samedi 12 décembre 2015

La politique se fait au Bourget



La campagne pour les élections régionales est terminée. Qu'en aurons-nous retenu, à la veille du second tour ? Que l'extrême droite a fortement progressé, qu'au premier tour un électeur sur deux ne s'est pas déplacé, que la dernière semaine a vu s'affronter les défenseurs d'une Nation qu'ils voient en déclin et les défenseurs d'une République qu'ils voient menacée. Pour un scrutin local, les thèmes ont été très idéologiques, entre la crainte d'une disparition de la France pour les uns et les menaces d'une guerre civile pour les autres.

Ce que je note aussi, ce qui fait la difficulté de cette élection, c'est que nous désignons les représentants de nouveaux pouvoirs, tout juste conçus, les grands régions, dont les attributions ne sont pas encore complètement arrêtées, dont les capacités sont certainement amenées à être élargies. Il faut essuyer les plâtres, les citoyens ne sont pas habitués à ces récentes collectivités, l'ancienne formule, depuis une bonne trentaine d'années, semblant éloignée de leurs préoccupations. Pourtant, demain, malgré toutes ces imperfections et ces incertitudes, nous irons voter, parce que lorsque la parole nous est donnée, il faut la prendre.

En même temps que cette campagne électorale, une autre image de la politique nous aura été présentée. Au Bourget, cet après-midi, un accord historique a été trouvé sur l'avenir de la planète. Cet événement nous rappelle les fondements de la politique, que les élections régionales nous ont peut-être fait oublier :

- La politique, c'est l'urgence. Il y a des problèmes immédiats, essentiels et vitaux à traiter, en l'occurrence les changements climatiques provoqués par l'irresponsabilité des hommes, remettant en cause la pérennité de l'humanité. On a trop souvent, ces dernières décennies, réduit la politique à des sujets secondaires, polémiques ou techniques, alors que ses préoccupations premières sont de l'ordre de la survie (autrefois, comment protéger la population de la famine, par exemple).

- La politique, c'est l'intérêt général. Au Bourget, c'est même de l'intérêt mondial dont il a été question. Le réchauffement climatique ne peut pas être combattu dans chaque pays, isolément. Le monde entier s'est donc réuni près de Paris pour en discuter. Depuis une bonne vingtaine d'années, nous avons laissé croire que la politique satisfaisait les intérêts individuels, personnels, mission évidemment impossible. On ne s'intéresse pas à la politique pour changer sa propre existence, on ne va pas voter pour soi, mais pour l'intérêt du pays, pour la réforme de la société, qui sont envisagés différemment selon les partis. Notre vie à nous ne regarde que nous, pas l'Etat, pas le gouvernement. C'est toujours comme ça que j'ai compris la politique ; c'est pourquoi elle ne m'a jamais déçu.

- La politique, c'est le compromis. Chacun défend son point de vue, mais il faut négocier, transiger. Aucun accord n'est parfait, pas plus celui du Bourget qu'aucun autre, mais ce n'est pas grave : la politique ne recherche pas la perfection, parce qu'elle est impossible. Par exemple, l'accord contre le réchauffement climatique n'est pas aussi contraignant qu'on pouvait l'espérer. Mais il fallait bien respecter la souveraineté des Etats et faire des concessions pour obtenir un compromis. La politique est donc un art très difficile, et ceux qui prétendent qu'il suffit d'avoir de la volonté pour y arriver ont tort. Au contraire, il faut avoir la sagesse de renoncer à ce qu'on veut, afin de pouvoir avancer.

Ceci dit, la politique reste une activité en partie mystérieuse. La tenue de la COP 21 donne mille fois raison à une seule famille politique, les écologistes, dont les thèmes sont repris par le monde entier ... mais les Verts réalisent l'un de leurs plus mauvais scores à des élections régionales. Allez y comprendre quelque chose ...

