mercredi 16 décembre 2015

Décomposition, recomposition



Après le choc des régionales, nous sommes en pleine recomposition politique. Estrosi et Bertrand veulent associer la gauche dans leurs régions ; Raffarin prendrait Macron comme ministre et accepterait de travailler avec Valls, qui est d'accord ; NKM conteste la stratégie du ni ni et se fait virer par Sarkozy ; Dray veut changer le nom et le fonctionnement du PS ; Duflot, après avoir quitté le gouvernement, défend maintenant l'union de toute la gauche ; les Verts ressortent divisés de l'élection ; Mélenchon et le PCF ne sont plus du tout sur la même longueur d'onde. Recomposition, oui, mais décomposition d'abord !

De fait, Macron est aujourd'hui plus proche de Juppé que de Mélenchon. Chez moi, j'ai plus d'affinités politiques avec quelques membres centristes de l'équipe municipale de Bertrand qu'avec l'aile gauche mélenchonisante du Parti socialiste. Décomposition, recomposition, mais surtout clarification.

Attention : je ne crois pas à l'union nationale, je suis hostile à des gouvernements de coalition, j'aurais désapprouvé des fusions de listes au second tour des régionales. La France n'est pas l'Allemagne. Notre démocratie exige d'avoir le choix entre une droite et une gauche clairement identifiées, solides dans leurs valeurs et leur projet. Et puis, croire que le chômage va baisser parce qu'on mettra ensemble des gens de droite et des gens de gauche est une illusion. Recomposition, oui, mais pas confusion.

C'est dans chaque camp, à l'intérieur des deux grands partis de gouvernement, que la recomposition doit s'opérer. Je ne parlerais que pour mon bord : le PS doit à la fois élargir son périmètre pour ne pas réunir que les seuls socialistes et retrancher la gauche de la gauche, à l'extérieur comme à l'intérieur, puisqu'elle lui est hostile et ne partage plus sa ligne social-démocrate. Le PS doit aller des sociaux-démocrates au centre droit, en passant par les écologistes et quelques autres progressistes.

Trois erreurs politiques et tactiques ont été commises, qui ont freiné une recomposition amorcée depuis quelques années : le discours électoral du Bourget, qui n'était qu'électoral mais qui a introduit une ambiguïté idéologique ; ne pas avoir fait entrer François Bayrou au gouvernement en 2012 ; ne pas avoir laissé de circonscriptions au MoDem durant les dernières législatives. Tous ceux qui ont appelé à voter Hollande avaient vocation à être associés à son quinquennat. Le Front de gauche n'a pas voulu, le MoDem n'a pas été sollicité, les écologistes sont partis en cours de mandat : et maintenant le PS se retrouve quasiment seul !

Je vois cependant trois facteurs qui vont accélérer la recomposition, qui vont faire bouger les lignes dans chaque camp : d'abord, la menace de l'extrême droite, qui demeure puissante et qui encourage les républicains et les modérés à se rapprocher ; la probable candidature présidentielle de Sarkozy, clivante et crispante à droite ; la réaffirmation à gauche de la ligne social-démocrate Hollande-Valls-Macron, qui va désespérer les frondeurs et éloigner la gauche de la gauche (de ce point de vue, Duflot a tout faux). C'est en 2017 que la grande explication se fera, suivie, trois ans plus tard, des élections municipales, qui seront sans doute l'étape (finale) de la recomposition.

4 commentaires:

Anonyme a dit…

Un article dans le droit fil de l'art de tirer des plans sur la comète ou de prendre ses illusions pour la réalité. La présidentielle qui doit advenir est quasiment déjà jouée et le seul qui peut faire perdre le sortant, c'est son ministre résident du Touquet, au cas où lui viendrait l'envie de se présenter.

Emmanuel Mousset a dit…

Vous êtes madame Soleil ?

Anonyme a dit…

On vous voit bien en Pythie mais Saint-Quentin est bien loin de Delphes!!!

Emmanuel Mousset a dit…

La Pythie ou la pitié ?