mardi 22 septembre 2015

Appel au peuple de gauche



De sa lointaine formation lambertiste, dont il garde quelques beaux restes, Jean-Christophe Cambadélis a hérité un savoir-faire tactique hors pair, dont il fait encore usage à la tête du Parti socialiste. Dans ce domaine-là, je lui fais une entière confiance : il a de l'expérience et quelques résultats à son actif. Entre camarades court une blague instructive à son sujet : Camba, c'est le gars qui vous réunit autour d'une table pour vous mettre d'accord, qui ferme la salle et garde la clé dans sa poche.

L'idée d'organiser un référendum pour ou contre le rassemblement de la gauche aux régionales, c'est du Camba pur jus, très malin. Il a complètement raison : au train où c'est parti, l'échec est assuré, au premier chef dans notre région nordiste. La désunion ne pardonne pas en politique. Là, ce n'est même plus la désunion, mais l'éclatement. Cambadélis veut mettre chacun devant ses responsabilités : c'est bien joué. Parce que quand Le Pen sera devenue présidente de région, il sera trop tard. Mais il n'est pas trop tard. Ce référendum proposé par le premier secrétaire du PS, c'est ce "nécessaire sursaut" que je réclamais dans mon billet du 16 septembre. Vous voyez une autre solution ?

Ce ne sera pas la reprise des primaires citoyennes, évidemment, mais il y aura quand même un peu de ça. Les partis de gauche crèvent de ces cercles militants qui ne représentent plus personne mais décident pourtant des choix politiques. Quand vous pensez que la stratégie autonome des écologistes a été adoptée par 274 personnes, sur les 6 millions d'habitants de la nouvelle grande région (voir mon billet du 12 septembre). Ce n'est plus de la démocratie, c'est un suffrage très sélectif, comme autrefois avec le scrutin censitaire ! Je n'accable pas nos amis Verts : bien des sections socialistes sont moribondes. Il nous faut désormais, de plus en plus, comme dans le système des primaires, passer par dessus les adhérents pour s'adresser directement au peuple de gauche et mettre entre ses mains le choix des grandes orientations.

Est-ce que l'initiative de Cambadélis va inverser le cours dramatique des choses ? Je n'en sais rien, ce n'est pas certain. En politique, il est difficile de contrarier une trajectoire : nous sommes à moins de trois mois du scrutin des régionales. Mais si le peuple de gauche saisissait l'occasion de ce référendum pour se mobiliser et envoyer un message à des appareils largement coupés de la population, alors oui, quelque chose pourrait peut-être changer. De toute façon, il n'y a pas d'autre voie.

1 commentaire:

Anonyme a dit…

"Les partis de gauche crèvent de ces cercles militants qui ne représentent plus personne mais décident pourtant des choix politiques." dites-vous ?
Bien sûr, vous parliez des socialistes pur jus ? D'ici mais aussi d'ailleurs, pas seulement du Nord-Pas-de-Calais-Picardie...
Mais et ce n'est pas pour essayer de vous rassurer, c'est valable pour tous les autres qui se croient "partis" et qui ne sont rien ou si peu de chose parce que le peuple n'est pas politisé c'est à dire plus explicitement plus éduqué !
De France et de toutes ses régions...
CQFD.