mercredi 23 septembre 2015

Ras-le-bol d'Aubry !



Martine Aubry est une femme autoritaire, cassante, imbue de sa supériorité et méprisante envers nombre de ses camarades. Mais c'est sans importance : la politique n'est pas un concours de moralité, ni un classement des psychologies personnelles, mais une activité publique où seuls comptent les résultats collectifs obtenus. Le tempérament de Martine Aubry ne me gêne pas : comme le mien, il est ce qu'il est, et ce n'est pas sur lui qu'on juge une politique.

En revanche, lorsque la maire de Lille, ce matin dans sa conférence de rentrée, s'en prend brutalement à un membre du gouvernement, ce n'est pas une bonne action, c'est un mauvais exemple en direction de l'opinion. Qu'elle hurle avec les loups qui s'en prennent à Emmanuel Macron n'est pas digne de la stature qu'elle a acquise : c'est un comportement irresponsable, une faute politique. Son "Ras-le-bol de Macron !" la juge sévèrement.

Que reproche-t-elle au ministre de l'Economie ? D'abord son "arrogance". La perpétuelle donneuse de leçons ne manque pas d'air : c'est plutôt elle-même qu'elle devrait qualifier ainsi ! Macron a donné un avis assez soft, très banal, sur la nécessaire adaptation des statuts de la Fonction publique. Je conçois qu'on ne soit pas d'accord avec lui sur ce point. Mais où est "l'arrogance" ? Macron a sans doute des défauts, mais pas celui-là.

Ensuite, dans son bref réquisitoire, Martine Aubry déplore "l'ignorance" du ministre, qui ne connaitrait pas la vraie vie, rappelant qu'il a été banquier d'affaires, comme si c'était disqualifiant. Mais elle, Aubry, qui a été à la tête d'un grand groupe industriel, en quoi est-elle plus qualifiée à connaître la vraie vie des gens ? Arrêtons donc ce misérable petit jeu, démago et populiste.

Enfin, Martine Aubry assène comme une géniale trouvaille cette plate évidence : "on n'a jamais eu autant besoin des fonctionnaires". Emmanuel Macron a-t-il dit le contraire ? Non. Alors, inutile de mentir en laissant croire qu'on énonce une vérité profonde

La maire de Lille joue les grandes gueules, un rôle de composition à la portée de n'importe quel médiocre. Elle aurait mieux fait de se taire, elle qui n'a pas eu le courage d'entrer et de travailler au gouvernement, tournant ainsi le dos au rassemblement de tous les socialistes ; elle qui n'a pas eu le courage de se porter tête de liste aux élections régionales, laissant son second, Saintignon, aller au casse-pipe, au risque de voir l'extrême droite l'emporter ; elle qui a fait cocus les frondeurs et l'aile gauche du parti, en se ralliant au dernier moment à la majorité lors du récent congrès du PS. Moi aussi, à mon tour, je pourrais m'exclamer facilement : Ras-le-bol d'Aubry !

Mais je préfère laisser le dernier mot au président du groupe socialiste à l'Assemblée, Bruno Le Roux, ce matin sur iTélé : "un vrai socialiste est quelqu'un qui défend Emmanuel Macron". Voilà un critère pertinent qui permet de classer Martine Aubry.

6 commentaires:

Anonyme a dit…

Je crois que l'on peut résumer votre article en disant que vous vous êtes mis "à la portée de n'importe quel médiocre".

Emmanuel Mousset a dit…

C'est parce que j'ai pensé à vous en écrivant.

U a dit…

Le 1er juillet vous disiez dans votre billet :
"Martine Aubry est meilleure"...
Aujourd'hui, elle est "moins" meilleure...
Demain ou un peu plus tard, elle sera devenue mauvaise.
Comme disait le brave Jean, "les jugements de cour vous rendront noirs ou blancs".

Emmanuel Mousset a dit…

Merci d'abord pour votre lecture attentive et fidèle. Vous avez raison de souligner, en reprenant mes propos, que tout est relatif en politique. Aubry a des atouts, qu'elle n'utilise pas toujours très bien. Sur le fond, je crois que c'est une femme de gouvernement, "meilleure" quand elle est au pouvoir. Mais ce n'est pas une femme d'appareil : là, elle se révèle "mauvaise", comme hier matin. C'est tout l'inverse de Cambadélis, que j'imagine mal ministre, mais qui est bon manoeuvrier à la tête du parti. Ce qui pose une question plus générale, une des plus difficile que pose la politique : quelle est la bonne place où chacun peut être le plus efficace et donner le meilleur de lui-même ?

Anonyme a dit…

Ceux qui font un travail sur eux, un travail de connaissance sur leur personne sont capables de se représenter la fonction pouvant leur convenir.
Malheureusement les personnes faisant de la politique un métier ne font pas ce travail intime.
Bref en langage très populaire ils se la pètent quasi tous.

Emmanuel Mousset a dit…

En politique, je ne crois ni en la psychologie, ni en l'introspection, ni en la méditation transcendantale.

"Se la péter", c'est le minimum qu'on puisse attendre d'un homme politique, par définition ambitieux et aimant à se montrer aux regards des autres. Si vous préférez l'humilité, la discrétion et la contrition personnelle, il faut aller voir du côté des monastères, pas des partis politiques.