crois pas en la force de l'amitié en politique.
Et pourtant la politique régionale menée ces 11 dernières années fut mauvaise ! Les impôts régionaux ont fortement augmenté alors que le chômage reste important en Picardie. Quand on sait que c'est la région qui a en charge la formation professionnelle, ce levier n'a pas été actionné de manière efficace !
A chacun son bilan : le mien n'est pas le vôtre. Il y a une façon très simple de juger si un homme politique est bon : sa réélection. C'est le cas pour Claude Gewerc, qui a fait deux mandats à la tête de la région.
On peut être en droit de se poser cette question :
"Le mode de scrutin à deux tours ne pervertit-il pas le suffrage universel ?"
C'est une volonté à un moment donné qui a imposé cela et ça pouvait se comprendre mais ça commence à bien faire...
Je constate qu'au FN et à sa Marine bleu-foncé, on leur laisse le loisir de perdurer et l'autorisation de se présenter indéfiniment, de rafler les bulletins de vote (et les sous qui vont avec) et de pouvoir se prévaloir d'être 1er parti de France sans jamais l'admettre à se rogner les ailes et les arguments face aux difficultés d'exercer le pouvoir légalement obtenu.
Soit ce parti est légal, soit il ne l'est pas, c'est quand même simple , non ?
En attendant, combien ils touchent, élection après élection ?
Leur trésor de "guerre" doit commencer à être conséquent.
Et qu'est ce qui est prévu pour savoir où passe tout cet argent ?
excellente analyse sur Gewerc:maic comment donc le PS ne vous reconnait il pas pour ce que vous êtes :militant , réaliste , intelligent , fin analyste....mais j' ai compris :autant de qualités que le PS n' a pas...!!!!il ne peut donc rien comprendre aux personnes intelligentes!!!
Je ne suis pas sûr que vous arrangiez mon cas en écrivant cela.
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