mardi 1 décembre 2015

Etat de droit, état d'urgence



La France est en guerre. De terribles massacres ont frappé notre pays. L'état d'urgence a été déclaré. C'est bien le moins, et la plupart des forces politiques y souscrivent. La démocratie est heureusement maintenue, et dans quelques jours le suffrage universel s'exprimera, dans le cadre des élections régionales. L'Etat de droit lui aussi est assuré, avec la garantie des libertés fondamentales. Mais l'état d'urgence, forcément, dans un pays en guerre, qui doit assurer la protection de sa population, apporte des exigences nouvelles, certaines restrictions, qui ne touchent en rien, bien sûr, à la nature républicaine de notre régime.

Je rappelle ces évidences, au vu des critiques et protestations visant le travail des forces de l'ordre, police et renseignement : des manifestations sont interdites pour éviter les risques d'attentats et la dispersion des services de sécurité ; des perquisitions à domicile ont lieu, avec la fermeté inhérente à ce genre d'opérations ; des individus sont assignés à résidence, parce que leur passé ou leur engagement pourraient inciter à de nouveaux troubles de l'ordre public ; nos sacs et vêtements sont fouillés dans les lieux fréquentés pour dissuader tout acte terroriste.

Il est remarquable que ces mesures inhabituelles, exceptionnelles, contraignantes s'appliquent en parfait accord avec les principes de la démocratie. C'est pourquoi il m'est insupportable d'entendre des remises en cause des autorités chargées de notre sécurité, à cause d'inconvénients mineurs, de perturbations secondaires et de désagréments malhonnêtement montés en épingle. On a fait le reproche de ne pas avoir sévi avant les attentats ; on fait maintenant le reproche de trop sévir ! Les gens ne savent vraiment pas ce qu'ils veulent, pensent souvent à leurs propres intérêts au détriment de l'intérêt général, qui vaut pourtant bien quelques menus sacrifices.

Regardez ce qui s'est passé dimanche à Paris, place de la République. Des individus surgis de nulle part, vêtus de noir aussi noir que le drapeau de Daech, se sont mis sans raison, sans slogan, sans cause apparente, à monter à l'assaut des CRS, à provoquer les violences, à détruire pour détruire, en un combat qui ne débouche sur rien. Ces types ont commis une profanation, bousculant le mémorial aux victimes des attentats, se servant des bougies comme projectiles.

Des bougies contre des boucliers ! On ne sait pas s'il faut en rire ou en pleurer, les deux je crois, tellement le comportement est à la fois stupide et odieux. Ce sont des barbares de l'intérieur, dont la violence ne va pas jusqu'au crime aveugle, seule différence d'avec les terroristes. En cette période d'atteintes à la nation et à son peuple, il est nécessaire de soutenir les forces de l'ordre, de leur renouveler notre confiance, de faciliter autant que se peut leur tâche et de se montrer fier d'une république, la France, dont le nécessaire état d'urgence ne suspend pas mais au contraire renforce l'Etat de droit.

5 commentaires:

Anonyme a dit…

Il n'est pourtant pas si difficile pour les forces de "l'ordre" d'arrêter quelques uns de ces hommes en noir et d'en nous livrer les identités et les accointances...
Le reste, c'est de la littérature et communication...
Et en attendant, vous auriez pu prendre prudemment le parti d'attendre !

Antoine a dit…

"Regardez ce qui s'est passé dimanche à Paris, place de la République" dites-vous ?
Ou plutôt "regardez les journaux de France 2 et de TF1 qui n'ont aucunement pris le temps de recouper les informations" ?
J'étais place de la république dimanche. ça ne s'est vraiment pas passé comme ça.
Lisez cet article d'Acrimed.
http://www.acrimed.org/Que-s-est-il-passe-place-de-la-Republique-Informations-desinformees-des


Emmanuel Mousset a dit…

Si vous étiez sur place, ce qui m'intéresse, c'est de nous dire ce que vous avez vu.

Antoine a dit…

Déjà, j'y ait vu des policier piétiner complètement les fameuses bougies. C'était totalement irrespectueux.

J'ai vu, en effet, une personne lancer une bougie contre un policier. C'était après le "piétinement", c'était une bougie qui était partie loin, sans doute à cause de coups de pieds des policiers. Elle était à une dizaine de mètres de là où elle devrait être.

J'y ait vu aussi l'équipe de "Là bas si j'y suis" se faire gazer. Notamment un économiste - pour qui j'ai beaucoup d'estime - Frédéric Lordon. Gazer ces personnes respectables, ces intellectuels qui étaient là pour soutenir les manifestants, c'est scandaleux.

J'ai halluciné en voyant le traitement médiatique le soir même. C'est totalement surréaliste. Les médias ont pris la version de la préfecture de police à la lettre. Ce traitement médiatique n'est pas du tout objectif.

Mais ce qui m'emmerde le plus c'est qu'aucun média ne se soit intéressés aux raisons des manifestations. Du coup, personne (ni même sur ce blog) n'a évoqué les raisons des manifestations sur le climat. Non, ce lancer de bougie (que je condamne fermement, mais au même titre que le piétinement et que le gazage des personnes respectables qui n'ont rien demandé) semble être plus important que la planète.

Emmanuel Mousset a dit…

Et les voyous qui cassaient tout, vous les avez vus ?