23 commentaires:

Anonyme a dit…

"Allez y comprendre quelque chose..."
Il n'y a qu'une chose à comprendre : jamais l'écologie n'aurait dû se lancer à devenir un parti comme les autres.
Les écologistes souvent traités d'écolos par ceux qui les dénigrent, ont mille fois raison depuis qu'il en existe, c'est à dire depuis toujours.
Les racines des écologistes trempent absolument dans la paysannerie.
La paysannerie n'a jamais été ni de droite ni de gauche, la paysannerie, c'est d'abord l'économie de subsistance, un équilibre naturel.
On ne pouvait pas faire l'impasse sur les progrès (dont tout un chacun, même les paysans les plus rétrogrades profitent) mais maintenant que la survie même de certaines nations est en jeu, il faut se résoudre à rétro-pédaler.
On a besoin d'énergie, oui, mais d'énergies renouvelables !
Ce n'est pas 1,5° qu'il faut viser, c'est moins de 1°...
Et là, on en est encore bien loin !

yvesgerin a dit…

Méduse consterné
Plus des deux tiers du fond philosophie sc humaines de la bibliothèque de saint Quentin ont été jetés.dont de nombreux ouvrages importants.L incompétence atteint un sommet.un désastre culturel largement comparable,ou pire aux projets dénoncés du Fn

Emmanuel Mousset a dit…

Il y a un réaménagement de la bibliothèque. Les ouvrages sont peut-être dans les réserves ?

yvesgerin a dit…

Non détruits plus de place mais les rayons sont à moitie vides

Erwan Blesbois a dit…

L'avenir aux élections présidentielles sera un bipartisme LR/FN, puisque le PS préfère faire élire LR plutôt que de se battre. Ce sommet sur le climat sera le chant du cygne du PS, qui désormais va s'éteindre doucement, je ne vois pas comment le PS pourrait atteindre le second tour des présidentielles, sauf miracle. On aura une assemblée législative certainement très dominée par LR, et le PS se désistera de seconds tours pour faire barrage au FN, alors que la réciproque ne sera pas vrai.

Emmanuel Mousset a dit…

Erwan, tu es très bon en science-fiction. En politique, c'est autre chose ...

Erwan Blesbois a dit…

J'ai deux cerveaux qui se battent en moi, l'un véritablement pour une démocratie directe, donc pratiquement irréalisable, sans homme politiques professionnels et corrompus, l'autre pour la montée d'une droite patriotique et charnelle contre le changement brutal de la France traditionnelle et qui s'incarnerait à travers un homme providentiel de type De Gaulle. On me répond " Le seul vrai espoir ne peut venir que d'un système égalitaire et donc philosophiquement de gauche, exorcise tes démons, il n'ont toujours apporté que ruine et désolation."
De Gaulle n'a pas apporté ruine et désolation bien au contraire, Hitler oui, reste à savoir le chemin que prendra le FN, celui de l'un ou celui de l'autre ; le PS voudrait nous faire croire qu'il prendra le chemin de l'autre, mais il faut avoir confiance en la France, plutôt que de la craindre, comme tu ne cesses de le faire Emmanuel, crainte de la France et de ses valeurs (fascistes forcément fascistes), exaltation de la religion quand elle se réclame de l'Islam, exaltation des métèques et de la figure de Matzneff, notamment.

Erwan Blesbois a dit…

La politique représente des rapports de force, on ne peut aller contre ces rapports de force, c'est un fait que beaucoup d'intellectuels vont dans le sens d'une certaine forme de réaction, que ce discours finit par agir sur les consciences. Il faut voir le rapport de force actuel et à venir entre FN et LR, la future quasi disparition du PS qui préfère faire le jeu du LR plutôt que de permettre l'élection d'un seul élu FN.

Emmanuel Mousset a dit…

Erwan, tes deux cerveaux troublent tout. Je n'exalte rien, je ne suis pas un exalté. J'aime la France, mais je ne suis pas anti-européen. Je suis patriote, mais pas nationaliste. Je suis laïque, mais ouvert à toutes les religions. Quand tu n'auras qu'un seul cerveau, comme moi, tu y arriveras aussi.

Quant à la disparition du PS, tous ceux qui l'ont annoncée ont disparu avant lui. Ce que je ne te souhaite pas, bien sûr.

yvesgerin a dit…

En tout cas le Ps a St quentin est bién malade.Avec des leaders locaux aux limites de la politesse .Quand au Ps départemental,mène a sa perte par le tandem thierachiens job disparu ét yd battu

Emmanuel Mousset a dit…

La France est malade et la politique n'a pas grand chose à voir avec la politesse. Mais la vie continue et l'espoir est toujours là.

