dimanche 13 décembre 2015
La République a gagné
Ce soir, dans le Nord-Pas-de-Calais-Picardie, ce n'est pas seulement un homme, une liste et un parti qui ont gagné : c'est d'abord la République. L'enjeu était gigantesque : un territoire de 6 millions d'habitants, doté de nouvelles compétences, risquait d'être géré pendant six ans par l'extrême droite, transformant ainsi la région en tremplin efficace pour la candidate Front national à la prochaine élection présidentielle. Les républicains authentiques et responsables ne pouvaient qu'empêcher ce danger, ce désastre, en votant pour le seul candidat républicain de second tour, Xavier Bertrand. Sa victoire n'aura été possible que parce qu'il y aura eu cet élan républicain, puisqu'au soir du premier tour, l'ensemble des voix de droite était très loin derrière l'extrême droite. Sans la gauche, Xavier Bertrand n'aurait jamais pu l'emporter. Mais à travers lui, c'est la République qui a heureusement gagné.
Après avoir exprimé ce ouf de soulagement, il faut bien sûr féliciter le vainqueur, comme l'exige à chaque scrutin la courtoisie républicaine. Il faut aussi, et pour moi surtout, remercier tous ces électeurs de gauche, privés de leur candidat naturel, qui ont dû reporter leurs suffrages sur un adversaire politique, au nom de l'intérêt général et de la sauvegarde de la République. Si la décision était évidente pour moi, je sais, pour en avoir discuté, qu'elle n'était pas facile pour bien des citoyens de gauche, d'autant que ce n'est pas le premier scrutin qui les oblige à voter non pas selon leur cœur, mais selon leur raison, non pas en adhérant, mais en rejetant. Il faut les remercier de n'avoir pas cédé à la politique du pire, qui est toujours la pire des politiques : voter blanc ou s'abstenir, ce qui aurait avantagé et fait triompher le Front national.
Et maintenant ? Eh bien, il faut que plus jamais une telle situation, un tel dilemme ne se reproduisent. Même en échec, le score de l'extrême droite demeure énorme et inquiétant. Il faut que la gauche abattue dès le premier tour et disparue au second se relève, se redresse, se remette à exister. Il faut qu'elle reconquière, dans ce grand nord qui est sa patrie d'origine, les territoires perdus de la classe ouvrière, tous ces quartiers populaires qui ont basculé du côté du FN. Pour cela, il faut que la gauche, ma gauche, ait conscience de ses responsabilités dans la défaite, change ses méthodes et ses têtes et, par dessus tout, s'active sur le terrain, retrouve de l'énergie, se rassemble, recrée un enthousiasme. Nous en reparlerons. Ce soir, soyons tout à notre joie de cette victoire de la République : la route de Lille et de l'Elysée a été coupée à Marine Le Pen. Goûtons cet ancien slogan de gauche, ringard et apparemment ridicule, mais tellement vrai dans son sens profond : "le fascisme ne passera pas !" Ce soir, dans le grand Nord, il n'est pas passé, ni là ni ailleurs.
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2 commentaires:
L'enthousiasme viendra de la politique et si elle ne change pas ( celle du gouvernement), c'est une génération qui ne verra plus la gauche au pouvoir.
Vive Solférino,pas la victoire, ceux de cette rue qui sont comme les trois petits singes asiatiques !
Et pourquoi pas les trois petits sages ?
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