mercredi 23 décembre 2015

Où sont les guerriers ?



Après sa lourde défaite au premier tour des élections régionales et son retrait au second tour, l'opposition socialiste à Xavier Bertrand doit se reconstruire. Comme toujours en politique, il faut d'abord se donner un chef. Nous en avons deux ! Pierre de Saintignon, en sa qualité de tête de liste, veut être ce "chef de l'opposition", avec l'intention de constituer un shadow cabinet, à défaut d'avoir un groupe d'élus dans le nouveau Conseil régional. Frédéric Cuvillier, député-maire de Dunkerque et ancien ministre, qui souhaitait mener la liste, a été le premier à prendre des contacts et se présenter comme possible futur "chef de l'opposition".

Le point positif, c'est que très vite, après cette lourde défaite, les socialistes réagissent, au niveau régional. Ils se situent d'emblée dans l'opposition, ce qui est positif aussi. Pas d'ambiguïté, à la suite de l'appel à voter Bertrand contre Le Pen : la démocratie doit maintenant reprendre ses droits, le débat gauche-droite à nouveau s'imposer. Bien sûr, autant qu'il est possible, il faut travailler ensemble, dans le sens de l'intérêt général. Mais cette nécessité n'efface pas les clivages partisans. Face à la majorité régionale, il faut une opposition sérieuse et responsable.

Entre Saintignon et Cuvillier, qui choisir ? L'avenir le dira, assez rapidement. Comme toujours en politique, les personnalités sont secondaires : ce sont les dynamiques, déclenchées ou pas, qui seront déterminantes. C'est le collectif qui tranchera. Ce qui n'empêche pas les préférences : pour ma part, elles vont à Frédéric Cuvillier. Pierre de Saintignon a fait le job, il s'est révélé durant la campagne et personne d'autre n'aurait pu faire beaucoup mieux. Aujourd'hui, la page est tournée. Saintignon est un bon, mais sa limite, c'est qu'il a toujours été un n°2. C'est honorable, sans faire cependant de vous un n°1 : entre les deux niveaux, il y a une différence de nature, pas de degré. Cuvillier, je le sens beaucoup plus leader, et dans sa vie politique, sa ville, sa circonscription, il a l'expérience d'un n°1.

Et puis, Cuvillier, ancien membre du gouvernement, est plus dans la ligne Hollande-Valls que Saintignon, qui s'est permis pendant la campagne quelques petits écarts, de prudentes réserves qui ont déplaisamment sonné à mes oreilles. Sur le site Aisne Info, Arnaud Battefort, ancien premier secrétaire fédéral du PS dans l'Aisne, a déclaré, à l'issue du premier tour des régionales : "cette liste n'était pas bonne. Il aurait fallu que nous soyons en capacité de présenter des candidats qui auraient créé un mouvement, face au monstre politique qu'est devenue Marine Le Pen". Lui-même n'a pas pu intégrer cette liste. Mais il est difficile de juger (ou trop facile a posteriori). Peut-être d'ailleurs Arnaud parle t-il de la liste départementale qui, de fait, n'était pas constituée de guerriers. Mais où sont les guerriers dont la gauche a besoin ?

6 commentaires:

Anonyme a dit…

En général les guerriers commencent leur itinéraire de guerriers très jeunes.
Il faut l'inconscience de la jeunesse pour être guerrier, après on vit sur un passé guerrier réel ou fabriqué.
La jeunesse guerrière a viré à l'extrême droite, à la gauche extrême il reste quelques pousses chez les antifas.
Bref rien chez le PS rose pâle !

Emmanuel Mousset a dit…

Un parti de gouvernement est un parti de conquête de pouvoir, qui exige forcément des guerriers. Les extrêmes n'ont pas ce souci : chez eux, le genre guerrier est une simple posture.

Anonyme a dit…

Il me semble que le fief de Frédéric Cuvillier est Boulogne sur Mer et non Dunkerque !

Emmanuel Mousset a dit…

Vous avez raison.

Anonyme a dit…

Êtes-vous certains que nous avons nécessité de recruter des "guerriers" ?
Pourquoi pas alors des "mercenaires" puisque vous soutenez (j'ai cru le comprendre) l'armée de métier plutôt que l'armée de "sans culotte" ?

Emmanuel Mousset a dit…

Non, armée professionnelle et bande de mercenaires, ça n'a rien à voir.