Erwan Blesbois a dit…

C'est trop facile de dire "La France est malade" de but en blanc, est-elle malade parce que les Français ne votent pas comme tu souhaiterais qu'ils votent, ou les causes et les effets sont-ils plus profonds ? Il faudrait ne pas se contenter comme tu le fais sur ce blog, de tenir un discours béni oui-oui sur le comportement et les actions de Valls, Macron et consorts, mais tenir un discours constructif sur les causes et les effets de cette maladie, comme le font de façon pertinente ces penseurs que l'on range du côté de la réaction et sévèrement critiqués par le censeur Laurent Joffrin ; Zemmour, Finkielkraut, Debray, Onfray et d'autres... On attend d'un prof de philo qu'ils soit à la fois plus critique, même vis-à-vis de ses affinités électorales et plus pertinent. A quand la grande critique d'Emmanuel K... Mousset?

Emmanuel Mousset a dit…

Désolé Erwan, la fidélité a pour moi un sens, pas pour toi. Tu la dénigres, en la faisant passer pour du conformisme. Libre à toi d'être infidèle et protestataire. En ce sens-là, tu es le fidèle reflet de notre époque. Es-tu au moins allé voter, ami ?

yvesgerin a dit…

La politesse est essentielle.politiques y compris,l impolitesse est mépris de l'autre

yvesgerin a dit…

Tsecondaire par rapport à la destruction de la bibliothèque.

Erwan Blesbois a dit…

Moi je n'ai aucune fidélité à avoir pour l'époque mitterrandienne, ni gratitude, ni reconnaissance ; cette époque m'a apporté des relations avec mon entourage, déséquilibrées, la drogue... Le tournant libéral de 1983, la grande trahison de la gauche, je l'ai vu dans le comportement de mon entourage proche, et tout d'un coup leur cupidité sans complexe, leur absence de scrupules fidèle reflet de cette époque ; aujourd'hui je prends une revanche sur cette époque de merde. Oui j'ai voté. Ceci dit c'est peut-être une victoire à la Pyrrhus, j'en ai conscience.

Emmanuel Mousset a dit…

- Ah, le coup du mépris ... Vous aussi, Yves.

- Erwan, ne fais pas payer des turpitudes de jeunesse aux autres, en particulier par ton vote.

Erwan Blesbois a dit…

Il ne s'agit pas seulement de turpitudes de jeunesse, c'est plus profond que ça. C'était une décision politique, qui par vases communicants allait jusque dans l'enseignement, la décision politique de mépriser la jeunesse blanche, chrétienne et petite bourgeoise ; il n'y avait qu'un seul moyen d'échapper à ce mépris, tomber dans la surenchère anti-raciste, contre soi-même, contre la solidarité nationale et patriotique : le "sida mental" ! Ou alors être un vrai bourgeois des écoles privées, protégé de ce mépris, et qui aujourd'hui et surtout demain vont prendre leur revanche. Je les trouve mieux élevés et moins méprisants que les "élites" sos racismantes, miterrandiennes ; donc quelque par je souhaite un peu leur victoire.

Erwan Blesbois a dit…

Pour moi il y aura deux gagnants à long terme FN et LR, un grand perdant : le PS, qui ne savait pas que c'était sa dernière chance de convaincre en étant aux commandes, et qui déçoit et va continuer à décevoir jusqu'en 2017, le fait d'être aux commandes est une malédiction pour le PS, ils ne savent pas gouverner.

Erwan Blesbois a dit…

D'après un site belge :
"Pour récapituler, la Droite aurait 5 régions: Pays de Loire, Auvergne, Est, Nord et Paca.
La gauche en aurait 3 : Bretagne, Aquitaine, Languedoc
Le FN n'en aurait aucune.
L'incertitude demeure entre gauche et droite pour les régions Île de France, Normandie, Bourgogne et Centre -Val de Loire."

Emmanuel Mousset a dit…

Erwan le belge !

Anonyme a dit…

Que François Hollande soit réélu (ça n'est pas de la politique fiction, c'est de l'analyse) à son poste ne signifiera pas victoire du PS. Il n'est pas plus socialiste s'il le fût même seulement un jour que Juppé ou Bayrou !
Seule une candidature Macron est susceptible d'empêcher la réélection.
Mais ça n'est pas grave, docteur : la Terre continuera de tourner comme Erwan de penser double et Emmanuel de mousser.

Emmanuel Mousset a dit…

C'est rigolo ! Je n'y aurais pas pensé ...