mercredi 2 septembre 2015

L'été meurtrier



La politique est liée à la tragédie, quand il est question du malheur des hommes. C'est ce qui se passe sous nos yeux, du nord au sud de l'Europe, jusqu'au fin fond de nos départements : c'est le sort des migrants, qui frappent et meurent à nos portes. L'événement politique de l'été aura été celui-là, dont nous portons le deuil, sans sembler lui donner de solution.

La fausse solution, nous la connaissons : déni de la mondialisation, repli derrière les frontières, égoïsme national, identité artificielle. C'est le chant de mort et d'illusion des souverainistes et de l'extrême droite. Jamais l'humanité n'a vécu barricadée dans des forteresses, sinon pour y périr. Depuis la préhistoire, la civilisation s'est développée à travers d'immenses migrations tout au long de la planète. C'est le mouvement de la vie : on peut l'organiser, on ne peut pas l'arrêter.

La première puissance actuelle au monde, les Etats-Unis d'Amérique, sont nés et se nourrissent de la migration de nombreuses populations. Quand on reste entre soi, on disparaît : c'est la grande leçon, à tous les niveaux de l'existence. Aujourd'hui, la riche Europe est le refuge de ceux qui fuient la misère, la démocratique Europe est le refuge de ceux qui fuient la dictature. C'est un fait, et c'est à nos gouvernements de trouver des solutions.

Ma tradition politique, le socialisme réformiste, a les moyens intellectuels de répondre à ce défi. D'abord parce que c'est un courant qui a toujours été internationaliste, qui peut donc penser les difficultés présentes à l'échelle du monde, sans qu'aucun complexe nationaliste ne l'entrave. Ensuite parce qu'il a constamment défendu le fédéralisme européen, qui est l'échelon et la structure pertinents de résolution du problème migratoire.

Les principes sont nécessaires, mais ne suffisent pas : il faut avancer des mesures concrètes et immédiates. J'avais salué Jean-Pierre Raffarin, il y a deux mois, lorsqu'il avait suggéré que les communes rurales prennent en charge les migrants. C'est ce qui se passe en Italie, et qui marche très bien. C'est ce qu'on essaie de faire en France, encore trop timidement. A l'échelle locale l'accueil des migrants, au niveau européen la répartition selon des quotas par pays. Si l'on ne va pas vers ça, il n'y aura plus d'Europe, plus de démocratie et plus de socialisme réformiste. Que l'été meurtrier laisse place à un automne plus doux, plus porteur d'espoir.

Aucun commentaire: